Les envois de fonds, une ligne de survie économique à préserver

La Commission économique pour l’Afrique publie un rapport sur les envois de fonds des migrants. Elle demande aux dirigeants des pays riches, ainsi qu’aux banques et opérateurs de télécoms, de prendre des mesures urgentes.
Par Marie-Anne Lubin
La CEA (Commission économique pour l’Afrique) sonne, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme. Elle rappelle que les envois de fonds constituent une bouée de sauvetage pour tous les peuples de la planète, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Comme le redoutait déjà l’organisme onusien en avril 2020, la pandémie de Covid-19 a gravement touché les envois de fonds en Afrique. Ce, principalement en raison des problèmes que les migrants africains rencontrent dans les pays de destination, dont beaucoup figurent parmi les plus touchés par la pandémie.
Tous les pays devraient inclure les travailleurs migrants dans les programmes de protection sociale et de relance et prolonger les visas afin qu’ils puissent continuer à travailler et à envoyer de l’argent dans leur pays d’origine.
S’ajoute la perturbation des opérations des prestataires de services de transfert de fonds. D’après la Banque mondiale, les envois de fonds en Afrique pourraient diminuer de 21 % en 2020, à 67 milliards de dollars, « réduisant à néant six années de progrès ».
Ce qui signifie que les personnes qui dépendent de ces envois en recevront 18 milliards de dollars de moins. « Préserver cette ligne de sauvetage revêt donc une importance capitale », alerte la CEA. Et l’organisme onusien, rejoint par l’Initiative ONE Campaign, d’appeler les gouvernements du monde entier à prendre des mesures efficaces pour faciliter et stimuler les transferts de fonds.
Stephen Karingi est directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA. Il déclare : « Les envois de fonds seront plus importants que jamais pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier celles qui n’ont pas accès aux filets de sécurité économiques et sociaux ».
Aussi, considère-t-il que les gouvernements devront prendre des mesures efficaces pour « faciliter et stimuler les envois de fonds afin de soutenir la lutte contre la Covid-19 et, à terme, de bâtir un monde post-pandémique plus durable ».
Si le PIB de l’Afrique se contracte de 1,4 % en 2020, près de 5 millions de personnes seront poussées dans l’extrême pauvreté. Tandis que, pour les expéditeurs, la crise sanitaire s’est traduite par des pertes d’emplois et la baisse de revenus.