Les métiers porteurs pour le Maroc à moyen terme

L’Institut royal des études stratégiques a mis en balance les avantages compétitifs du Maroc, les évolutions sectorielles attendues, afin d’identifier huit métiers porteurs pour le pays. Qui vont de l’industrie navale à l’artisanat, en passant par la pharmacie.
Le premier métier jugé porteur par une étude de l’Ires (Institut royal des études stratégiques) parue récemment est l’industrie navale. Le Maroc a pris l’engagement de se moderniser dans ce domaine, d’ici à 2030 ; ce, par la construction de nouveaux chantiers navals et la réhabilitation des anciens.
Ces chantiers serviront à la réparation des navires militaires, de pêche, de plaisance et à maintenir également la flotte nationale civile et militaire, ainsi qu’à développer l’activité de démantèlement des navires. Pour l’Ires, « le Maroc peut prendre une position de leader régional dans le transport maritime, la construction de navires de pêche, militaires et de servitude ».
La logistique et le transport offrent aux pays en développement de bonnes opportunités à condition de disposer des infrastructures aéronautiques, maritimes et routières, d’une stabilité politique et d’une organisation en mesure de relier différentes régions du monde.
Le pays pourra saisir l’opportunité de la hausse de démolitions de navires dans le futur, suite aux exigences de construction propre et consommation énergétique verte et de la hausse de la demande de l’Afrique de l’Ouest, d’Europe et d’Amérique en ce qui concerne le démantèlement de petits navires et l’extension de l’activité vers des navires de grand tonnage.
De plus, le secteur Naval est un garant de la souveraineté nationale. Le développement d’une activité de construction de navires de pêche et de navires militaires permettra en outre au pays de répondre à la demande locale et exporter sur le marché africain. Il faudra parvenir, prévient l’étude, à présenter une industrie de pointe et « agile », c’est-à-dire susceptible d’anticiper les avancées technologiques futures.
Comme celles qu’enregistre actuellement l’industrie ferroviaire, autre axe de développement, avec l’apparition de la digitalisation et des Smart cities. L’innovation sera donc dans les années à venir un facteur de différenciation et de compétitivité. Les chaînes de production de l’industrie ferroviaire sont globalisées comme c’est déjà le cas de l’automobile et de l’aéronautique.
Le Maroc pourra bénéficier de transfert de technologies et de savoirs vu la présence dans le Royaume des plus grands industriels du secteur et le partenariat signé avec la France pour le TGV Tanger-Casablanca, en est un exemple. Le Maroc profitera d’un transfert de savoir-faire, pour l’acquisition de la maîtrise des technologies nouvelles dans le secteur et développera son expertise nationale.
Le potentiel de l’énergie verte
Les enjeux stratégiques pour le pays sont de faire de l’industrie ferroviaire un métier mondial à l’instar de l’automobile et de l’aéronautique et devenir un prestataire au niveau régional. Les innovations comme le train à énergie solaire permettront au secteur de respecter les réglementations environnementales.
Cette synergie inter-filière est un atout considérable pour le Maroc. Le secteur ferroviaire capitalisera sur les infrastructures industrielles utilisées par les autres industries : automobile, aéronautique, énergies renouvelables…
D’autre part, la transition énergétique est devenue une contrainte pour tous les pays. Elle constitue une opportunité pour le Maroc de faire de l’électricité verte un métier mondial en investissant dans les activités de production, de distribution et de vente. Pour les chercheurs, le Maroc dispose d’un potentiel en énergie verte qui le place parmi les grands pays producteurs de l’énergie, avec une compétitivité des plus élevées au monde et des réglementations et des dispositions institutionnelles intégrant les bonnes pratiques internationales. Bien sûr, le développement de ce domaine ne fera qu’amplifier la rentabilité des autres priorités industrielles.
Le Royaume se prépare à devenir un champion de la « Chimie verte », étant donné sa dotation en ressources végétales bio qui lui permet d’être en conformité avec la réglementation en matière d’usage d’additifs de synthèse et vu sa position de leader dans le domaine des énergies renouvelables. Comme dans le secteur de l’automobile, l’hydrogène vert attirera les consortiums qui s’installeront au Maroc pour utiliser les ressources renouvelables abondantes.
« Il est impératif pour le Maroc d’intégrer dans ce secteur les objectifs imposés par la gouvernance environnementale pour la préservation de l’environnement et de la santé humaine au risque de perdre des parts de marchés dans plusieurs autres secteurs. » Le Maroc doit aussi relever le défi de la compétitivité par la qualité des ressources et l’autonomie dans l’approvisionnement.
Parmi les autres secteurs figure l’industrie pharmaceutique. Dont l’enjeu, là aussi, réside dans l’acquisition d’une souveraineté sanitaire et la captation des activités de Recherche & Développement externalisées par les grands groupes. Le Maroc pourra devenir un leader dans le domaine à l’échelle continentale, monter en gamme et capter une part de marché mondial concernant les médicaments génériques.
L’artisanat a de l’avenir
L’étude recommande au Maroc une stratégie de remontée de filière : fabriquer des produits génériques d’abord, pour soutenir ultérieurement le développement de médicaments de plus en plus pointus.
Le septième secteur ne surprend guère : la logistique et le transport offrent aux pays en développement de bonnes opportunités à condition de disposer des infrastructures aéronautiques, maritimes et routières, d’une stabilité politique et d’une organisation en mesure de relier différentes régions du monde. La proximité du Maroc d’un grand marché, l’Europe, est une opportunité pour faire de la logistique et du transport un métier mondial. Les prestations du pays couvrent le transport, l’entreposage, la préparation de commandes et d’autres opérations à valeur ajoutée.
Pas plus que l’on est surpris d’y retrouver l’Artisanat et l’art culinaire. Qui dispose d’un « énorme potentiel » en matière de savoir-faire, d’innovation, de coûts de la main-d’œuvre et de disponibilité des matières premières pour être compétitif et devenir un métier mondial du Maroc. Sachant que le marché intérieur constitue déjà une solide base.
Là aussi, le Maroc devra procéder à une politique de montée en gamme dans le secteur, par exemple dans les niches du bio.
@AB