L’entretien, priorité de l’Angola

L’Angola a lancé le plus vaste programme de logements sociaux d’Afrique. Des centaines de milliers de nouveaux appartements et maisons ont été construits. Mais qu’est-il prévu pour leur entretien ? Par António F. Venâncio, ingénieur
Les nouvelles villes, comme Kilamba, aux alentours de Luanda, ont émergé si rapidement que l’on a le sentiment d’être dans un rêve. La construction de ces villes, bâties à un rythme impressionnant, offre une vue saisissante. À n’en pas douter, tout citoyen angolais ordinaire rêve d’emménager dans l’un de ces logements, bien conçus et aux superbes finitions.
En tant qu’ingénieur, je m’inquiète de la durabilité de ces projets sociaux. À quoi ressembleront ces nouvelles villes dans dix ans ? Seront-elles aussi propres, fonctionnelles et pimpantes qu’elles le sont aujourd’hui, ou vont-elles devenir des villes de banlieue sordides comme beaucoup d’autres projets ambitieux dans le monde en développement ?
Même les pays développés ont mis en œuvre des projets de logement sociaux qui se sont révélés des échecs retentissants — les tours à bas coût de Londres et de la banlieue de Paris sont un exemple : une grande partie des bâtiments a dû être détruite.
On considère qu’une construction a atteint les dernières étapes de sa vie utile quand elle n’est plus occupée (ou en état d’être occupée), quand il n’y a plus d’activité aux alentours, quand elle n’est plus utile ou quand le coût de la rénovation est trop élevé.
Les constructions dans cet état constituent un danger pour ceux qui tenteraient de les occuper ou pour ceux qui sont autour. Il est souvent possible d’y remédier, mais le facteur coût peut être prohibitif. Il ne reste souvent d’autre choix que de les démolir.
Bien entendu, on peut éviter d’en arriver là. L’activité qui implique la détection des défauts, leur réparation, et la suppression des causes de détérioration s’appelle l’entretien. Le mauvais état des structures, que les ingénieurs redoutent et qu’il est difficile de résoudre, est souvent le résultat de l’absence d’entretien, insuffisant ou mal réalisé.
Généralement, les pays qui disposent de moins de moyens financiers, qui manquent de personnel qualifié ou qui n’ont pas prévu de politiques d’entretien adaptées, ont de grandes difficultés à entretenir leurs infrastructures publiques, notamment les infrastructures urbaines pour lesquelles les taux d’utilisation sont très élevés dans les villes à forte densité de population. On attribue souvent de telles négligences à l’absence d’une « culture » d’entretien.
Ces critiques soulignent le fait que les pays sous-développés souffrent considérablement de l’absence culturelle d’un esprit de préservation. C’est souvent pour cette raison que les actifs physiques bâtis ne mentionnent que la date de construction. On croit, à tort, que l’actif offrira un service ininterrompu et durera sans coût d’entretien.
Il n’est pas injuste de dire que les dirigeants politiques sont généralement pleinement satisfaits après avoir coupé le ruban pour inaugurer de nouvelles constructions lors de cérémonies pompeuses ; souvent, les propriétés ne bénéficient d’aucune protection contre les intempéries et les dégradations dues à l’utilisation.