x
Close
African Business Dossier Sénégal

Un fonds d’investissement par les femmes et pour les femmes

Un fonds d’investissement par les femmes et pour les femmes
  • Publiéavril 5, 2023

Le Women’s Investment Club Capital est le premier fonds d’investissement dévolu au soutien à l’entrepreneuriat féminin en Afrique de l’Ouest. À ce jour, il a investi trois millions de dollars dans sept PME sénégalaises, contribuant ainsi à créer 400 emplois.

 

 « Au Sénégal, les femmes sont des entrepreneures nées, mais seules 3,5 % d’entre elles ont accès à un crédit bancaire. Nous avons décidé de mettre nos économies en commun pour créer un effet de levier, en se focalisant sur les petites et moyennes entreprises. » Thiaba Camara Sy, ancienne directrice de Deloitte Sénégal, est la cofondatrice du Women’s Investment Club (WIC), dont le slogan est éloquent : « Par les femmes et pour les femmes. » Le projet est né en 2016 suite à de nombreux échanges, dont un déjeuner avec la directrice du FMI de l’époque, Christine Lagarde, mais aussi une réflexion comme lors d’une journée internationale des femmes : « Qu’est-ce qu’on peut faire concrètement pour s’entraider, au-delà de s’offrir des fleurs et des chocolats une fois par an ? », s’étaient demandé les participantes.

« Le défi est de mettre en place une gouvernance commune, tout en maintenant l’indépendance des antennes locales et en prenant en compte la législation de chaque pays. »

Aujourd’hui, le WIC dispose de son propre fonds d’investissement, WIC Capital, dirigé par Evelyne Dioh Simpa, qui est passée par la Société Générale puis le Fonsis (Fonds souverain d’investissement stratégiques). À ce jour, WIC Capital, dont le siège est basé à Dakar, a investi trois millions de dollars (avec ses co-investisseurs) dans sept PME sénégalaises, ce qui a permis de créer 400 emplois ; son objectif est de créer 3 600 emplois à terme. « Nous nous retirons du capital au bout de six ans, notre seul but est de contribuer à créer des championnes régionales », indique Thiaba Camara Sy, qui préside le conseil d’administration du fonds d’investissement. « Les projets doivent être menés par des femmes, ils doivent être rentables, vecteurs d’emplois et ils doivent avoir un impact sur la chaîne de valeur. »

 

Les entreprises soutenues par le Women’s Investment Club répondent aux noms d’E-Cover (recyclage de pneus pour fabriquer des revêtements sportifs/ du combustible pour cimenterie), les Ateliers de Corinne (cours de pâtisserie), Sarayaa (prêt-à-porter), Kwely (plateforme numérique de commerce électronique business-to-business), Arbre de vie (chaîne de valeur agricole) ou encore Mburu (chaîne de boulangerie-pâtisserie africaine).

Les entrepreneures bénéficient de conseils sur chacune des étapes de leurs projets. « Le Women’s Investment Club, ce n’est pas seulement un fonds d’investissement, c’est aussi une académie, avec des heures de formation et du coaching », explique Thiaba Camara Sy.

 

Un réseau de 97 membres

Le ticket d’entrée pour faire partie du Women’s Investment Club a été fixé à 5 millions de F.CFA (7 622 euros). Les membres doivent ensuite abonder à hauteur de 100 000 F.CFA par mois (152 euros). Elles sont aujourd’hui 97, à l’image d’Aminata Niane, ancienne directrice de l’Apix, Fatimatou Zahra Diop, ancienne secrétaire générale du siège de la BCEAO, ou encore, jusqu’à récemment, Ouminata Sarr, qui occupe actuellement le poste de ministre de l’Économie, du plan et de la coopération. « Nous mettons toutes nos carnets d’adresses au service du WIC, réunies ensemble, nous un réseau très significatif », se félicite Thiaba Camara Sy.

L’année passée, elle a eu l’occasion de rencontrer Melinda Gates, de passage au Sénégal, qui s’est montrée intéressé par ces initiatives en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Actuellement, le WIC entend lancer un deuxième fonds d’investissement de 20 millions de dollars dont le closing est prévu pour la fin de décembre 2023.

Ces dernières années, l’ancienne directrice de chez Deloitte s’est déplacée en Guinée, au Mali, au Bénin ou encore en RD Congo, pays dans lesquels des antennes du Women’s Invesment Club sont en train de se développer. La version ivoirienne du WIC existe par exemple depuis novembre 2018. « Le défi est de mettre en place une gouvernance commune, tout en maintenant l’indépendance des antennes locales et en prenant en compte la législation de chaque pays », explique Ouma Sani, directrice du Women’s Investment Club Sénégal. Selon cette dernière, « les femmes entrepreneures dynamisent le tissu économique et social du pays ; l’argent qu’elles gagnent, elles en font profiter toute la communauté ». C’est pourquoi « les aider à se développer économiquement revient à aider le pays tout entier ».

@AB

 

Écrit par
Théo du Couëdic

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *