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Ressources naturelles

La RD Congo promeut une filière cobalt responsable

La RD Congo promeut une filière cobalt responsable
  • Publiéavril 2, 2021

Au sein d’un secteur minier porteur, l’Entreprise générale du cobalt entend prendre la main sur l’exploitation artisanale. Ses activités veulent préserver et promouvoir en priorité le respect des droits humains, la sécurité et les normes environnementales.

Par Véronique Clara-Véronne

EGC, Entreprise générale du cobalt, a lancé officiellement ses activités, le 31 mars 2021. Sa mission est d’encadrer l’achat et la commercialisation du cobalt artisanal responsable en RD Congo. La filiale de Gécamines aura pour mission de réintégrer la production de cobalt artisanal dans le secteur formel – donc de fournir des revenus à l’État.

L’assainissement de la filière artisanale du cobalt est une étape cruciale de la structuration de cette filière en RD Congo. Le cobalt représente une opportunité clé pour améliorer le climat des affaires dans le pays et améliorer son attractivité économique.

Elle devra aussi responsabiliser un secteur minier souvent décrié pour ses conditions de travail et l’exploitation des enfants. Bref, mettre fin, si possible en six mois, à « un système mafieux », pour reprendre les termes de l’inamovible patron de Gécamines, Albert Yuma. ESG avait été créée par décret en novembre 2019 par le gouvernement de la RD Congo,

Ses « Normes d’exploitation minières responsables » définissent les fondements de son activité opérationnelle afin d’accompagner au mieux la création et la supervision de zones d’exploitation artisanale du cobalt sécurisées et strictement contrôlées. 

L’exploitation artisanale du cobalt constitue le moyen de subsistance de plus de deux millions de citoyens congolais et un moteur de croissance essentiel pour le développement économique du pays. En effet, le cobalt congolais représente plus de 63% de la production mondiale de cobalt, dont 20% provient de l’exploitation artisanale.

Un monopole responsable

Le marché bénéficie de la forte croissance de l’industrie des véhicules électriques et de la téléphonie. Les combinés mobiles 5G nécessitent 20% de cobalt en plus que les modèles 4G équivalents. La demande mondiale de cobalt pourrait doubler d’ici 2030, passant de 145 000 tonnes en 2020 à 290 000 t, avec une part grandissante de la RD Congo.

C’est pourquoi l’État congolais a créé EGC, précise le gouvernement dans un communiqué, « de sorte à préserver et promouvoir en priorité le respect des droits humains, la sécurité et les normes environnementales ».

Dans le cadre de cette stratégie de formalisation, EGC détient le monopole d’achat de tout le minerai de cobalt des sites artisanaux produit localement, avant son traitement ou sa transformation et sa commercialisation. Grâce à la stricte application des « normes EGC » et son encadrement, les acheteurs du cobalt et les institutions financières qui les soutiennent ont désormais la garantie que le cobalt fourni par EGC a été mis sur le marché de manière responsable.

EGC a structuré son activité autour de deux pôles stratégiques : un pôle production et un pôle commercialisation. Jean-Dominique Takis, directeur général, explique : « La phase de production de EGC couvrira l’extraction des minerais de cobalt par les miniers artisanaux depuis les zones d’exploitation artisanale, leur transit en centre de négoce et leur transformation dans des usines locales en hydroxyde de cobalt. »

Un secteur primordial

Dans le volet commercialisation, EGC s’associe avec Trafigura. Ce spécialiste mondial du négoce de matières premières accompagnera EGC et de ses partenaires dans le contrôle et la traçabilité associés à la production du cobalt, ainsi que dans la recherche d’acquéreurs industriels. Ce partenariat comprend aussi la création et le financement de zones minières artisanales, strictement contrôlées, ainsi que l’installation de stations d’achat de minerai, prévoyant transparence et traçabilité des coûts.

« Nous sommes tous engagés dans cette démarche et alignés sur une conviction commune ferme de collaborer en toute transparence avec toutes les parties prenantes », explique Jeremy Weir, PDG de Trafigura. Qui rappelle que le cobalt tient « un rôle primordial » dans la transition énergétique mondiale, tandis que l’exploitation minière artisanale fait vivre des milliers de personnes. « Nos efforts s’articulent autour d’une amélioration continue dans un contexte que nous reconnaissons tous comme étant complexe. Nous sommes convaincus qu’un secteur minier artisanal réglementé peut transformer des vies et servir de moteur à la croissance économique. »

Enfin, forte de ses partenariats avec plusieurs institutions gouvernementales dans une quarantaine de pays, l’organisation non-gouvernementale PACT contribuera à l’amélioration continue des normes d’exploitation minières responsables de EGC.

Bene M’Poko, ambassadeur de la RD Congo en Afrique du Sud, conclut : « EGC a pour mission de veiller à ce que la production artisanale et à petite échelle du cobalt soit entreprise conformément aux normes définies pour accroitre l’attractivité économique du pays et faire profiter aux citoyens congolais les richesses de leur environnement. » Le but de ces normes est bien d’ « assurer des conditions de travail décentes et de supprimer les principaux risques sociaux, éthiques, et environnementaux qui ont historiquement affecté la production artisanale du cobalt dans le pays », reconnaît l’ambassadeur.

VCV

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Par Véronique Clara-Véronne

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