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African Business

Un marché de l’énergie en pleine effervescence

Un marché de l’énergie en pleine effervescence
  • Publiéaoût 25, 2023

L’Afrique subsaharienne, dont la Côte d’Ivoire domine les installations nouvelles de pétrole, relève la Chambre africaine de l’Énergie. Dans le gaz, les nouveaux entrants comme la Mauritanie et le Sénégal concurrenceront les grands producteurs comme l’Algérie.

 

La Chambre africaine de l’énergie (CAE) vient de publier son rapport trimestriel consacré aux prévisions des marchés pétroliers et gaziers. Ses analyses prévoient que l’offre mondiale de pétrole et de condensats atteindra 82,7 millions de barils par jour (bpj), une augmentation sensible en un an. À court terme, les prix du Brent seront affectés par les réductions de production en Arabie saoudite ; toutefois, les prix devraient rester « largement inchangés » à long terme.

La croissance énergétique de l’Afrique ne se limite toutefois pas au pétrole et au gaz. Le marché des énergies renouvelables du continent connaît également une vague d’activité avec plusieurs annonces de capacités élevées.

En Afrique, l’offre devrait connaître une augmentation marginale par rapport aux niveaux de 2022, avec une production estimée à 6,66 millions de bpj. Les pays africains devraient respecter les objectifs de production fixés par OPEP, sachant que les membres africains que sont le Nigeria, l’Angola, le Congo et le Gabon « produisant en réalité 370 000 bpj de moins que les quotas de l’OPEP », fait observer la CAE.

En matière d’investissements, les dépenses en amont en Afrique augmenteront par rapport aux estimations précédentes de 442 milliards de dollars à 457 milliards de dollars tout au long de la période 2023-2030, « en grande partie en raison de l’augmentation des dépenses de brownfield et d’une augmentation marginale des projets approuvés ». L’Afrique subsaharienne devrait être à l’avant-garde des dépenses en installations nouvelles. Le marché en amont du continent est en pleine effervescence : avec des découvertes importantes en Namibie, au Zimbabwe et en Côte d’Ivoire, un demi-milliard de barils d’équivalent pétrole de ressources récupérables ont été identifiés rien que cette année. Le succès des activités en amont a déclenché une vague de fusions et d’acquisitions, les transactions annoncées et réalisées s’élevant à 1,85 milliard de dollars depuis le début de l’année.

De son côté, le marché du gaz naturel devrait connaître une augmentation de l’offre mondiale, avec une production légèrement inférieure à 400 milliards de pieds cubes par jour (Mpc/j) tout au long de l’année, pour atteindre 520 Mpc/j d’ici à 2035.

La production africaine sera tirée par l’Algérie, le Nigeria, la Libye et l’Égypte, le Nigeria et l’Algérie étant en tête de la production de GNL (Gaz naturel liquéfié). À l’avenir, la production gazière africaine sera alimentée par des gisements actuellement non exploités.

 

Lente montée en puissance du GNL

Le potentiel d’approvisionnement à long terme devrait continuer à croître régulièrement jusque dans les années 2030, avec une croissance d’environ 5 % en 2025 par rapport à la production de 2023, et un potentiel d’approvisionnement en 2030 et 2035 proche de 18 % et 32 % par rapport à 2023. Le potentiel d’approvisionnement devrait dépasser 450 Mpc par jour d’ici à 2030, puis connaître une croissance beaucoup plus agressive pour atteindre plus de 500 Mpc par jour d’ici à 2033.

Environ la moitié de cette offre est actuellement alimentée et devrait l’être par les États-Unis et le Moyen-Orient, grâce à leur potentiel croissant en matière GNL. L’Asie et la Russie devraient afficher des résultats similaires à ceux du Moyen-Orient tout au long de la décennie, avant que ce dernier n’augmente son potentiel grâce à des projets en Iran, en Irak, au Qatar et en Arabie saoudite.

Alors que le potentiel d’approvisionnement mondial devrait connaître une croissance progressive, l’approvisionnement « commercial » (rentable, aux cours actuels) devrait connaître une croissance beaucoup plus lente pour atteindre environ 440 milliards de pieds cubes par jour d’ici le début des années 2030, avant d’amorcer un déclin. La montée en puissance à long terme est également beaucoup plus lente, avec une croissance de 3 %, 10 % et 10 % en 2025, 2030 et 2035 respectivement, par rapport aux niveaux de 2023.

 

L’offre de gaz naturel pour l’Afrique en 2023 est estimée à environ 25,5 milliards de pieds cubes par jour, soit une augmentation de 1 % en un an. Le potentiel d’approvisionnement à long terme, conforme au potentiel mondial, devrait augmenter de 7 % pour atteindre 27,4 Gpi3/j en 2025, de près de 30 % pour atteindre 32,8 Gpi3/j et d’environ 65 % pour atteindre 41,6 Gpi3/j en 2035 par rapport aux niveaux de 2023. Les flux commerciaux à long terme en provenance d’Afrique devraient eux aussi rester relativement stables à 27 – 28 Gpi3/j pendant le reste de cette décennie et la suivante, avant de commencer à diminuer.

L’offre de gaz naturel à court terme en provenance d’Afrique devrait passer de 25,5 milliards de pieds cubes par jour en 2023 à un peu plus de 27 milliards de pieds cubes par jour en 2024 et rester relativement stable à environ 27 Mpc/j jusqu’en 2027.

L’Algérie devrait passer de 10 Mpc/j en 2023 à 11 milliards en 2027 ; l’Égypte devrait rester stable à 6,25 milliards et le Nigeria devrait fluctuer légèrement entre 4,5 milliards et 5,5 milliards.

 

L’importance des Majors

À noter que pour les experts, les mégaprojets de gaz naturel au large du Sénégal, de la Mauritanie, du Mozambique, de la Tanzanie et de l’Éthiopie devraient être mis en service beaucoup plus tard et n’ont donc pas d’impact sur l’offre de gaz naturel à court terme en provenance d’Afrique.

À court terme, les flux de GNL en provenance d’Afrique sont principalement alimentés par le Nigeria et l’Algérie, les exportations totales de GNL en 2023 étant estimées à environ 49 millions de tonnes par an. Près de 65 % de ces volumes devraient provenir des deux principaux exportateurs de GNL. Les exportations totales devraient connaître une baisse marginale jusqu’à 43 millions de tonnes par an d’ici 2025, avant de remonter à 48 millions de tonnes par an en 2026-2027.

La majeure partie du potentiel futur et, plus important encore, de la croissance, est tirée par des projets exploités par des majors dans des pays comme le Mozambique, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Sénégal.

En Angola également, les champs en amont qui fournissent du gaz d’alimentation à l’usine de GNL de Soyo sont exploités ou ont des majors comme partenaires de travail. Ainsi, les majors jouent actuellement et devraient jouer un rôle actif dans l’augmentation des flux de gaz naturel et de GNL en provenance d’Afrique.

La croissance énergétique de l’Afrique ne se limite toutefois pas au pétrole et au gaz, observe la Chambre africaine de l’énergie. Le marché des énergies renouvelables du continent connaît également une vague d’activité avec plusieurs annonces de capacités élevées en Mauritanie, en Égypte, en Afrique du Sud, au Maroc, en Namibie et dans d’autres pays. La capacité de production d’hydrogène a dépassé celle de l’énergie solaire, les investisseurs étrangers se tournant vers les marchés prometteurs de l’hydrogène vert à travers le continent.

 

@AB

Écrit par
Laurent Soucaille

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