Un projet audacieux pour restaurer les sols

Encouragé par différents organismes internationaux dont le NEPAD, « The Audacious Project » encourage les initiatives locales contre la désertification, afin, notamment, d’augmenter la productivité des sols.
« C’est une bonne nouvelle. Faites confiance aux connaissances et à l’engagement locaux. » Ainsi commente sur Twitter l’économiste Carlos Lopes, à l’annonce par le World Ressources Institute (WRI) d’une subvention reçue de 100 millions de dollars. Cette somme sera affectée à « The Audacious Project » qui vise la restauration des terres dans trois zones : la région du lac Kivu et du bassin de la rivière Rusizi (RD Congo, Burundi, Rwanda), la ceinture de cacao du Ghana, et la grande vallée du Rift du Kenya.
« Avec le bon capital, les bonnes capacités et les bonnes relations, ces leaders locaux peuvent changer la trajectoire des crises mondiales du climat et de la biodiversité. »
Cet investissement est aligné sur le financement d’ancrage de 50 millions $ du Bezos Earth Fund et sur les objectifs ambitieux de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100), un partenariat de 33 gouvernements africains dont le secrétariat est assuré par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-Nepad). Ces 150 millions $ représentent 30 % de l’objectif de collecte de fonds de 500 millions $ pour la philanthropie.
WRI investira directement dans les organisations communautaires locales et les PME afin d’accélérer les activités de restauration sur le terrain, d’approfondir leurs connaissances et leurs compétences, de proposer et de mettre en œuvre des politiques de soutien et de contrôler leur impact. Il contribuera à la mission continentale de l’AFR100, qui consiste à restaurer cent millions d’hectares de terres dégradées et déboisées à horizon 2030, ainsi qu’à divers engagements gouvernementaux dans chaque pays.
Chaque année, le projet Audacious sélectionne chaque année une cohorte de projets qui représentent des solutions audacieuses aux défis auxquels le monde est confronté. « En mettant en relation ces idées ambitieuses avec un groupe inspirant de donateurs et de sympathisants, The Audacious Project aide ces grandes idées à se développer plus rapidement et à amplifier l’impact global de leur travail », explique l’ONG dans un communiqué.
Atténuer le changement climatique
Wanjira Mathai est directrice générale de WRI pour l’Afrique et les partenariats mondiaux. « La restauration est l’un des investissements les plus puissants que nous puissions faire sur la planète, car la restauration des terres dégradées peut à la fois atténuer le changement climatique et protéger les communautés contre les pires impacts. Elle peut également reconstituer la productivité des sols, créer des emplois et améliorer les revenus des familles. »
Nous voulons « redonner à la terre une santé optimale, en soutenant les champions locaux de l’arboriculture », complète Anna Verghese, directrice exécutive de The Audacious Project. « Cet investissement reflète notre profonde confiance dans le mouvement de restauration, non seulement pour les terres, mais aussi pour améliorer les moyens de subsistance et développer des opportunités économiquement viables sur l’ensemble du continent africain. »
L’investissement de 100 millions $ s’ajoutera aux contributions existantes et permettra d’atteindre l’objectif de développer un fonds de 2 milliards $. Annoncé lors de la COP27, le fonds est géré par Southbridge Investments et ancré par la BADEA (Banque arabe pour le développement économique en Afrique), combinant 500 millions $ de financement concessionnel avec 1,5 milliard $ d’investissement privé.
Une méthode inspirante
Pour Ani Dasgupta, PDG du WRI, « cet investissement aidera non seulement les communautés à restaurer leurs paysages et à renforcer efficacement la résilience climatique, mais il peut aussi commencer à transformer fondamentalement la vie d’une majorité de personnes qui dépendent de la terre pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance sur le continent africain ». L’innovation ici, complète-t-il, réside dans « une approche hyper-locale mais évolutive dont beaucoup d’autres régions peuvent s’inspirer dans le monde entier ».

Le WRI et ses partenaires, One Tree Planted et Realize Impact, ont déjà commencé ce travail. Dans sa première cohorte en 2022, le programme a appuyé une centaine d’organisations communautaires et entrepreneurs qui restaurent des terres dans 27 pays ; l’Institut répertorie les formations dont elles ont besoin pour développer leur travail. Grâce à la plateforme TerraMatch, les progrès de chaque projet sont suivis de près par le biais d’une combinaison de rapports soumis par les organisations locales, de vérifications indépendantes sur le terrain et de surveillance par satellite.
« Le mouvement de restauration de l’Afrique se trouve à un point de basculement positif », se réjouit Andrew Steer, qui préside le Bezos Earth Fund. « Avec le bon capital, les bonnes capacités et les bonnes relations, ces leaders locaux peuvent changer la trajectoire des crises mondiales du climat et de la biodiversité. »
@AB