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African Business

L’interconnexion régionale au cœur du modèle économique

L’interconnexion régionale au cœur du modèle économique
  • Publiéavril 30, 2020

Aéroports, routes, voies ferroviaires…Djibouti renforce ses axes de communication et par la même occasion son positionnement de carrefour des échanges dans la région. Quinze milliards de dollars d’investissements sont programmés.

Par DBM

En novembre 2019, les autorités djiboutiennes annonçaient la construction d’une nouvelle route vers l’Éthiopie. Financée par des fonds koweïtiens, elle est baptisée « Cheikh Sabah », du nom de l’émir du Koweït. La route doit relier, sur 112 kilomètres, Tadjourah, la deuxième ville du pays, à Balho, à la frontière éthiopienne avant de rejoindre Mekele, au nord de l’Éthiopie.

Elle sera en mesure d’accueillir des camions de 60 tonnes, désengorgeant la Route nationale 1, qui relie la capitale à la frontière éthiopienne. Ce nouvel axe routier « Nord » est destiné à offrir un second corridor aux flux des marchandises. Leur volume double chaque année et ne se limite plus à l’écoulement de la potasse du Tigré et du pays Afar, en provenance de l’Éthiopie.

Pour renforcer la compétitivité du hub djiboutien, par rapport aux ports régionaux, cet axe routier doit concourir aux nouvelles ambitions djiboutiennes, à savoir se positionner comme le pivot des échanges de la Corne de l’Afrique, et porter ses capacités à 100 millions de tonnes de marchandises par an.

Quinze milliards de dollars seront investis ces cinq prochaines années pour améliorer l’infrastructure et le réseau de transports de Djibouti. Cette stratégie innovante mer-terre-ciel de multiplication des chantiers renforce ces axes de communication, à la fois routier, ferroviaire et aérien.

Un train 100% électrique

L’Éthiopie, le pays voisin impacte toute l’économie djiboutienne avec son marché de plus de 100 millions de consommateurs. La ligne ferroviaire Djibouti – Addis-Abeba a été ouverte en 2017. La voie ferrée comme le port de Djibouti ont été construits il y a un siècle, en 1917.

Le port a été remis à niveau par plusieurs opérations de modernisation alors que le chemin de fer avait besoin d’être entièrement revu. Un investissement de 4 milliards $ a été nécessaire pour construire une toute nouvelle ligne 100% électrique. Objectif : faire transiter 50 % de fret éthiopien arrivant aux ports de Djibouti et de Doraleh vers sa destination finale, Addis-Abeba. Soit 5 millions de tonnes par an.

L’Agence djiboutienne des routes est dotée des moyens nécessaires pour renforcer et améliorer l’état des infrastructures routières, clé de voûte de la compétitivité de Djibouti dans la Corne de l’Afrique.

En matière de transport de voyageurs le confort, le coût (20 euros) et la durée du voyage (10 heures au lieu de 48 heures pour l’ancien train entre Djibouti et Addis-Abeba) attirent jusqu’aux diplomates étrangers qui voyagent entre les deux capitales.

La compagnie nationale Air Djibouti est détenue à hauteur de 70 % par l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti et à 30 % par la compagnie britannique Cardiff Aviation. Elle s’est dotée d’une nouvelle flotte (deux Embraer E145, un Boeing 737-500 et un Airbus A320, récemment acquis en leasing).

Gros apport de la Chine

Elle dessert la Somalie, le Somaliland, l’Éthiopie, le Yémen et l’Arabie saoudite en attendant Dubaï et le Caire d’ici 2021. Avec un objectif de 240 000 passagers d’ici un an, Air Djibouti mise sur l’aéroport international Ahmed Dini Ahmed, près de l’archipel des Sept-Frères et sur l’aéroport international Hassan Gouled Aptidon à Bicidley. Ils doivent multiplier par huit les capacités de transport aérien du pays, actuellement de 900 000 passagers.

Alors que Djibouti figure sur la Nouvelle route de la Soie, comme porte d’entrée du marché africain, la Chine a investi 15 milliards de dollars depuis 2008 dans les nouvelles infrastructures portières, aériennes et numériques du pays. Ces nouvelles infrastructures ont eu un impact considérable sur l’économie du pays.

Les investissements ont contribué à la hausse enregistrée des activités commerciales. Ainsi, le volume de conteneurs traités à Djibouti a affiché une croissance de 8,3% au cours des sept premiers mois de 2019, s’élevant à 520 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), tandis que le volume des cargaisons en vrac s’est accru de 17,7% sur la même période pour atteindre 3,5 millions de tonnes. « Le boom des investissements dans les infrastructures pourrait faire de Djibouti une plateforme régionale pour l’Afrique de l’Est, créer des emplois et aider à revenir à un niveau soutenable d’endettement », indique le FMI. Chiffres à l’appui : depuis 2016, la croissance, supérieure au 6%, est tirée par les investissements publics.

Des routes rénovées

Et si le montant de la dette augmente en raison de ces infrastructures, le gouvernement n’est pas décidé à en ralentir le rythme. Un troisième corridor est en cours de construction au sud du pays, vers Galilée et la ville éthiopienne de Dire Dawa. Ces nouvelles liaisons participent au développement de pôles régionaux, autour de Tadjourah et d’Obock, et à la déconcentration de l’activité économique.

Priorité des autorités pour l’heure, les voies routières. L’Agence djiboutienne des routes est chargée de la mise en œuvre des travaux de construction, d’entretien et de réhabilitation du réseau routier national. Elle est ainsi dotée des moyens nécessaires pour renforcer et améliorer l’état des infrastructures routières du pays, clé de voûte de la compétitivité djiboutienne dans la Corne de l’Afrique.

Enfin, plus ambitieux encore, le projet de chemin de fer transafricain qui doit traverser tout le continent en transportant des personnes et des marchandises, un vieux rêve africain…

Écrit par
Par Dounia Ben Mohamed

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