Opération séduction vers les États-Unis

Le récent Sommet des affaires États-Unis–Afrique à Marrakech a été l’occasion d’affirmer les atouts du continent pour les investisseurs internationaux. Aux plans économiques et diplomatiques, les deux parties doivent resserrer leurs liens.
Par Kimberley Adams
Une nouvelle fois, le président de la BAD (Banque africaine de développement) a tenté de rassurer les opérateurs américains. L’Afrique est un marché sûr, compétitif et rentable, a-t-il martelé, lors du sommet économique Afrique États-Unis de Marrakech. Akinwumi Adesina a invité les investisseurs américains de considérer l’Afrique comme une destination d’investissement logique et à s’y engager dans un partenariat gagnant-gagnant.
« Il est temps pour l’Afrique de récolter les fruits de ses potentialités, de jouer un rôle central et naturel sur la scène internationale et dans les développements majeurs qui se produisent au niveau mondial », juge Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères.
Le US Corporate Council on Africa s’est associé au Maroc pour organiser ce sommet sur le thème « Building Forward Together » (« Bâtir l’avenir ensemble »). Investisseurs et dirigeants d’entreprise du monde entier y assistaient. Parmi les dignitaires et dirigeants à avoir répondu à l’invitation, figuraient le président du Botswana Mokgweetsi Masisi et la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, qui s’est adressée aux délégués via un message vidéo. Elle a notamment détaillé la décision du président Joe Biden d’organiser un Sommet États-Unis Afrique, à Washington, en décembre (lire en rubrique Agenda). Elle a reconnu le besoin de renforcer les liens entre l’Afrique et les États-Unis.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des expatriés Nasser Bourita, la directrice générale du Millennium Challenge Corporation américain Alice Albright, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc Chakib Ali, et la directrice générale du NEPAD, l’agence de développement de l’Union africaine, Nardos Bekele-Thomas étaient également présents. Plus de 400 représentants d’entreprises et de gouvernements ont eu l’opportunité d’échanger sur le renforcement des liens commerciaux, d’investissement et de commerce entre les États-Unis et l’Afrique.
« Nous nous concentrons sur le besoin urgent d’augmenter la production et les exportations alimentaires avec et au sein de l’Afrique », a indiqué la vice-présidente américaine Kamala Harris. Elle de souligner combien les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle clé à cet égard.
Les voies de la prospérité
Akinwumi Adesina a énuméré quelques-uns des investissements se chiffrant à plusieurs milliards de dollars en Afrique qui témoignent du potentiel d’investissement du continent. Il a ainsi cité la raffinerie de pétrole et le complexe de production d’engrais du groupe Dangote au Nigeria, d’une valeur de 20 milliards de dollars, et le groupe MTN d’Afrique du Sud, qui opère aujourd’hui sur 19 marchés.
Malgré les vents contraires, le nombre d’opérations de capital-investissement en Afrique est passé de 230 en 2019 à 255 en 2020, a indiqué le président de la BAD, selon qui « les opportunités ne cessent d’abonder en Afrique ».
Sur ces seules six dernières années, la banque de développement avait engagé plus de 44 milliards de dollars dans les infrastructures du continent – dans les secteurs des transports, de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, notamment. Akinwumi Adesina a toutefois relevé que l’Afrique est toujours confrontée à un déficit annuel de financement des infrastructures de l’ordre de 68 à 108 milliards $.
« Nous sommes tous ici mobilisés pour créer davantage de voies vers la prospérité sur le continent africain », a déclaré Alice Albright, du Millennium Challenge Corporation. Qui a vanté les mérites de Prosper Africa, l’initiative du gouvernement américain visant à accroître le commerce et les investissements et à promouvoir le développement durable sur le continent. Avec ce programme « et nos efforts collectifs, nous renforçons les partenariats pour garantir que les populations des deux côtés de l’Atlantique aient la possibilité d’une vie meilleure pour leurs enfants, leurs familles et leurs communautés, et de réaliser pleinement leur potentiel ». Depuis le lancement de Prosper Africa, voici deux ans, le gouvernement américain a soutenu 800 accords de commerce et d’investissement bilatéraux dans 45 pays d’Afrique, pour une valeur estimée à 50 milliards $.
Akinwumi Adesina a invité les entreprises américaines à investir dans les opportunités ouvertes par la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard $, conçue pour atténuer l’impact de la crise alimentaire mondiale actuelle. Cette facilité, la première en son genre, entend aider les pays à acquérir et à distribuer les engrais et semences agricoles, à fournir un soutien d’urgence les prochaines saisons de plantation, à accroître de 30 % leur production alimentaire et produire l’équivalent de 12 milliards $ de denrées alimentaires.
Dans son discours d’ouverture, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que jamais le moment n’avait été aussi opportun pour renforcer la coopération entre l’Afrique et les États-Unis. « Il est temps pour l’Afrique de récolter les fruits de ses potentialités, de jouer un rôle central et naturel sur la scène internationale et dans les développements majeurs qui se produisent au niveau mondial », a-t-il déclaré.
@AB
OCP soutient l’agriculture du continent