Partenariats renforcés avec la Corée

La conférence Corée – Afrique débouche sur une série de partenariats ainsi qu’un appui de financement supplémentaire de 28,6 millions de dollars à la Banque africaine de développement. Laquelle envisage la sécurité alimentaire du continent à horizon cinq ans.
La septième conférence ministérielle de la coopération économique Corée – Afrique (KOAFEC), organisée conjointement par la BAD (Banque africaine de développement) et la Corée s’achève sur divers actes concrets. Ainsi que sur diverses promesses de coopérations mutuelles, en matière de santé, d’échange de savoir-faire, notamment.
Par exemple, la BAD et le gouvernement de la Corée ont signé deux accords de financement pour stimuler le programme de développement de l’Afrique d’un montant de 28,6 millions $.
Ce financement vient s’ajouter à un cofinancement de 600 millions $ au titre du Cadre d’investissement énergétique Corée – Afrique, conclu avec le gouvernement coréen en 2021. Ce cadre aide les pays africains à renforcer leurs capacités humaines et à développer leur secteur énergétique.
En 2020, le continent « n’était pas en mesure de fabriquer facilement ses propres désinfectants et équipements de protection. Nous ne pouvons pas continuer à externaliser la santé des Africains en la soumettant à la bienveillance d’autrui », juge Akinwumi Adesina.
Ce nouveau financement soutiendra principalement l’accès à l’énergie, la transformation agricole et le renforcement des connaissances et des capacités dans plusieurs pays africains. Le financement sera déboursé en trois tranches de 4,6 millions $ en 2023, 24 millions $ en 2024 et 2025, en faveur de la BAD.
Signataire de l’accord aux côtés d’Akinwumi Adesina, président de la BAD, Kyungho Choo, ministre coréen de l’Économie et des finances a présenté la Corée comme « un véritable partenaire pour les pays africains », ajoutant que son gouvernement ferait de son mieux pour contribuer à la croissance et au développement durables de l’Afrique.
De son côté, Akinwumi Adesina a déclaré que ce financement supplémentaire de la Corée arrivait « à point nommé », au moment même où le pays célèbre le 40e anniversaire de son adhésion à la BAD.
« La relation entre la Corée et l’Afrique est unique », a-t-il déclaré. « Il y a beaucoup à apprendre de la Corée, qui est passée de pays pauvre dépendant de l’aide internationale à un pays donateur en l’espace d’une seule génération. »
L’autoroute africaine de l’information
Un second accord, conclu entre la BAD et Statistics Korea, renforcera la coopération en matière de statistiques et améliorera la capacité des pays africains à produire des données de qualité. En vertu de cet accord, les deux institutions travailleront ensemble pour sensibiliser aux questions statistiques et partager de nouvelles sources de données et méthodes pour améliorer la qualité des statistiques, y compris les mégadonnées (Big data).

Le document de l’accord identifie des domaines de coopération possibles, tels que l’autoroute de l’information africaine de la BAD pour une prise de décision fondée sur des données probantes. L’autoroute de l’information africaine est un mégaréseau de plateformes de données ouvertes reliant électroniquement tous les pays africains et 16 organisations régionales.
Les chiffres de la BAD indiquent que le Fonds fiduciaire de la coopération économique Corée Afrique est le plus important des fonds fiduciaires bilatéraux actifs de la Banque en termes de contributions reçues et de taille du portefeuille. Le fonds, qui avait reçu 108 millions $ de contributions au 31 décembre 2022, a financé 203 projets depuis sa création.
D’autre part, la Corée et la BAD renforcent leur partenariat pour aider les pays africains à atteindre la sécurité alimentaire en cinq ans et stimuler la capacité du continent à produire ses propres vaccins et autres produits pharmaceutiques.
D’ailleurs Akinwumi Adesina « a toutes les raisons de croire » que l’Afrique atteindra rapidement l’autosuffisance alimentaire, et certainement d’ici à cinq ans.
La BAD, en collaboration avec le centre de recherche AfricaRice, a récemment lancé le programme REWARD (Développement régional de la riziculture en Afrique de l’Ouest), d’un montant de 650 millions $, dans 16 pays d’Afrique de l’Ouest. Dans le cadre de ce programme, un million d’agriculteurs s’emploieront à cultiver jusqu’à 750 000 hectares de terres pour produire 53 millions de tonnes de riz en cinq ans.
Pour sa part, la Corée, par le biais de son initiative K-Ricebelt, travaillait avec huit pays africains pour produire 10 000 tonnes de riz, soit suffisamment pour nourrir 30 millions de personnes. Le pays prévoit d’investir jusqu’à 100 millions $ dans le projet d’ici à 2027.
Nourrir l’Afrique
Ces deux initiatives, a révélé le président de la BAD, devraient travailler ensemble sur l’ensemble du continent et rendre l’Afrique autosuffisante en matière de production de riz dans un délai de cinq ans.
« Nous disposons des technologies, des semenciers, des systèmes d’approvisionnement en intrants qui utilisent la technologie numérique pour la distribution et nous disposons également de financements à grande échelle. Fusionnons les deux initiatives pour travailler dans le cadre de la plateforme Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT) de la BAD », a déclaré Akiwumi Adesina. TAAT a été lancée en 2018 dans le cadre de la stratégie « Nourrir l’Afrique » de la BAD, afin d’exploiter des technologies éprouvées et d’accroître la productivité agricole à travers l’Afrique.
Tout en augmentant la productivité pour réduire la dépendance à l’égard des importations de denrées alimentaires, il était important de veiller à ce que la qualité du riz produit localement soit équivalente à celle des produits importés.
Akinwumi Adesina a précisé : « Nous devons également combler l’écart de compétitivité en investissant dans les infrastructures de transformation du riz, en veillant à ce que les zones de production soient proches des usines de traitement afin de réduire les coûts de transport qui finissent par faire gonfler le prix de ces produits. » Il est prévu d’inviter davantage de pays africains à participer à l’initiative de la K-Ricebelt et à investir dans les infrastructures de soutien.
En matière de vaccin, la BAD considère que l’Afrique « avait tiré une leçon essentielle » de la pandémie de Covid-19. « Le continent a été pris au dépourvu », a déploré Akinwumi Adesina. « Il n’était pas en mesure de fabriquer facilement ses propres désinfectants et équipements de protection. Nous ne pouvons pas continuer à externaliser la santé des Africains en la soumettant à la bienveillance d’autrui. »
D’où le soutien demandé à la Corée auprès de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique. Une initiative créée en 2022 pour servir d’intermédiaire transparent, promouvoir et défendre les intérêts du secteur pharmaceutique africain auprès des entreprises pharmaceutiques mondiales et d’autres entreprises pharmaceutiques du sud, afin de partager les technologies, le savoir-faire et les processus brevetés protégés par la propriété intellectuelle.

AD, d’après comptes rendus de la BAD.
@AB