Les producteurs subsahariens de pétrole affichent leurs ambitions

En plus des grands producteurs comme le Nigeria et l’Angola, des pays comme le Gabon, le Tchad, le Congo, relancent leur industrie pétrolière, profitant de l’intérêt de grandes compagnies et des grands projets de pipelines en Afrique de l’Ouest et centrale.
Les pays subsahariens jouent un rôle de plus en plus important dans la production pétrolière africaine, relève la Chambre africaine de l’énergie (AEC). Le Nigeria et l’Angola, membres de l’OPEP, restent parmi les principaux producteurs du continent. Avec la Libye, l’Algérie et l’Égypte, ils représentent 80 % de la production pétrolière africaine en 2023.
Pour autant, relève le rapport trimestriel de l’AEC, une grande partie du pétrole restant cette année proviendra de pays subsahariens comme le Gabon, le Tchad, le Congo, le Ghana et la Guinée équatoriale.
Des investissements étrangers massifs et des développements d’infrastructures substantiels sont nécessaires pour que l’Afrique réalise son plein potentiel dans l’économie pétrolière mondiale, juge l’AEC.
Depuis les années 1950, les exportations de pétrole du Gabon représentent la majorité de son PIB. Les récents développements sur le marché pétrolier gabonais pourraient potentiellement marquer le retour à une période plus prospère pour les producteurs de pétrole gabonais.
Les chocs économiques récents ont involontairement créé de nouvelles opportunités pour le Gabon, et une série de changements réglementaires ont revitalisé l’intérêt des étrangers pour les ressources en combustibles fossiles du pays.
De son côté, le gouvernement gabonais considère – avec raison, juge l’AEC, en bon lobbyiste –, peut à la fois s’efforcer d’atténuer les effets du changement climatique et d’opérer une transition vers les sources d’énergie renouvelables, tout en favorisant la croissance économique grâce à la poursuite de l’exploitation du pétrole et du gaz.
Les efforts du Gabon pour protéger ses forêts tropicales de la déforestation et de la dégradation sont reconnus. Dans le même temps, le Gabon a cherché à maintenir son rang de cinquième producteur de pétrole subsaharien en ouvrant de nouveaux cycles d’octroi de licences pour le forage en eaux peu profondes et en eaux profondes et en réorganisant la zone économique spéciale du Gabon, en facilitant la conformité douanière et en offrant des avantages fiscaux aux investisseurs étrangers.
Le contenu local de la production, l’exemple du Gabon
Hausse de productions au Tchad et au Congo
Le nouveau Code des hydrocarbures offre également aux compagnies pétrolières internationales de meilleurs rendements sur les investissements d’exploration et de production (E&P).
Bien que la production pétrolière du Gabon n’ait pas atteint son objectif de 220 000 barils par jour (bpj), elle a atteint 200 000 bpj en avril, ce qui représente une nette amélioration par rapport au taux de 180 000 bpj constaté en 2020.
Alors que la plupart des travaux en cours pour augmenter ce taux de production prennent la forme d’un redéveloppement des champs pétroliers matures ou marginaux mené par Perenco et BW Energy, la région a vu un total de 18 nouveaux puits d’évaluation et d’exploration forés entre 2022 et 2023.

Pour sa part, le Tchad a vu sa production augmenter pour atteindre une moyenne de 92 000 bpj au second semestre 2022, accompagnée par l’exportation par PetroChad Mangara de son premier baril de pétrole vers l’oléoduc Tchad-Cameroun, en juillet.
Ce pays enclavé détient environ 1,5 milliard de barils de réserves de pétrole brut et dépend des oléoducs pour ses exportations. Le Tchad a adhéré au projet visant à construire un réseau de trois pipelines multinationaux reliant onze pays à de multiples raffineries, dépôts de stockage, terminaux de gaz naturel liquéfié et centrales électriques alimentées au gaz. Le projet devrait être achevé en 2030 et devrait permettre de réduire la dépendance du Tchad à l’égard des importations de produits pétroliers raffinés.
Troisième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne avec 2,9 milliards de barils de réserves prouvées et un taux d’extraction offshore de 336 000 bpj, la République du Congo cherche toujours à augmenter sa production.
L’attrait du Ghana
Après avoir amélioré les conditions fiscales pour les opérateurs et ouvert un total de 28 blocs lors des cycles d’octroi de licences entre 2015 et 2019, le Congo a attiré de nombreuses grandes entreprises énergétiques mondiales, dont TotalEnergies, Perenco, Chevron, Eni et Lukoil.
En avril 2023, le Congo est sur le point de conclure un nouvel accord de partage de la production avec Chevron et la société angolaise Sonangol EP concernant un bloc pétrolier offshore partagé par les deux pays.
Selon l’AEC, le Ghana est devenu l’« une des perspectives les plus attrayantes » de la région subsaharienne, ayant adopté une approche très engagée pour obtenir un soutien financier pour ses nombreuses propositions de projets énergétiques.
Le pays a l’intention d’accroître l’E&P, envisageant d’attribuer de nouveaux blocs offshores et en procédant à un examen des conditions fiscales des opérateurs pour s’assurer qu’elles encouragent le développement de nouveaux partenariats mondiaux. En proposant potentiellement une échelle d’imposition dégressive, sur laquelle les puits ultra-profonds bénéficieraient du taux d’imposition le plus bas, le Ghana se positionne comme une perspective lucrative pour les compagnies pétrolières internationales qui cherchent à investir.
En plus de présenter des plans pour un centre logistique de 150 millions $ au Ghana, la Ghana National Petroleum Corporation (GNPC) a également l’intention de commencer les opérations de forage dans le bassin terrestre de Voltaian, dans les prochains mois.
En outre, le récent rachat par AFC Equity Investment de la participation d’Aker Energy dans le bloc Deepwater Tano Cape Three Points, au large des côtes ghanéennes, marque le début des efforts de redéveloppement du champ pétrolier en eaux très profondes de Pecan et de ses réserves estimées entre 450 millions de barils équivalent pétrole (mbep) et 550 mbep, qui sont en suspens depuis 2020.
Enfin, la Guinée équatoriale a signé, en février 2023, trois contrats de partage de la production avec Panoro Energy et Africa Oil Corporation, ouvrant ainsi un nouveau chapitre d’exploration et de production pour le pays d’Afrique de l’Ouest.
Le bloc EG-01 a été attribué à Panoro Energy, renforçant ainsi ses partenariats avec six autres puits de pétrole et de gaz dans le champ voisin de Ceiba et le complexe d’Okume. Ce bloc jouxte le bloc G, qui contient plus d’un milliard de barils de réserves pétrolières.
Le mois suivant, le ministère des mines et des hydrocarbures a également approuvé un plan de développement pour la découverte de Venus dans le bloc P, au large des côtes de la Guinée équatoriale. Avec ses partenaires VaalCo et GEPetrol, Atlas Petroleum commencera à forer le premier des deux puits sur le site en 2024, pour une mise en production en 2026. Une fois le projet de 310 millions $ achevé, les promoteurs prévoient que la découverte de Venus produira environ 15 000 b/j bruts de pétrole sur une durée de vie de 25 ans.
Ces contrats de partage de la production témoignent de la volonté de la Guinée équatoriale de faire progresser l’industrie pétrolière et gazière du pays et de donner un coup de pouce à son économie.
@AB