O2 s’implante en Côte d’Ivoire

Le groupe français de services à la personne O2 a choisi Abidjan pour prendre pied en Afrique, sous la direction de la Franco-Ivoirienne Maleka Bamba. Un choix de pays qui ne doit rien au hasard.
L’information est passée quelque peu inaperçue, sauf auprès de la presse professionnelle. O2, leader français en matière de services à la personne, a choisi la Côte d’Ivoire comme première implantation en Afrique. La première agence continentale de cette société très réputée en France est dirigée par la Franco-ivoirienne Maleka Bamba.
Créée à la fin des années 1990 et issue de regroupement de plusieurs sociétés ces dernières années, O2 regroupe aujourd’hui une dizaine de marques, toutes orientées dans les services à la personne : ménage-repassage, garde d’enfants, soutien scolaire, jardinage, accompagnement des séniors et des handicapés. Le groupe compte 500 agences en France dont 300 sous franchise.
« En Côte d’Ivoire, le secteur des services à la personne n’est pas encadré ; 99% des salariés de ce secteur étant des femmes, cela peut générer des situations dramatiques à cause d’abus de tous genres. »
Son fondateur et PDG, Guillaume Richard, considère que le moment est venu d’exporter le savoir-faire de ses équipes dans le monde entier. L’ambition est claire : devenir le leader mondial des services à la personne d’ici à 2035.
Après un cursus universitaire en France, Maleka Bamba a commencé sa carrière professionnelle dans le milieu bancaire. Animée par une volonté de retour aux sources en Côte d’Ivoire et d’entreprendre dans le domaine des services à la personne, elle a choisi de s’appuyer sur l’expertise d’O2 pour créer une licence et développer la marque dans le pays. « Un contrat de licence de marque permet d’importer la méthode O2 en Côte d’Ivoire et de nous en inspirer selon les spécificités de notre pays. Ici, nous ne parlons pas de services à la personne mais de services domestiques. Les mêmes offres qu’en France seront proposées mais nous ajoutons des prestations de cuisinier et de pré et post-partum dans le cadre d’une aide autour de la naissance d’un enfant. »

Guillaume Richard précise : « En tant qu’Ivoirienne, Maleka Bamba sera en mesure d’établir sa propre méthode O2, adaptée à la réalité du terrain en Côte d’Ivoire. Il était hors de question d’imposer une méthode française à une population dont les habitudes et les attentes sont différentes. »
Une mission économique et sociétale
Le groupe français entend capitaliser sur le dynamisme de la Côte d’Ivoire, qui contribue à elle seule à 40% du PIB de l’UEMOA.
Sa population jeune (trois-quarts est âgée de moins de 35 ans) aspire à se former et à travailler à l’étranger, d’où un nombre d’émigrés dans le monde qui s’élève à 1,15 million en 2020.

La Côte d’Ivoire, en pleine expansion économique avec un modèle familial qui évolue et des jeunes qui partent explorer les opportunités professionnelles à l’étranger, connaît une forte mutation des mentalités, considère le groupe. Les besoins de la population évoluent et les services à la personne s’intègrent complètement dans cette mutation et ces nouveaux besoins. Dès lors, O2 souhaite accompagner cette évolution en proposant tous ses services et en prenant soin des aînés de ces familles dont les enfants partent exercer une profession à l’étranger.
L’objectif est aussi sociétal : au-delà de lutter contre le travail au noir en proposant un service à la personne encadré par un contrat de travail, O2 entend apporter son soutien au travail féminin. « Déjà fortement impliquée dans la cause féminine en venant en aide aux femmes victimes de violences, O2 et par extension, O2 Côte d’Ivoire, souhaitent valoriser et aider les femmes à travailler et s’épanouir grâce à une activité professionnelle riche », précise un communiqué.
« En Côte d’Ivoire, le secteur des services à la personne n’est pas encadré ; 99% des salariés de ce secteur étant des femmes, cela peut générer des situations dramatiques à cause d’abus de tous genres. Cet encadrement permet de rassurer toutes les parties et de s’inscrire dans une démarche sérieuse et professionnelle », juge Maleka Bamba.
La professionnalisation du travail féminin s’inscrit comme un vecteur d’évolution en Afrique et en Côte d’Ivoire. Le secteur des services à la personne peut se révéler un vecteur de choix pour cette préconisation quand en France, O2 recrute 90% de femmes avec 76% de cadres.
Maleka Bamba envisage l’ouverture d’une dizaine d’agences O2 en Côte d’Ivoire d’ici quelques années : « Ce type d’aventure est un enrichissement qui me permet d’apprendre de l’humain. Je crois profondément en la réussite de ce projet au caractère social et sociétal ».
@AB