Un PPP bienvenu dans le Sud tunisien

La Tunisie et le groupe Suez signent le premier partenariat public-privé dans le secteur de l’eau dans le pays. Près d’un million d’habitants verront leur accès à l’eau facilité, tandis que la Tunisie est touchée par la sécheresse.
L’Office national de l’assainissement de la Tunisie (ONAS) confie au groupe Suez et à ses partenaires l’exploitation du service public de l’assainissement collectif des gouvernorats de Sfax, Gabès, Médenine et Tataouine. Il s’agit du premier PPP (Partenariat public-privé) dans le secteur de l’eau en Tunisie. Les partenaires du spécialiste français des infrastructures, qui détiendra 80% des parts sont Segor (groupe SCET, 12%) et la BIAT (8%).
Le financement de ce contrat de concession, d’une durée de dix ans et d’un montant total de 200 millions d’euros, sera assuré d’une part par la Banque mondiale, s’agissant des travaux de réhabilitation et d’extension des infrastructures, et d’autre part par l’Etat tunisien, pour l’exploitation et la maintenance de ces infrastructures.
Cette annonce intervient alors que la Tunisie, comme ses voisins du Maghreb, est confrontée à la sécheresse et au stress hydrique. La situation préoccupante de certains barrages a conduit le ministère de l’Agriculture, fin mars, à restreindre la consommation d’eau.
« Dans le cadre du développement économique et social du sud de la Tunisie, et la volonté de faire face aux défis environnementaux », détaille un communiqué du groupe français, Suez et ses partenaires ont été choisis pour assurer les services d’assainissement des eaux usées des 960 000 habitants des gouvernorats de Sfax, Gabès, Médenine et Tataouine.
Le contrat comprend l’exploitation et la maintenance des infrastructures. Celles-ci se composent de quatorze stations d’épuration d’eaux usées, 106 stations de pompage et 1 900 km de réseau d’assainissement, dont la capacité de traitement s’élève à 39 millions de m3/an.
Il prévoit également la réhabilitation des stations d’épuration des eaux usées existantes ainsi que la réalisation de travaux complémentaires qui permettront la réutilisation des eaux usées pour l’agriculture, grâce à l’emploi de procédés tertiaires de traitement de l’eau tels que les UV et l’élimination du phosphore.
En évitant le développement d’algues et la pollution des lacs, le traitement de l’azote et du phosphore contenus dans les eaux usées contribuera à protéger les milieux aquatiques et à réduire l’impact sur la biodiversité. La réutilisation des eaux usées et une meilleure qualité de traitement des eaux rejetées en milieu naturel font partie de la nouvelle politique de Suez.
Le groupe et ses partenaires mettront en place un instrument d’évaluation de la performance de la responsabilité sociétale et environnementale du contrat sous la forme d’un Système de gestion environnementale et sociale (SGES). Celui-ci intégrera les normes environnementales en vigueur en Tunisie, en cohérence avec les principes en la matière de la Banque mondiale.
Un projet structurant
Sabrina Soussan, PDG de Suez, considère que ce PPP en Tunisie constitue « un exemple concret » de ce qu’elle a défendu, lors de la conférence des Nations unies sur l’eau à New York. À savoir « une meilleure articulation entre les secteurs public et privé pour répondre aux besoins en eau dans les années à venir ». Se réjouissant de ce contrat, la PDG assure que son groupe souhaite « accompagner la Tunisie dans ce projet structurant qui fera du pays une référence en matière de gestion de l’assainissement sur le continent africain ».
Présent sur le continent africain depuis la construction de l’usine de traitement des eaux de Sherbine en Égypte en 1948, Suez a construit plus de 500 usines d’eau potable et d’assainissement qui desservent la plupart des capitales africaines. Le groupe est notamment présent aujourd’hui en Tunisie, au Maroc, en Égypte, au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Cette annonce intervient alors que la Tunisie, comme ses voisins du Maghreb, est confrontée à la sécheresse et au stress hydrique. La situation préoccupante de certains barrages a conduit le ministère de l’Agriculture, fin mars, à restreindre la consommation d’eau, interdisant jusqu’à fin septembre l’irrigation des cultures, des espaces verts et le nettoyage des rues avec l’eau potable. Des quotas par quartiers et des coupures nocturnes ont en outre été imposés aux particuliers. « La sécheresse est une menace pour notre pays. L’économie de l’eau est une garantie pour la continuité de la vie de nos enfants », expliquent de grands panneaux à l’entrée de Tunis.
@AB