x
Close
African Business

L’innovation et la jeunesse vont vers l’agriculture

L’innovation et la jeunesse vont vers l’agriculture
  • Publiémai 11, 2023

Orienter les jeunes vers les métiers innovants de l’agriculture est un des défis de l’Afrique. En Côte d’Ivoire, le programme Enable Youth encourage les jeunes diplômés et les innovateurs à démarrer leurs affaires et à retourner à la terre.

 

Le Projet d’emplois des jeunes en agrobusiness en Côte d’Ivoire (« Enable Youth Côte d’Ivoire ») forme la nouvelle génération de jeunes agriculteurs et agripreneurs capables de soutenir la transformation structurelle de l’agriculture par l’innovation technologique. L’initiative encourage également les jeunes diplômés à retourner à la terre. De nombreux jeunes Ivoiriens, âgés de 21 à 37 ans, d’un niveau minimum Bac + 2, constituent la première promotion de la phase d’incubation du projet. Ce programme national bénéficie du soutien financier de la BAD (Banque africaine de développement) à hauteur de 1,4 million d’euros.

« On peut dire que nous sommes fin prêts pour attaquer le marché parce que nous avons une stratégie bien élaborée, nous avons fait une bonne étude de marché et des tests-produits. »

Outre une formation de six mois, le projet fournira une partie du financement à vingt jeunes « incubateurs » pour leur permettre de démarrer leurs affaires.

Si la Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao dans le monde, son agriculture vivrière y occupe une place de choix. Les autorités souhaitent désormais une transformation locale des produits agricoles afin de créer de la valeur ajoutée à l’économie, laquelle demeure parmi les plus dynamiques au monde.

Viviane Kakou, titulaire d’une maîtrise en géographie, ne voulait pas d’une vie professionnelle dans un bureau. Elle a choisi l’agriculture par passion et son rêve de devenir agripreneur prend corps. « Quand j’étais en année de licence, relate la jeune femme, je travaillais sur l’économie rurale chez les femmes d’Afféry, dans le département d’Adzopé (sud-est). J’ai commencé à apprécier l’agriculture et je me suis dit que je pourrais y gagner ma vie. J’y suis donc venue de façon volontaire. »

Depuis bientôt six mois, la jeune femme célibataire, âgée de 37 ans, suit une formation à l’École supérieure d’agronomie (ESA) de Yamoussoukro (centre), chargée de mettre en œuvre le projet.

« Dans l’agriculture, il y a beaucoup d’autres opportunités ; je recommande aux jeunes de s’y engager », affirme Viviane Kakou.
« Dans l’agriculture, il y a beaucoup d’autres opportunités ; je recommande aux jeunes de s’y engager », affirme Viviane Kakou.

 

Elle travaille sur la chaîne de valeur du manioc. « J’ai choisi de travailler dans l’agriculture vivrière parce je pense que le manioc, c’est de l’or blanc ! » En 2017, elle s’est rendue au Brésil afin de suivre une formation dans le domaine du manioc. « Le premier dérivé du manioc, ici, c’est l’attiéké. Mais il y a tellement de produits dérivés du manioc à exploiter », relève-t-elle, forte du soutien d’Enable Youth pour créer sa PME.

« Ce projet est important car il crée des conditions optimales à l’entreprenariat agricole par l’appui au renforcement des capacités, la promotion des professionnels de l’agriculture et le financement des projets des jeunes », se félicite le directeur de l’ESA, Siaka Koné.

En Côte d’Ivoire, la part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active se situait entre 70% et 90 % en 2018. L’objectif du projet Enable Youth Côte d’Ivoire est de renforcer la capacité des jeunes diplômés à créer des entreprises dans les chaînes de valeurs agricoles. « Par le biais d’incubateurs de projets en agro-business, les jeunes seront formés aux compétences du métier d’agriculteur moderne. Après incubation, les diplômés recevront un appui pour le financement de leurs entreprises », détaille Siaka Koné.

 

De multiples débouchés

Outre la production agricole et animale, les jeunes bénéficiaires du projet pilote de d’Enable apprennent aussi les métiers de la transformation et du e-commerce. Ils travailleront notamment dans la production et la transformation du manioc en farines, en attiéké et d’autres produits dérivés, ou du déchet liquide du manioc en éthanol. Sans oublier la production et la transformation du piment en purée et en poudre, la production en contre saison de banane plantin ou encore la production de cailles et d’œufs de caille. D’autres interviennent aussi dans la production de champignon pleurote ou ganoderma ou dans l’élevage de lapins ou de pintades.

Gninlnagnon Koné, ingénieur en gestion d’entreprise agricole, a tout tenté pour monter son entreprise, sans succès…jusqu’à ce que le Projet Enable Youth Côte d’Ivoire se présente. Et le voilà désormais promoteur de sa marque de farine spécialisée.

« Quand je suis devenu ingénieur j’ai réalisé que nos producteurs agricoles étaient toujours confrontés aux mêmes difficultés liées à la transformation de leurs produits. Les gens travaillent, mais à la fin, leurs produits sont mal valorisés et mal achetés. Cela m’a donné envie de changer les choses. J’ai décidé de transformer ces produits pour leur apporter une plus-value et permettre aux paysans de mieux vivre du fruit de leur labeur. »

Dénommée « Chérubins », ce complément alimentaire pour bébé est une farine faite à base de riz et de souchets. « Il contient d’autres produits agricoles afin de faire la différence avec les multitudes d’autres compléments alimentaires qui existent sur le marché ivoirien dominé surtout par les majors », s’empresse d’ajouter Gninlnagnon Koné, en bon promoteur de son produit.

« C’est une farine infantile fortifiée, faite 100 % à base de produits agricoles locaux très riches. C’est une farine qui respecte toutes les normes de l’OMS en matière de nutriments infantiles. C’est une farine qui est identique à toutes les farines infantiles importées qui inondent nos marchés. »

 

Penser business

Conditionnée dans des sachets de 200 grammes et empaquetés dans de jolis petits cartons bleus affublés de graines de souchets et de riz, sa farine est faite à base de riz complet ou le riz noir riche en fibre mais aussi un excellent antioxydant.

Le riz est combiné avec d’autres céréales produites localement comme le souchet et le soja. Cela permet de donner des lipides, des protéines et des glucides à la farine, explique M. Koné. 

« Nous utilisons aussi comme compléments minéraux et vitaminés d’autres produits locaux tels que le bissap, le moringa, la carotte, la mangue et parfois du gingembre pour apporter un arôme particulier à cette farine qui est très excellente au goût », assure celui qui se projette déjà comme un futur « grand » chef d’entreprise.

Gninlnagnon Koné rêve de détrôner les majors des compléments alimentaires en Côte d’Ivoire.
Gninlnagnon Koné rêve de détrôner les majors des compléments alimentaires en Côte d’Ivoire.

 

Pour faire la différence avec ses futurs concurrents, un petit bavoir recouvre le sachet de 200 grammes de farine alimentaire lorsqu’on ouvre le carton.

« Nous avons étudié le marché de farines infantiles et nous avons pu définir une stratégie qui nous permettra de pénétrer ce marché en tenant compte des aspirations des consommateurs. On peut dire que nous sommes fin prêts pour attaquer le marché parce que nous avons une stratégie bien élaborée, nous avons fait une bonne étude de marché et des tests-produits. Le tout étant concluant nous pouvons concurrencer ceux qui sont déjà sur le marché », se félicite Gninlnagnon Koné.

AD, d’après compte rendus de la BAD.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *