Les fragilités du Congo-Brazzaville

S’ils maintiennent leur rating – peu flatteur – sur la dette souveraine du Congo, les experts de S&P Ratings soulignent combien l’économie du pays reste dépendante de la manne pétrolière. Un accord avec le FMI ou une croissance plus forte que prévu changerait favorablement la donne.
Les analystes de S&P Global Ratings se montrent circonspects devant les « fragilités » du Congo-Brazaville. Certes, l’économie devrait poursuivre son redressement, avec une croissance de 3,3 % par an en moyenne en 2023-2026. Néanmoins, la position de liquidité du pays reste fragile, l’État est confronté à un calendrier d’amortissement « abrupt », et son solde budgétaire est toujours fortement corrélé à la production de pétrole et donc, à la volatilité des prix.
Les experts considèrent que le cadre institutionnel du Congo reste faible, mais notent les progrès de ces dernières années : la création d’une agence anti-corruption, la simplification des codes fiscaux et l’approbation d’une nouvelle loi anti-corruption.
De plus, les risques liés à la mise en œuvre du programme en cours du FMI persistent, comme en témoignent le retard de sa deuxième revue et l’obtention tardive d’un financement alternatif en 2022. L’agence de notation a confirmé les notes « CCC+/C » appliquées à la dette souveraine, sous une perspective « stable ». Une éventuelle dégradation – que rien n’annonce, donc –, placerait le pays tout proche du statut de défaut de paiement.
Tel pourrait être le cas si le gouvernement décidait d’inclure les dettes commerciales au sein des dettes souveraines – dans la perspective d’une restructuration –, par exemple. En revanche, S&P pourrait revoir sa position sous un jour plus favorable en cas d’amélioration dans la mise en œuvre du programme du FMI.
Bien entendu, une bonne surprise du côté de la croissance pourrait également faire l’affaire de l’agence de notation. Laquelle prévoit des excédents budgétaires sur la période 2023-2026, grevés par les échéances très lourdes de la dette. « La dépendance du pays à l’égard du secteur pétrolier reste un risque, compte tenu de la prévision d’un fléchissement des prix du pétrole et d’une faible croissance de la production, ce qui pourrait freiner la croissance économique globale du Congo ainsi que les soldes budgétaires et courants du gouvernement. »
Le pays dépend d’une production pétrolière volatile et erratique, qui représente 80 % de ses exportations totales et 45 % de sa production totale.
Croissance stable, hors pétrole
Sur la période récente, il a bénéficié de la hausse des prix du pétrole, qui a assoupli les conditions de liquidité dans l’économie. La consommation intérieure a également été soutenue par le paiement des arriérés intérieurs par le gouvernement. La production du secteur pétrolier, qui représentait environ 45 % de l’économie du Congo avant la pandémie, devrait progressivement se redresser pour atteindre 320 000 barils par jour (bpj) d’ici 2026, contre seulement 280 000 bpj en 2022, mais rester inférieure aux 337 000 bpj atteints en 2019. La dépression des prix du pétrole en 2014-2020 a détourné les investissements du secteur, ce qui a eu un impact négatif durable sur la production. Par conséquent, la production restera limitée dans les années à venir, notent les analystes qui se montrent méfiants devant les prévisions officielles du gouvernement en ce domaine.
Hors pétrole, « la reprise prendra du temps, mais la croissance devrait rester stable dans les années à venir ». Malheureusement, c’est bien du secteur pétrolier, toujours vulnérable aux aléas sectoriels, que viendra le salut du Congo à moyen terme. Le secteur pétrolier contribue à environ 60 % des recettes de l’État et à 80 % des exportations.
S&P rappelle que la deuxième revue de la Facilité élargie de crédit de 455 millions de dollars signée en janvier 2022 est toujours en cours de négociation, et un résultat final est toujours attendu ; le Congo n’a pas satisfait à trois des cinq critères de performance. « Cela indique une faiblesse persistante de la mise en œuvre puisque le Congo a satisfait à tous les critères de performance lors de la première revue », font observer les experts. Qui s’attendent à ce que le Congo-Brazzaville prenne des mesures pour réduire le déficit primaire non pétrolier et s’attaque aux autres objectifs non atteints. « Une mise en œuvre renforcée du programme du FMI permettrait d’améliorer les cadres politiques et les conditions de financement. »
Enfin, les experts considèrent que « le cadre institutionnel du Congo reste faible », mais notent les progrès de ces dernières années : la création d’une agence anti-corruption, la simplification des codes fiscaux et l’approbation d’une nouvelle loi anti-corruption. De plus, « les risques sécuritaires semblent contenus ». De même, bien que la dette soit élevée, l’adhésion du pays à la CEMAC « continue de soutenir sa position extérieure et réduit son exposition à la volatilité des taux de change ».
@AB