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Un ralentissement de court terme

Un ralentissement de court terme
  • Publiéavril 6, 2023

La Banque mondiale prévient d’un ralentissement de croissance pour l’Afrique subsaharienne en 2023, et s’inquiète du niveau d’endettement de certains pays. En revanche, le continent peut mieux valoriser ses ressources naturelles, profitant de la transition énergétique.

 

La croissance en Afrique subsaharienne reste faible, prévient un rapport de la Banque mondiale. Elle est tirée vers le bas par l’incertitude de l’économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l’investissement. 

Pour l’institution de Washington, face à l’assombrissement des perspectives de croissance et à l’augmentation des niveaux d’endettement, les gouvernements africains doivent se concentrer davantage sur la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes intérieures, la réduction de la dette et les investissements productifs afin de réduire l’extrême pauvreté et de stimuler la prospérité partagée à moyen et à long terme.

À l’heure de la transition énergétique et de l’augmentation de la demande de métaux et de minéraux, les gouvernements riches en ressources ont la possibilité de mieux tirer parti des ressources naturelles pour financer leurs programmes publics.

La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ralentir, passant de 3,6 % en 2022 à 3,1 % en 2023, selon la dernière édition de « Africa’s Pulse », la mise à jour économique d’avril 2023 de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne.

L’activité économique en Afrique du Sud ne dépasserait pas un maigre 0,5 %, en raison de l’aggravation de la crise énergétique, tandis que la reprise de la croissance au Nigeria pour 2023 (2,8 %) demeure « fragile ». En effet, la production de pétrole reste modérée. La hausse du PIB réel de l’ensemble Afrique de l’Ouest et du centre devrait baisser à 3,4 % en 2023, contre 3,7 % en 2022, tandis que celle de la partie Afrique de l’Est et australe reculerait à 3,0 % en 2023, contre 3,5 % en 2022.

 « La faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté », commente Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Les décideurs politiques doivent redoubler d’efforts pour freiner l’inflation, stimuler la mobilisation des ressources intérieures et adopter des réformes favorables à la croissance, tout en continuant à aider les ménages les plus pauvres à faire face à l’augmentation du coût de la vie. »  

 

Lente désinflation

Les risques de surendettement restent élevés, 22 pays de la région présentant un risque élevé de surendettement extérieur ou étant en situation de surendettement en décembre 2022. Les conditions financières mondiales défavorables ont augmenté les coûts d’emprunt et les coûts du service de la dette en Afrique, détournant l’argent des investissements de développement indispensables, et menaçant la stabilité macro-budgétaire.

 

Une inflation obstinément élevée et une faible croissance des investissements continuent de peser sur les économies africaines. Bien que l’inflation semble avoir atteint son maximum l’année dernière, elle devrait rester élevée, à 7,5 % en 2023, et dépasser les fourchettes cibles des banques centrales dans la plupart des pays. La croissance des investissements en Afrique subsaharienne est passée de 6,8 % en 2010-2013 à 1,6 % en 2021, avec un ralentissement plus marqué en Afrique de l’Est et australe qu’en Afrique de l’Ouest et du centre.

Malgré ces défis, de nombreux pays de la région font preuve de résilience face aux multiples crises. Il s’agit notamment du Kenya, de la Côte d’Ivoire et de la RD Congo, qui ont enregistré des taux de croissance respectifs de 5,2 %, 6,7 % et 8,6 % en 2022.

En RD Congo, le secteur minier a été le principal moteur de la croissance en raison d’une expansion des capacités et d’une reprise de la demande mondiale. La valorisation des richesses en ressources naturelles offre la possibilité d’améliorer la viabilité des finances publiques et de la dette des pays africains, mais le rapport met en garde contre le fait que cela ne peut se produire que si les pays adoptent des politiques adéquates et tirent les leçons des périodes d’expansion et de ralentissement économique passées.

Dans une perspective de moyen terme, « la décarbonisation rapide du monde apportera des opportunités économiques significatives à l’Afrique », nuance James Cust, économiste principal à la Banque mondiale. « Les métaux et les minéraux seront nécessaires en plus grandes quantités pour les technologies à faible teneur en carbone telles que les batteries. Si de bonnes politiques sont mises en place, ces ressources pourraient augmenter les recettes fiscales, accroître les opportunités pour les chaînes de valeur régionales qui créent de l’emploi, et accélérer la transformation économique. »

 

Maximiser les recettes publiques

À l’heure de la transition énergétique et de l’augmentation de la demande de métaux et de minéraux, les gouvernements riches en ressources ont la possibilité de mieux tirer parti des ressources naturelles pour financer leurs programmes publics, diversifier leur économie et élargir l’accès à l’énergie. Le rapport indique que les pays pourraient potentiellement plus que doubler les recettes moyennes qu’ils tirent actuellement des ressources naturelles. Capturer ces ressources fiscales sous forme de redevances et d’impôts, tout en continuant à attirer les investissements du secteur privé, nécessite des réformes et une bonne gouvernance. Maximiser les recettes publiques tirées des ressources naturelles offrirait un double bénéfice pour les populations et la planète, en augmentant les recettes fiscales et en supprimant les subventions implicites à la production.

@AB

Écrit par
Aude Darc

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