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African Business Analyse et Opinion

Transformer les malédictions en opportunités

Transformer les malédictions en opportunités
  • Publiémai 12, 2023

Une transition juste pour l’Afrique, et pour le monde, dépend de l’exploitation réussie et équitable des ressources naturelles. La bonne gouvernance et la gestion saine des recettes, permettront de préparer un avenir à faible émission de carbone, juge la Banque mondiale.

 

À l’heure de la transition énergétique et de l’augmentation de la demande de métaux et de minéraux, les gouvernements d’Afrique subsaharienne riches en ressources naturelles ont la possibilité de mieux tirer parti de leurs ressources pour financer leurs programmes publics, diversifier leur économie et élargir l’accès à l’énergie. Tel est la conclusion d’un rapport de la Banque mondiale sur l’utilisation des ressources naturelles en Afrique, publié le 10 mai 2023.

La ZLECAf et une plus grande intégration commerciale et économique régionale offrent une opportunité sans précédent de développer la chaîne de valeur de la mine au marché sur le continent.

Ce rapport révèle qu’en moyenne, les pays ne captent qu’environ 40 % des recettes qu’ils pourraient potentiellement tirer des ressources naturelles. En d’autres termes, à un moment où les pays sont accablés par une croissance lente et une dette élevée, les gouvernements pourraient plus que doubler les recettes provenant des ressources naturelles telles que les minéraux, le pétrole et le gaz en adoptant un meilleur ensemble de politiques, en mettant en œuvre des réformes, en investissant dans une meilleure administration fiscale et en promouvant la bonne gouvernance.

La taxation complète des ressources naturelles est également importante pour faire payer le coût total des impacts environnementaux et sociaux qui ne sont pas toujours entièrement couverts par les producteurs, y compris pour les ressources pétrolières. Le fait de ne pas le faire peut agir comme une subvention implicite à la production et augmenter les émissions de carbone.

Les principales découvertes de minerais dans les années 2010.
Les principales découvertes de minerais dans les années 2010.

 

 

« Maximiser les recettes publiques sous forme de redevances et d’impôts payés par les industries privées de ressources naturelles, tout en attirant de nouveaux investissements, offrirait un double dividende pour les populations et la planète en augmentant l’espace fiscal et en supprimant les subventions implicites à la production », résume James Cust, économiste et co-rédacteur du rapport. La perspective d’une augmentation des recettes est particulièrement bienvenue dans les pays qui se trouvent dans l’incapacité de réaliser des investissements de développement indispensables en raison du coût élevé des emprunts et du service de la dette.

 

D’abondantes ressources

Une approche régionale du secteur extractif permettrait de créer des chaînes de valeur qui ajouteraient de la valeur et créeraient plus d’emplois pour les habitants des pays riches en ressources.

La transition des combustibles fossiles vers les énergies propres devrait créer une demande de 3 milliards de tonnes de minéraux et de métaux nécessaires au déploiement de l’énergie solaire, éolienne et géothermique d’ici à 2050. Cette transition vers une énergie à faible teneur en carbone augmentera la demande de nombreuses ressources que l’on trouve en abondance dans la région.

Autant d’opportunités pour les minéraux et de métaux tels que le cobalt, le lithium, le cuivre, le nickel et les terres rares, nécessaires au développement de technologies vertes telles que les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries. Nombre de ces ressources se trouvent en abondance en Afrique. Cependant, l’expérience montre que la richesse en ressources naturelles ne se traduit pas automatiquement par une croissance et une prospérité inclusives.

Les minerais, le pétrole et le gaz représentent un tiers ou plus des exportations de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, mais les pays ont eu du mal à convertir cette richesse en croissance durable dans le passé. La dépendance régionale à l’égard des prix mondiaux des matières premières a conduit à une gestion sous-optimale des ressources publiques lorsque les prix sont élevés, et à des crises économiques et fiscales lorsque les prix s’effondrent. Dans l’ensemble, les pays riches en ressources ont moins bien résisté aux chocs économiques que les pays non riches en ressources, ce qui rappelle les risques d’une « malédiction des ressources ». Le ralentissement de la croissance dans certains pays riches en ressources a également été associé à un retard dans la réduction de la pauvreté.

Le rapport intitulé L’avenir des ressources en Afrique fournit aux décideurs politiques des recommandations pratiques pour transformer cette malédiction en opportunité. Outre la capture de la valeur totale des rentes des ressources tout en continuant à attirer les investissements du secteur privé, les gouvernements devraient se préparer au prochain cycle d’expansion et de ralentissement en investissant les rentes des ressources dans le capital productif. C’est-à-dire en investissant dans la santé et l’éducation de la population et dans les infrastructures qui peuvent soutenir des économies plus diversifiées et plus résilientes.

Parmi d’autres recommandations, le rapport souligne également les opportunités liées à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine. La promotion de l’intégration régionale et l’harmonisation des taxes et redevances minières dans la région seraient également utiles.

« Une approche régionale du secteur extractif permettrait de créer des chaînes de valeur qui ajouteraient plus de valeur et créeraient plus d’emplois pour les habitants des pays riches en ressources que la seule extraction », confirme Albert Zeufack, directeur régional de la Banque mondiale et co-rédacteur du rapport. « À cet égard, la ZLECAf et une plus grande intégration commerciale et économique régionale offrent une opportunité sans précédent de développer la chaîne de valeur de la mine au marché sur le continent, car le développement axé sur les ressources devient plus réalisable avec un meilleur accès à des marchés plus importants et la capacité de mettre en commun les ressources, les compétences et les avantages comparatifs. »

Quelles retombées pour l'industrie du cobalt en RD Congo ?
Quelles retombées pour l’industrie du cobalt en RD Congo ?

@AB

Écrit par
Aude Darc

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