Le Tchad relance les travaux de la dorsale transsaharienne à fibre optique

Lancés en 2020 puis interrompus, les travaux de raccordement du Tchad à la dorsale transsaharienne de fibre optique ont repris. Quelque 500 km de fibres seront posées en direction du Niger.
Pays enclavé, le Tchad est relié au réseau Internet par deux canaux : l’un menant au Soudan et l’autre au Cameroun. Ce qui n’empêche pas les Tchadiens d’être régulièrement privé du réseau mondial, victimes de coupures intempestives. De nombreuses activités, des banques au tourisme en passant par l’enseignement à distance, sont pénalisées. Et côté satellite, le réseau Starlink d’Elon Musk se fait attendre.
Selon l’Union internationale des télécommunications, 5,6% de la population tchadienne était connectée au Web en 2021, soit 1,1 million d’abonnements. Le coût élevé des services, l’insuffisance des infrastructures et les restrictions gouvernementales à l’accès au réseau sont autant de freins à une meilleure intégration du pays.
D’autre part, les capacités de la fibre optique installée sur le pipeline Tchad-Cameroun ont été optimisées par Camtel, l’opérateur public de téléphonie du Cameroun.
C’est pourquoi ces derniers jours, le gouvernement tchadien, en partenariat avec la BAD (Banque africaine de développement) et l’UE (Union européenne), a relancé les travaux de connexion du Tchad à la dorsale transsaharienne à fibre optique.
La Dorsale transsaharienne à fibre optique est un projet qui entre dans le cadre plus élargi du Projet multinational de la dorsale transsaharienne à fibre optique. Il consiste en la pose d’un linéaire à fibre optique de 1 510 kilomètres pour interconnecter le Niger, l’Algérie, le Nigeria et le Tchad.
Le raccordement du Tchad à la dorsale transsaharienne va contribuer à diversifier l’économie à travers une augmentation significative des recettes fiscales. Il permettra aussi de réduire considérablement le coût des transactions économiques et sociales, de rompre l’isolement numérique des zones rurales et de renforcer enfin l’intégration régionale.
« Le développement des technologies de l’information et de la communication constitue le fait majeur de notre ère, l’ascension fulgurante par laquelle il fait croître l’économie, n’autorise aucun pays à s’en passer pour son développement », a commenté à cette occasion Mahamat Hassan Borgou, ministre secrétaire général de la présidence du Tchad. « Le gouvernement du Tchad a élaboré un plan stratégique de développement de l’économie numérique 2020-2030 qui se veut une vision futuriste qui a la vocation de maximiser l’impact du numérique sur notre économie. Je vous donne l’assurance du président de la transition que notre gouvernement tiendra tous ses engagements vis-à-vis de ce projet. »
Une connexion au Cameroun accélérée
Le projet qui va coûter 79 millions d’euros est cofinancé à hauteur de 29 millions d’euros par l’Union européenne. Un cofinancement administré par BAD à travers une convention de délégation signée par les deux partenaires.
« En 2019, parmi les priorités affichées par la nouvelle Commission européenne, lors de son installation, il y avait l’idée d’une Europe numérique, parfaitement adaptée à l’ère numérique », a déclaré Martin Wiese, représentant de l’UE. « Cette même priorité a été reprise dans la politique de rayonnement extérieur de l’Union européenne, dans sa stratégie de « Global Gateway », qui prévoit de mobiliser 150 milliards d’euros, afin d’améliorer la connectivité en matière d’infrastructures, de commerce et de numérique en Afrique. L’Union européenne affiche ainsi sa volonté d’intégrer une dimension numérique dans la majorité de ses projets et de financer, le cas échéant, des projets qui permettent aux pays partenaires d’augmenter leur connectivité », a-t-il ajouté.
« La connexion du Tchad à la dorsale transsaharienne à fibre optique est un exemple concret d’une collaboration fructueuse », a pour sa part déclaré Ali Mahaman Lamine Zeine, responsable pays de la BAD au Tchad.
La composante tchadienne de la Dorsale transsaharienne à fibre optique consiste en la pose de la fibre sur une distance de 503 kilomètres, suivant un axe partant de Massaguet (nord-est du pays) en passant par Massakory, Ngouri, Mao, Rig-Rig, Daboua, jusqu’à la frontière nigérienne. Une boucle sera installée à N’Djamena pour permettre la connexion de nouveaux centres de données à des administrations nationales. Le projet va aussi permettre de créer des applications et de lancer des services numériques connexes, notamment dans les domaines de l’e-gouvernance et de l’administration.
Une fois achevé, le projet permettra d’augmenter la connectivité régionale avec les pays voisins et de soutenir une gamme de services électroniques. Les secteurs agricole, éducatif, sanitaire et du commerce vont être positivement impactés par ce projet, car il va créer de nouvelles opportunités notamment de nouveaux emplois et améliorer les revenus surtout dans les zones rurales.
Pour le ministre d’État, ministre des télécommunications et de l’Économie numérique, Mahamat Allahou Taher : « la fibre optique transsaharienne, est un outil essentiel pour l’amélioration de la qualité de vie des populations, particulièrement de celles vivant dans les zones enclavées et il impactera positivement la vie de plus de 60 000 personnes résidant dans la zone du projet ».
D’autre part, les capacités de la fibre optique installée sur le pipeline Tchad-Cameroun ont été optimisées par Camtel, l’opérateur public de téléphonie du Cameroun. Une opération indépendante des querelles entre les deux pays au sujet de ce pipeline.
Les capacités Internet ont été relevées de 10 Gbps à 120 Gbps pour les opérateurs qui avaient longtemps sollicité plus de capacités à Camtel, à savoir Orange, MTN, Sotel Tchad et SudaTchad.
@AB