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African Business

Un PPP fructueux contre la cybercriminalité

Un PPP fructueux contre la cybercriminalité
  • Publiéaoût 23, 2023

Les équipes d’Afripol et d’Interpol ont procédé à de nombreuses arrestations, cet été, chez les cybercriminels. Durant plusieurs mois, les enquêteurs ont reçu de précieux renseignements venant de sociétés privées, telles Kaspersky ou Coinbase.

 

C’est un coup de filet inédit, par son ampleur et son organisation, pour les équipes d’Afripol et d’Interpol. Ces deux organismes ont coordonné une opération dans 25 pays africains qui a permis l’arrestation de quatorze cybercriminels présumés et d’identifier 20 674 cyber-réseaux suspects. Voilà « qui met ainsi en évidence la montée en puissance de l’insécurité numérique et des cybermenaces dans la région », précisent les deux institutions.

Qui calculent que les réseaux identifiés sont liés à des pertes financières de plus de 40 millions de dollars.

L’opération Africa Cyber Surge II, d’une durée de quatre mois, a été lancée en avril 2023 et s’est concentrée sur l’identification des cybercriminels et des infrastructures compromises.

« Ce n’est qu’en exploitant la puissance d’un partenariat public-privé efficace que nous pourrons donner une impulsion au renforcement de l’industrie de la cybersécurité en Afrique. »

L’opération visait à faciliter la communication, l’analyse et l’échange de renseignements entre les pays, en rationalisant la coopération entre les services africains chargés de l’application de la loi afin de prévenir, d’atténuer, d’enquêter et d’interrompre la cyber-extorsion, l’hameçonnage, la compromission des courriers électroniques professionnels et les escroqueries en ligne.

Les enquêteurs se sont appuyés sur des informations exploitables provenant du secteur privé, comme les éditeurs de logiciels. Voilà qui montre, juge-t-on du côté d’Interpol « que la cybersécurité est plus efficace lorsque les services chargés de l’application de la loi internationaux, les autorités nationales et les partenaires du secteur privé coopèrent afin de partager les meilleures pratiques et de lutter de manière proactive contre la cybercriminalité ».

 

Arrestations au Cameroun

Interpol, Afripol, et les partenaires du secteur privé Group-IB et Uppsala Security ont apporté un soutien opérationnel sur le terrain, en partageant les renseignements exploitables mis à profit tout au long de l’opération.

Et les résultats sont au rendez-vous. Au Cameroun, notamment, sur la base d’un renseignement fourni par la Côte d’Ivoire, trois suspects ont été arrêtés dans le cadre d’une escroquerie en ligne portant sur la vente frauduleuse d’œuvres d’art d’une valeur de 850 000 $. Deux sites du « Darknet » ont été fermés à la suite d’actions menées par les autorités camerounaises.

Source : Interpol

 

De leur côté, les autorités nigérianes ont arrêté un suspect accusé d’avoir escroqué une victime gambienne ; la police mauricienne a arrêté deux passeurs d’argent liés à des escroqueries lancées par l’intermédiaire de plateformes de messagerie. En Gambie, des mesures proactives et des partenariats solides ont permis de supprimer 185 protocoles internet liés à des activités malveillantes. Au Kenya, les autorités ont démantelé 615 hébergeurs de logiciels malveillants.

Quelque 150 rapports d’analyse Interpol contenant des renseignements et des informations sur les cybermenaces ciblant certains pays ont été distribués aux pays participants afin qu’ils puissent mener des enquêtes et mener des actions perturbatrices au cours de l’opération.

Élaborés par sur la base d’informations communiquées par ses partenaires Group-IB, Trend Micro, Kaspersky et Coinbase, ces rapports contiennent des informations sur des serveurs de commande et de contrôle malveillants, des adresses IP de victimes liées à des affaires de vol de données, des liens et domaines d’hameçonnage, des adresses IP d’escroquerie, plus de 400 autres URL, IP et réseaux de zombies (machines de calculs) malveillants.

L’« opération Africa Cyber Surge II a permis de renforcer les services de lutte contre la cybercriminalité dans les pays membres et de consolider les partenariats avec des acteurs essentiels, tels que les équipes d’intervention en cas d’urgence informatique et les fournisseurs d’accès à l’internet. Cela contribuera à réduire l’impact mondial de la cybercriminalité et à protéger les communautés de la région », se félicite le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock.

 

Nécessaire coopération

L’initiative a mis en évidence la forte corrélation entre la criminalité financière et la cybercriminalité, permettant aux pays participants d’élargir leur réponse en matière d’application de la loi en adoptant une approche de type « follow the money ». Elle a également été précédée d’un exercice de simulation d’une semaine en Tanzanie sur les enquêtes relatives à la cybercriminalité et aux crypto-monnaies, qui a permis aux fonctionnaires de vingt pays africains d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires à la bonne exécution de l’opération.

« Alors que les systèmes numériques, les technologies de l’information et de la communication et l’intelligence artificielle gagnent en importance, il est urgent que les acteurs publics et privés travaillent main dans la main pour empêcher que ces technologies ne soient exploitées par les cybercriminels », prévient le directeur d’Afripol, Jalel Chelba. « Des opérations coordonnées telles que Cyber Surge sont nécessaires pour perturber les réseaux criminels et mettre en place des niveaux de protection individuels, organisationnels et à l’échelle de la société. »

À noter que cette intervention survient quelques jours après une opération ciblée en Afrique et en Europe, visant le syndicat de la criminalité numérique Black Axe. Plus de 100 personnes ont été arrêtées et 2,15 millions d’euros provenant de 208 comptes bancaires ont été saisis.

L’éditeur Kaspersky se félicite d’avoir fourni à Interpol et Afripol des données de renseignement sur les menaces dans le cadre de l’opération Africa Cyber Surge II.

Avec les autres partenaires issus du secteur privé, Kaspersky a communiqué à l’organisation internationale des indicateurs de compromission (IoC), notamment des serveurs de commande et de contrôle malveillants, des liens et des domaines de phishing, ainsi que des adresses IP frauduleuses. Interpol et Afripol ont ainsi rationalisé la coopération entre les services africains chargés de l’application de la loi afin d’enquêter sur les cybercriminels soupçonnés de pratiquer la cyber-extorsion, l’hameçonnage, la compromission de courriers électroniques professionnels et l’escroquerie en ligne, et de leur mettre des bâtons dans les roues.

 

Un accord de long terme

« Dans sa mission de construction d’un monde numérique plus sûr, Kaspersky reconnaît l’importance de la coopération multilatérale entre le secteur privé, les services chargés de l’application de la loi au niveau international et les autorités nationales » commente Yuliya Shlychkova (photo ci-contre), directrice des Affaires publiques chez Kaspersky. « Ce n’est qu’en exploitant la puissance d’un partenariat public-privé efficace que nous pourrons donner une impulsion au renforcement de l’industrie de la cybersécurité en Afrique, afin de garantir que les pays africains puissent réaliser leur potentiel exceptionnel sans entrave ni considération pour les cybercrimes. »

L’échange de données entre Kaspersky et Interpol s’inscrit dans le cadre d’un accord de coopération de cinq ans, signé par les deux parties en 2019, qui prévoit également la fourniture d’un soutien en ressources humaines et de formations à l’organisme chargé de l’application de la loi.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

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