Le Tchad mise sur les technologies de l’information

À la suite d’un accord de financement avec la Chine, le Tchad lance son projet de modernisation des infrastructures de communication. Qui prévoit la création d’un « data center » au cœur de N’Djamena.
Par Kimberly Adams
Le ministre d’État, secrétaire général à la présidence, Kalzeubé Pahimi Deubet a posé la première pierre du futur Centre national des données, ce 7 juillet. La cérémonie marque également le lancement officiel du Projet de modernisation des infrastructures de communications électroniques au Tchad.
Ces infrastructures pourraient constituer une aubaine pour les Tchadiens. Lesquels pourraient bénéficier d’une meilleure connexion à l’Internet à faibles coûts. Elles pourraient accompagner la diversification de l’économie et l’essor du secteur privé.
Premier du genre dans le pays, ce projet porte sur environ 114 milliards de F.CFA (près de 174 millions d’euros). Il sera financé dans le cadre d’un partenariat entre le Tchad et la Chine. Il couvrira douze régions du pays. Un projet qui selon le maire de la ville de N’Djamena, Oumar Boukar, « impactera positivement les institutions de la cité capitale ».
De son côté, l’ambassadeur de Chine au Tchad, Li Jin Jin, considère que la science et la technologie humaine se résument à l’énergie et à l’information. « Les pays qui savent faire usage des outils technologiques ont plus de chance à gagner en avenir et même à réaliser un dépassement dans le développement », a t-il déclaré lors de la cérémonie.
Un maillage important du territoire
La modernisation des infrastructures de communications électroniques permettra de rendre l’usage des TIC accessible à tous, et favorisera le développement de l’économie ainsi que les échanges entre les villes du pays. Telle est le message que veut faire passer le ministre des Postes, des nouvelles technologies de l’Information et de la communication, Idriss Saleh Bachar.
En effet, le projet vise à combler les déficits de connectivité, a rappelé Kalzeubé Pahimi Deubet. L’amélioration de la couverture du réseau permettra une extension plus fine du réseau sans fils des principales villes. L’opération permettra ainsi d’attirer les abonnés sur le marché. « C’est une stratégie de créer un marché dynamique de télécommunication, dont l’objectif principal est de renforcer la concurrence des opérateurs au profit des consommateurs. »
Ce projet inédit fait suite à la signature, au printemps, d’un accord de prêt préférentiel entre le Tchad et la Banque export-import de Chine (Eximbank). Soit un montant d’environ 111,4 milliards de F CFA remboursable sur vingt ans avec un taux d’intérêt de 2%.
Concrètement, le projet de modernisation des infrastructures de communications électroniques prévoit l’installation de 775,54 km de fibre optique sur l’axe Abéché, Biltine, Arada, Kalaït, Manda, Itou, Kaoura et Amdjarass et 88,1 km de maillage urbain. Quelque 1 200 km de fibre optique sont prévus, à moyen terme, dans le pays.
Ce projet d’envergure a pour ambition la participation massive du secteur des TIC au développement économique et social du Tchad. Il s’articule autour de trois composantes à savoir l’implémentation de 200 antenne-relais GSM sur l’ensemble du territoire, le déploiement d’un réseau à fibre optique de près de 2 000 km et donc, la construction d’un grand centre pour la sécurisation des données.
Une étape dans le développement du pays
Ce bâtiment aura une superficie de 2000 m2 répartis sur quatre étages, dans la capitale. Ce centre est nécessaire au traitement et au stockage des données numériques. Si le centre ne sera pas une première sur le continent, il faut rappeler que l’Afrique compte peu de structure physique de serveur de données, aujourd’hui.
Ce manque est dénoncé par les experts qui pointent l’absence de souveraineté des pays africains dans un domaine aussi sensible que le traitement et la conservation des données. Quant à la ville de N’Djaména, elle bénéficiera de 50 Km de maillage permettant de connecter 1000 gros clients.
« L’aboutissement de ce projet mettra, sans nul doute, le Tchad sur la route du développement du numérique », précise l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l’Arcep.
Ces infrastructures, une fois installées, seront une aubaine pour le Tchad et ses populations. Lesquelles pourraient profiter d’un meilleur accès à l’Internet et de coûts de connexion plus bas. Plusieurs domaines d’activité pourraient aussi profiter des possibilités qu’offre cette enveloppe pour l’innovation.
Selon le ministre de l’Économie et de la planification du développement, Issa Doubragne, ce projet permettra au pays de diversifier son économie. Et aussi de créer davantage d’emplois et permettre au secteur privé de prendre son envol avec le numérique.