Macky Sall déplore des infrastructures « sous-financées »

Intervenant au sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique, le président du Sénégal a regretté que celles-ci soient tributaires de règles venues d’ailleurs. Le sommet étudie 69 projets d’infrastructures, d’une valeur de 160 milliards de dollars.
Des chefs de gouvernement africains, la BAD (Banque africaine de développement), des institutions de financement du développement et des investisseurs institutionnels se retrouvent à Dakar pour déterminer comment mener 69 projets d’infrastructures à terme d’ici à 2030.
Ces projets présentés s’inscrivent dans le cadre du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), un plan de développement des infrastructures qui vise à accroître la compétitivité et l’intégration économique du continent. Provenant des cinq régions d’Afrique, sis ont mis en œuvre par des organismes régionaux et des unions régionales, comme la CEDEAO, le COMESA et la SADC.
L’un des projets PIDA les plus connus est celui de l’autoroute Abidjan-Lagos, évalué à 15,6 milliards de dollars. Longue de 1 081 kilomètres, l’autoroute reliera Abidjan à Lagos, via Accra, Lomé et Cotonou, le long de la côte ouest-africaine.
Au cours d’une table ronde en compagnie de Marie-Laure Akin-Olugbade (BAD), de Benedit Oramah (Afreximbank), du président rwandais Paul Kagame et du Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly, le président du Sénégal n’a pas masqué une certaine impatience. Macky Sall a déploré que les infrastructures soient « sous-financées » en Afrique, en partie à cause des mécanismes de financement imposés aux pays africains. « Les infrastructures restent encore sous-financées en volume et mal financées en termes de taux d’intérêt et de délais de remboursement », considère celui qui est aussi président en exercice de l’Union africaine. Ainsi, dans les financements à l’exportation, les taux d’intérêt sont de l’ordre de 2%-3%. « Si ces taux apparaissent faibles, il faut y ajouter 10% voire 12% de taux d’assurance ! », s’indigne-t-il. Macky Sall s’en est pris directement aux agences de notations qui ont une perception faussée du risque en Afrique. « La problématique du financement restera entière tant que perdurent les règles de la gouvernance économique et financière mondiale actuelle, qui entravent l’accès des pays africains à des ressources conséquentes et à des conditions soutenables », considère le Président.
« Macky Sall fait Ter la polémique »
Un article du Figaro, fin janvier, faisait état d’importants retards, en matière de rentabilité, du TER de Dakar, inauguré en 2022. Le quotidien prétendait que ce TER, de facto, était propriété de la française SNCF. Ce qu’ont démenti les autorités sénégalaises, Macky Sall en tête. « Ces polémiques sans lendemain freinent l’Afrique ; le TER est une propriété exclusive du Sénégal », a déclaré le Président, qui a fustigé « ceux qui n’ont rien à faire que de peindre en noir les efforts ». Le TER aurait coûté plus de 700 milliards de F.CFA aux contribuables sénégalais (1,07 milliard d’euros). À la mi-janvier, l’État du Sénégal a confié la gestion et la maintenance du TER à la SNCF, préférée à une autre société française, Meridiam, qui présentait pourtant une offre moins chère. « Macky Sall fait Ter la polémique », plaisante la presse sénégalaise.
De son côté, le président Paul Kagamé a souhaité que le sommet de Dakar permette de relancer des financements mixtes, publics et privés. Quelques grands chantiers sont au menu.
Par exemple, le projet de point de présence de Fibre optique sous-marine transfrontalière, ainsi que le projet de centre régional intelligent et de centre de données, qui fournira une connectivité à 285 millions de personnes, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, au Soudan du Sud, en Tanzanie et en Ouganda.
L’apport de la BAD
De même, est étudié le projet énergétique de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG Energy Project), qui implique quatre pays : Gambie, Guinée, Guinée-Bissau et Sénégal. Il porte notamment sur la gestion rationnelle des ressources communes des fleuves Gambie, Kayanga-Géba et Koliba-Corubal, dont les bassins ont un potentiel de production d’électricité.
Sans oublier le site hydroélectrique de Baynes, un projet énergétique qui profitera à l’Angola, au Botswana, à la RD Congo, à l’Eswatini, au Lesotho, au Malawi, au Mozambique, à la Namibie, à l’Afrique du Sud, à la Tanzanie, à la Zambie et au Zimbabwe.

De son côté, la BAD a alloué plus de 7 milliards de dollars de financement aux projets du PIDA dans le cadre du premier plan d’action prioritaire (2012-2020). Avec près de 9 milliards $ consacrés ces quinze dernières années aux programmes et projets d’infrastructure prioritaires de l’Afrique, dans le cadre du programme d’infrastructures du NEPAD, la BAD se révèle être le principal bailleur de fonds, avec plus de 50 % du total des financements assuré.
L’un des projets PIDA les plus connus à bénéficier du soutien de la BAD est celui de l’autoroute Abidjan-Lagos, évalué à 15,6 milliards de dollars. Longue de 1 081 kilomètres, l’autoroute reliera Abidjan à Lagos, via Accra, Lomé et Cotonou, le long de la côte ouest-africaine. L’axe Abidjan-Lagos concentre près de 75 % des activités commerciales de l’Afrique de l’Ouest.
Enfin, la BAD a fourni 50 millions $ d’assistance technique et financière au gouvernement de la RD Congo, pour développer le projet de production hydroélectrique INGA 3, dont le potentiel pourrait transformer le pays en plus gros exportateur d’énergie renouvelable d’Afrique.
@AB
Le barrage de Katse, au Lesotho (photo : AUDA-Nepad).