Le potentiel de l’aquaculture ne demande qu’à éclore

Un programme de développement des pêches et de l’aquaculture mis en œuvre par la FAO met en évidence un potentiel important de ces secteurs dans de nombreux pays d’Afrique et des Caraïbes, dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal. À condition d’en appuyer le développement.
Progressivement, les filières halieutiques deviennent autosuffisantes, créent des emplois et préservent les niveaux des stocks biologiques. Tel est le constat d’un premier rapport d’étape du programme FISH4ACP conduit dans une douzaine de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Mise en œuvre par la FAO, cette initiative vise à rendre les chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture plus productives et durables, en mettant l’accent sur le soutien aux femmes, compte tenu de leur rôle crucial dans les chaînes de valeur du poisson, c’est-à-dire dans l’ensemble du processus de valorisation du produit.
L’utilisation de meilleures techniques de transformation et de chaîne du froid, de modèles commerciaux améliorés, avec une plus grande participation des femmes et un meilleur respect de la législation sur la pêche, contribuent à augmenter la valeur ajoutée dans le secteur.
« FISACP marque une étape importante vers une transformation bleue de la pêche et de l’aquaculture dans les pays ACP, qui bénéficie non seulement aux pêcheurs et à leurs communautés, mais garantit aussi que la croissance va de pair avec la durabilité environnementale et l’inclusion sociale », considère Gilles Van De Walle, conseiller technique auprès de la FAO.

Pour Cristelle Pratt, secrétaire générale adjointe du programme, il est urgent de stimuler les secteurs de la pêche et de l’aquaculture car « ils contribuent grandement à la croissance économique, à la création d’emplois décents et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ».
Les premières conclusions dans cinq pays fournissent une base de référence pour aider les pays à renforcer leurs chaînes de valeur du poisson, à accroître leur autosuffisance en matière de production de poisson, à créer des emplois locaux et à maintenir des niveaux de stocks durables.

Ainsi, la Côte d’Ivoire pourrait devenir autosuffisante en matière de production de poisson grâce à une stratégie décennale visant à faire passer la production de tilapia de 6 000 à 8 300 tonnes par an à 68 000 tonnes d’ici à 2031, sans charge supplémentaire pour l’environnement. Cela permettrait de répondre à l’ensemble de la demande nationale, grâce à une chaîne de valeur plus structurée, locale et durable qui créera des emplois, respectera les bonnes pratiques environnementales et augmentera la résilience.
D’importantes créations d’emplois
Au Sénégal, l’étude a révélé que l’augmentation de la production d’huîtres et du nombre de fermes ostréicoles apportait un fort potentiel pour répondre à la demande locale et soutenir le développement de l’ostréiculture moderne. D’ici 2031, le pays vise à accroître la production nationale de 30% à 21 000 tonnes pour couvrir plus de 80% de la demande nationale. En outre, il est prévu de tripler la valeur ajoutée pour atteindre 12,6 millions de dollars et de faire passer le nombre d’emplois à temps plein de 6 500 à 11 000.
La Tanzanie est le premier producteur de sardine, de sprat et de perche du lac Tanganyika. Afin de tirer parti de l’augmentation de la demande des consommateurs et des opportunités de marché en Tanzanie, l’amélioration des processus de manutention et de transformation du poisson, l’accès à des marchés à forte valeur ajoutée et la réduction des écarts de genre sont des éléments déterminants pour consolider ces pêcheries.

La Guyane (Guyana), quant à elle, s’est attaquée au déclin des captures d’une variété de crevettes, connues sous le nom de « seabob », tout en promouvant la pêche artisanale, et en renforçant en particulier la position des femmes. La forte demande des marchés américains et européens pour des crevettes de haute valeur peut représenter une sérieuse opportunité si les problèmes biologiques des stocks peuvent être résolus et si des crevettes plus grosses peuvent être capturées ; tout comme la forte demande intérieure pour des crevettes fraîches qui peuvent être vendues aux restaurants et aux supermarchés.

Une approche innovante
En modernisant la chaîne de valeur du thon, les Îles Marshall pourront consolider leur position comme plaque tournante de ce poisson, ce qui générera en dix ans une valeur ajoutée directe estimée à 55 millions de dollars grâce à la pêche au thon à la senne coulissante, tout en veillant à ce que 30 % des captures de thon soient conteneurisées. De plus, cette stratégie permettra de créer plus de 1 000 emplois, et le recours croissant aux énergies renouvelables par les principaux acteurs du secteur thonier marshallais réduira l’empreinte écologique de ce secteur.
L’utilisation de meilleures techniques de transformation et de chaîne du froid, de modèles commerciaux améliorés, avec une plus grande participation des femmes et un meilleur respect de la législation sur la pêche, contribuent à augmenter la valeur ajoutée dans le secteur de 12% et à accroître les revenus des transformateurs de poisson de 42 % en moyenne.
FISH4ACP est mis en œuvre grâce à un financement de 47 millions d’euros de l’Union européenne et du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BmZ).
Ce programme met l’accent sur les trois aspects de la durabilité – économique, environnemental et social. « Il sera en mesure de trouver un équilibre entre la production et la protection, de contribuer à une distribution équitable des revenus et à des conditions de travail décentes, et de défendre la pêche et l’aquaculture durables en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique », juge Mizzi (UE).
Hendrik Denker (BmZ) juge que l’approche innovante de FISH4ACP « augmentera l’approvisionnement en aliments aquatiques, les rendements économiques et l’équité sociale, et réduira les impacts négatifs sur l’environnement marin ».

PF, d’après compte rendu de la FAO.
@AB