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Les Camerounais patientent face aux délestages

Les Camerounais patientent face aux délestages
  • Publiémars 13, 2023

Six régions sur dix du Cameroun font face aux coupures d’électricités quasi quotidiennes. La capitale Yaoundé n’est pas épargnée et ce dossier devient un enjeu politique. D’importants travaux sont prévus pour moderniser le réseau et favoriser le raccordement des zones rurales.

 

L’électricité est un problème récurrent au Cameroun. Certes, les capacités de production ont doublé depuis 2010, passant de 800 à 1640 MW, et environ 72% des ménages sont connectés au réseau. Le gouvernement, par sa Stratégie nationale de développement à horizon 2030, retient un objectif de production de 5 00  MW. Ce qui suppose d’investir environ 9,15 milliards d’euros.

D’un montant de 53 millions d’euros, ce prêt souverain accordé par Afreximbank sera consacré au financement partiel du Projet d’électrification rurale par système solaire photovoltaïque de 200 localités du pays.

Il n’en reste pas moins que les citoyens camerounais, ceux des villes comme ceux des campagnes, sont exaspérés par l’absence de connexion fiable et par la répétition des coupures. Lors d’un Conseil des ministres, fin février, le ministre de l’Eau et de l’énergie, Gaston ELoundou Essomba, a reconnu qu’un réseau électrique unique faisait défaut dans le pays, ne cachant pas les insuffisances de distribution, les disparités entre électrification urbaine et rurale et les défis financiers et techniques auxquels sont confrontées les entreprises du secteur.

Ces dernières semaines, la situation a empiré, y compris dans la capitale Yaoundé. La faute, explique le producteur ENEO, à la baisse de l’hydrologie du fleuve Ntem. Résultat : de nombreux délestages, qui touchent particuliers, commerces, centres de santé.

Cette situation prend un tour politique : le Parti camerounais de la réconciliation nationale va déposer une nouvelle demande d’autorisation d’une « marche citoyenne » pour l’électricité, le 19 mars. La première demande a été rejetée en raison d’élections sénatoriales en cours dans le pays. Cabral Libii (photo), leader du PRCN, fait d’ailleurs savoir à la presse camerounaise que lui-même privé temporairement d’électricité, il a rédigé sa demande à la préfecture « grâce au dispositif d’appoint d’un groupe électrogène, luxe accessible à un parlementaire et hors de portée de millions de Camerounais ».

Selon ENEO, cette situation devrait durer jusqu’à la fin du mois de mars. « malgré la mise à contribution des centrales thermiques, le déficit entre l’offre et la demande ne pourra pas être totalement couvert », d’ici là, rapporte la filiale du fonds britannique Actis, cité par Investir au Cameroun. Un incident dans le raccordement de deux infrastructures, à la mi-février, a aggravé la situation.

 

Appui d’Afreximbank pour les zones rurales

Voici un an, le gouvernement annonçait, sous l’impulsion du président Paul Biya, la construction d’un « barrage réservoir » en amont de la centrale de Memvé’élé, sur le fleuve Ntem.

Cette usine, construite effectivement au bord d’un fleuve de débit médiocre, peine à atteindre sa pleine capacité toute l’année. La Banque mondiale l’a épinglée parmi les projets camerounais dont les coûts sont deux à six fois supérieurs à ceux de chantiers similaires réalisés dans des pays comparables. À l’origine des surcoûts, figurent notamment le rallongement des délais de livraison des ouvrages, qui entraîne la mobilisation prolongée des engins et autres personnels sur les sites des travaux.

Progressivement, les choses avancent néanmoins. La semaine passée, on apprenait que le Cameroun avait conclu son accord de prêt avec Afreximbank. D’un montant de 53 millions d’euros, ce prêt souverain sera consacré au financement partiel du Projet d’électrification rurale par système solaire photovoltaïque de 200 localités du pays. Projet dont le coût global est évalué à 146,6 millions d’euros. Les fonds sont destinés à la réalisation d’environ 87 centrales, pour un raccordement d’un peu plus de 13 000 ménages.

Alamine Ousmane Mey, le ministre en charge de l’Économie

 

L’État souhaite « améliorer l’accès à l’électricité dans les zones rurales, soutenir l’activité économique dans ces zones sur la base d’une disponibilisation de l’énergie, soutenir l’insertion socio-économique des populations particulièrement les jeunes qui pourraient donc utiliser cet espace pour créer leurs entreprises, des activités génératrices des revenus, ajouter de la valeur à nos produits et qui jusque-là ne bénéficient pas toujours de cette valeur ajoutée peut-être à cause de l’absence de l’électricité ou de la présence des acteurs ayant les compétences et les connaissances du savoir-faire pour la transformation souhaitée », commente Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie. Le taux d’électrification ne serait que de 40% dans les zones rurales du Cameroun.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

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