Les investisseurs misent sur une autre mondialisation

L’Égypte est le premier pays africain cité par les investisseurs en quête de placements à l’étranger, suivie par le Maroc et l’Afrique du Sud. Le FDI Index permet de mesurer le potentiel du continent au sein d’une mondialisation qui change de visage.
La dernière enquête synthétisée par le FDI Index fait part d’un « optimisme prudent » des investisseurs internationaux pour le moyen terme. Plus de quatre sur cinq (82 %) ont déclaré au cabinet de conseils Kearney qu’ils prévoyaient d’augmenter leurs investissements à l’étranger (mesurés par les IDE) au cours des trois prochaines années, contre 76% un an plus tôt. La plupart considèrent qu’investir à l’étranger constitue un atout pour la compétitivité de leur entreprise.
Pour les investisseurs basés en Europe et en Amérique, la transparence des réglementations gouvernementales et l’absence de corruption sont les principaux critères de choix du lieu d’implantation de leurs investissements à l’étranger.
Leur perception de l’économie reflète l’incertitude des mois précédents. Alors que les niveaux de pessimisme ont légèrement augmenté, passant de 32% à 35 %, près des deux tiers des investisseurs (63 %) sont davantage optimistes à l’égard de l’économie mondiale, soit exactement le même niveau que lors des premières semaines de 2022.
Les investisseurs considèrent que les risques les plus probables cette année sont la hausse des prix des matières premières, l’aggravation des tensions géopolitiques et l’instabilité politique dans un marché émergent. Ces développements anticipés sont probablement attribuables à la poursuite du conflit entre la Russie et l’Ukraine et aux effets persistants de la pandémie, notamment la volatilité des prix des produits de base et l’inflation élevée.
L’indice FDI mesure la bonne perception de chaque pays, au regard de l’investissement étranger. À l’échelle mondiale, sans surprise, les États-Unis dominent le classement, devant le Canada et le Japon. Suit un trio européen : Allemagne, Royaume-Uni, France. Puis la Chine, 7e donc, à la faveur de l’espoir d’un rebond post-Covid.
Pour la première fois en 25 ans, les concepteurs de cet indicateur ont construit un classement exclusif pour les marchés émergents. Cette liste a pour but de donner aux chefs d’entreprise un aperçu des marchés les plus attrayants pour les investisseurs. La Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, le Qatar, la Thaïlande et l’Arabie saoudite occupent les six premières places ; ce sont également les seuls marchés émergents à figurer dans le classement mondial.
Quatre pays africains cités
Au-delà de ces six premières places, l’Amérique latine fait bonne figure, le Brésil, le Mexique et l’Argentine se classant respectivement aux 7e, 8e et 9e rangs.
Et l’Afrique ? Elle est représentée par quatre pays : l’Égypte (14e), le Maroc (16e), l’Afrique du Sud (17e) et, plus modestement, par le Ghana (25e).
Les résultats suggèrent, commentent les analystes de Kearney, que les chefs d’entreprise jugent que la mondialisation est et restera la force centrale de l’investissement étranger… Une nette majorité des personnes interrogées (66 %) prévoit une augmentation de la mondialisation au cours des trois prochaines années ; en revanche, seulement 23 % s’attendent à une diminution. Ceux qui prévoient une expansion de la mondialisation citent la combinaison d’une infrastructure numérique connectée, d’opportunités commerciales croissantes et de barrières commerciales limitées comme les principales forces motrices. « Probablement le résultat de la prolifération frappante du commerce et des services numériques, en particulier pour les télécommunications et l’informatique, qui a eu lieu pendant la pandémie, et du rebond du commerce en général à partir de 2021. »
Toutefois, les investisseurs considèrent que la mondialisation est en train de changer. S’ils croient aux avantages de la mondialisation et s’attendent à ce qu’elle se renforce, ils prévoient également une plus grande régionalisation au cours des trois prochaines années et pensent que les gouvernements nationaux poursuivront des stratégies visant à accroître l’autosuffisance.

Pour la deuxième année consécutive, les trois principaux facteurs auxquels les investisseurs accordent la priorité lorsqu’ils choisissent le lieu de leurs investissements directs étrangers sont la transparence des réglementations gouvernementales, les capacités technologiques et d’innovation, ainsi que les taux d’imposition et la facilité de paiement des impôts.
Pour les investisseurs basés en Europe et en Amérique, la transparence des réglementations gouvernementales et l’absence de corruption sont les principaux critères de choix du lieu d’implantation de leurs investissements à l’étranger.
Des critères sélectifs
Cela reflète probablement l’accent mis par l’Union européenne sur la conformité réglementaire, que ce soit en termes de transfert de données ou de meilleures pratiques commerciales. Les investisseurs asiatiques, quant à eux, placent les taux d’imposition et la facilité de paiement au premier rang lorsqu’ils choisissent le lieu de leurs investissements directs étrangers.
Et pourquoi ne pas investir dans tel ou tel pays ? Les résultats varient considérablement. L’instabilité politique (38 %) a été citée comme la première raison, et de loin, pour laquelle les investisseurs n’envisageaient pas de placer des capitaux dans les marchés émergents. Enfin, les investisseurs ont cité la qualité des infrastructures (36 %) comme le principal facteur bloquant leurs investissements dans les marchés limitrophes du leur.
@AB