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Transport

Le port de Kribi reprend ses dessertes vers l’Asie

Le port de Kribi reprend ses dessertes vers l’Asie
  • Publiéaoût 20, 2020

Les liaisons Asie Afrique font de nouveau escale au port autonome de Kribi (PAK), au Cameroun. Après accord entre les différentes parties, au moins une liaison par semaine transitera par le PAK, dont les travaux de modernisation ont repris.

Par Marie-Anne Lubin

Annoncé le 8 août 2020, c’est finalement le 17 août que le CMA CGM Cendrillon a fait escale au port de Kribi Conteneurs Terminal. Long de 334 mètres et d’une capacité de 8 645 evp (équivalent vingt pieds), ce navire inaugure la ligne directe Asie Afrique du port en eaux profondes de Kribi.

En effet, Asia West Africa Service (ASAF) opéré par la compagnie maritime CMA CGM est un des services majeurs offerts par les armateurs dans le cadre du transport des conteneurs de l’Asie vers l’Afrique.

Kribi voit loin : le port prévoit toujours, à horizon 2040, le déploiement d’une infrastructure portuaire comprenant vingt terminaux, sur 6,5 kilomètres de linéaires de quai, capable de traiter 100 millions de tonnes de marchandises par an.

En partenariat avec Maersk et Nile Dutch, CMA CGM va offrir grâce à ce service, un rayonnement au terminal à conteneurs du port autonome de Kribi (PAK) qui renforce ainsi sa vocation d’opérateur de référence de la région du golfe de Guinée.

Grâce à ce service, les opérateurs économiques du Cameroun, du Tchad et de la Centrafrique vont bénéficier d’un temps transit favorable pour leurs marchandises au départ ou à destination de l’Asie. Il est le fruit d’une concertation bénéfique avec l’ensemble des acteurs de la place portuaire dont le PAK.

« La réouverture de la ligne ASAF permet au port de Kribi d’être mieux connecté au reste du monde », commente Éric Lavenu, directeur général de Kribi Conteneurs Terminal. Avec la mise à disposition d’un bureau douanier en 2020, qui complétera l’offre de service existante, « nous serons en mesure de diminuer le temps de transit pour un gain de productivité significatif tout en réduisant considérablement les coûts ».

Mutualisation des ressources

Le service avait été suspendu, pour manque de rentabilité. Le PAK avait constaté un déficit entre les coûts d’escale des navires et les revenus tirés du fret maritime capté par les escales à Kribi. De plus, les volumes n’étaient pas assez importants pour couvrir les charges d’escale.

Devant la pression des partenaires, et après des ajustements de tarifs, la liaison Asie Afrique a finalement repris. La ligne a aussi bénéficié de l’arrivée d’acteurs majeurs du trafic maritime, tel Maersk. « Ils permettent une mutualisation des ressources et contribuent ainsi à rendre la desserte de Kribi viable », explique Habib Iya, responsable marketing du PAK.

Cette reprise est une bonne nouvelle pour les industriels de la région opérant vers l’Asie. Depuis 2018, le Cameroun soutient directement les échanges vers l’Asie, essentiellement la Chine.

Maersk et CGA CGM, troisième armateur mondial, inaugurent donc un mécanisme de partage de navires visant à mutualiser les coûts, afin de desservir chaque semaine la plateforme portuaire.

Reprise des travaux de modernisation

Constitué d’un groupe d’actionnaires camerounais, de Bolloré, de CMA CGM et de CHEC, le consortium Kribi Conteneurs Terminal est le concessionnaire du terminal à conteneurs du port en eaux profondes de Kribi. KCT offre à la chaîne logistique camerounaise une infrastructure adaptée à la nouvelle génération de navires transocéaniques, dont des quais de 350 mètres pouvant accueillir des navires ayant une capacité allant jusqu’à 11 000 evp.

Cette date est une nouvelle étape dans la relance du port de Kribi, un hub portuaire pour l’Afrique centrale et l’hinterland. Un temps interrompue en raison de la pandémie à coronavirus, la phase II des travaux d’aménagement du PAK a repris, au cœur de l’été, tandis que ses espaces attenants ont redémarré.

Le dragage et la déforestation de la voie d’accès étaient déjà achevés, ainsi que les sites devant accueillir le réservoir et la station de traitement. Reste à assurer le bétonnage du réservoir et à effectuer les essais de procédés de traitement, précise Patrice Melon, directeur général du PAK. De même, les travaux du nouveau chenal ont repris.

La modernisation prévoit, dans cette seconde phase, l’installation d’un Vessel Trafic System (VTS) composé d’un radar, d’un récepteur d’authentification, d’un système de vidéo-surveillance, ainsi que d’équipements radio et de capteurs de données.

Autant d’outils qui permettront d’assurer la sécurité du site et à garantir l’efficacité du trafic maritime. Cette phase des travaux est supervisée par China Harbour Engineering Corp. (CHEC) pour un coût total voisin de 400 milliards de F. CFA. Les modalités de financement, comparables à celles de la première phase, comprennent un prêt de Eximbank China, pour 85% du total.

Kribi voit loin : le port prévoit toujours, à horizon 2040, le déploiement d’une infrastructure portuaire comprenant vingt terminaux, sur 6,5 kilomètres de linéaires de quai, capable de traiter 100 millions de tonnes de marchandises par an.

Par ailleurs, le PAK et le ministère camerounais de l’Agriculture viennent de signer une convention cadre de trois ans. Elle vise à mutualiser les efforts pour mettre en œuvre des procédures de facilitation des importations des outils et des intrants agricoles, ainsi que de l’exportation des produits agricoles camerounais.

Le PAK participera à la création d’une « ceinture agricole » entourant le complexe industriel et portuaire de Kribi. Elle permettra de mettre fin à la dépendance alimentaire de cette zone, qui devrait même devenir exportatrice. L’accord-cadre, renouvelé par tacite reconduction tous les trois ans, prévoit des évaluations régulières.

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Par Marie-Anne Lubin

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