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Comment Djibouti lutte contre les inégalités

Comment Djibouti lutte contre les inégalités
  • Publiéoctobre 5, 2021

La république de Djibouti a conclu avec la Banque mondiale un nouveau programme destiné à réduire la pauvreté. Les partenaires veulent tirer parti de l’emplacement stratégique du pays et consacrer l’énergie nécessaire au développement du secteur privé.

Par LS, avec APO Group

La Banque mondiale (BM) a conclu un nouveau « cadre de partenariat pays » afin d’aider Djibouti à réduire la pauvreté. D’une durée de cinq ans (2022-2026), ce programme soutient les travaux de la BM, son bras financier la SFI (Société financière internationale), dont la mission est axée sur le secteur privé dans les pays en développement, et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA).

Laquelle facilite les investissements étrangers directs par le biais d’une assurance contre les risques politiques et de garanties de rehaussement de crédit.

Environ 85 % de la population vit dans les centres urbains. La pauvreté touche environ un sixième des Djiboutiens et est plus prononcée parmi les populations rurales, en raison de la sécheresse récurrente affectant la région de la Corne de l’Afrique et du manque d’accès fiable à l’eau.

Marina Wes est directrice des opérations de la BM pour l’Égypte, le Yémen et Djibouti. Elle explique qu’en accordant une importance particulière à la réduction de la pauvreté et la prospérité partagée, ce partenariat « soutiendra le développement du secteur privé pour stimuler la productivité et la création d’emplois, tout en mettant l’accent sur le capital humain et la bonne gouvernance. »

La création d’un environnement plus propice au développement du secteur privé est essentielle pour renforcer la résilience à long terme aux chocs économiques tels que la crise sanitaire actuelle. Le programme entend répondre aux besoins immédiats liés à la pandémie, tout en soutenant les réformes à moyen et long terme dans l’objectif de créer un environnement propice à une croissance inclusive et créatrice d’emplois.

Quoi qu’il en soit, il s’inscrit dans le cadre de la « Vision Djibouti 2035 » dont s’est doté le pays ; il est guidé par les priorités de la stratégie nationale du gouvernement. Le programme s’articule autour de deux axes principaux. Premièrement, la promotion d’une croissance inclusive tirée par le secteur privé et encourageant la création d’emplois et le capital humain.

Notamment, il encourage l’entrepreneuriat et le développement des PME, et renforce les compétences productives et l’accès à l’emploi, y compris pour les femmes et les jeunes.

Améliorer le rôle de l’État

La BM soutiendra également les efforts des autorités visant à promouvoir le développement du secteur privé dans des secteurs clés tels que le tourisme, le logement et l’agro-industrie tout en poursuivant son engagement dans l’énergie et les infrastructures et en améliorant la connectivité avec les pays voisins.

Deuxièmement, il s’agit de renforcer le rôle et des capacités de l’État, en soutenant les efforts du gouvernement pour améliorer l’accès et la prestation des services de base dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’eau. Et de promouvoir un secteur public « davantage transparent, responsable et efficace », qui insiste, par exemple, sur une meilleure soutenabilité de la dette publique.

Dans ces deux domaines d’intervention, le cadre de partenariat-pays encouragera la transformation numérique, renforcera la transparence pour soutenir la bonne gouvernance et favorisera la parité hommes-femmes.

Afin de renforcer la résilience de Djibouti aux chocs externes, l’intégration régionale sera au cœur de ce programme qui maintient également l’engagement en matière d’adaptation au changement climatique, d’atténuation et de réponse aux catastrophes.

« Le secteur privé joue un rôle essentiel dans la création d’emplois et la promotion de la croissance économique », déclare Jumoke Jagun-Dokunmu, directrice régionale de la SFI pour l’Afrique de l’Est, afin de justifier son intervention.

Inégalités urbaines et rurales

« Notre nouveau cadre de partenariat-pays prend en considération la pandémie mondiale et son impact sur l’économie et la population de Djibouti, ainsi que la dynamique régionale actuelle », juge de son côté Boubacar‑Sid Barry, représentant‑résident de la Banque mondiale à Djibouti. « Nous travaillerons en étroite collaboration avec les autorités pour soutenir le nouveau programme de développement, dans le but de réduire la pauvreté et de parvenir à une croissance plus durable et inclusive, tout en stimulant l’intégration régionale. »

Le portefeuille de la Banque mondiale à Djibouti comprend treize projets financés, soit un montant total de 248 millions de dollars. Axé sur l’éducation, la santé, les filets de sécurité sociale, l’énergie, le développement des communautés rurales, la réduction de la pauvreté urbaine, la modernisation de l’administration publique, la gouvernance et le développement du secteur privé, il met l’accent en particulier sur les femmes et les jeunes.

Un secteur privé durement éprouvé

Environ 85 % de la population vit dans les centres urbains remarque le rapport détaillé de la BM. La pauvreté touche environ un sixième des Djiboutiens et est plus prononcée parmi les populations rurales, en raison de la sécheresse récurrente affectant la région de la Corne de l’Afrique et du manque d’accès fiable à l’eau.

Les efforts du pays devraient accompagner le rebond de la croissance économique. Elle est attendue à 5,5 % en 2021 et 6,2 % en moyenne, chaque année, entre 2022 et 2025, pour une inflation stabilisée autour de 2%.

À Djibouti, le nombre d’emplois temporairement perdus, en raison de la pandémie, se situe entre 15 000 et 30 000, dont 5 000 pour les pauvres. Selon la BM, 78 % des entreprises ont ressenti un effet immédiat en raison de la pandémie, 55 % d’entre elles ayant connu une baisse de leurs ventes de plus de 50 %. Environ 65 % des entreprises formelles ont signalé une perte de ventes d’au moins 50 %, contre seulement 37 % des entreprises informelles.

Pour les premières, les difficultés commerciales ont surtout résulté de l’annulation ou de la réduction des commandes et des réservations, tandis que les secondes ont été principalement affectées par l’instabilité commerciale.

L’effet de la pandémie sur les entreprises formelles pourrait durer plus longtemps, car ces entreprises ont une capacité limitée de planification de la continuité des activités.

@LS

* Rapport complet consultable à l’adresse : https://documents1.worldbank.org/curated/en/377521633105293527/pdf/Djibouti-Country-Partnership-Framework-for-the-Period-FY22-FY26.pdf

Écrit par
Par Laurent Soucaille

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