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Le cinéaste Sami Tlili : «Cette édition du Festival Gabes Cinéma Fen en ligne était de l’ouvrir » au grand public

Le cinéaste Sami Tlili : «Cette édition du Festival Gabes Cinéma Fen en ligne était de l’ouvrir » au grand public
  • Publiéavril 14, 2020

Le cinéaste Sami Tlili, (directeur artistique), revient sur les huit intenses jours de la seconde édition du Festival Gabes Cinéma Fen déroulée exclusivement en ligne du 3 au 11 avril 2020.

Par Serges David

Contrairement à la première édition, la deuxième édition du Festival Gabes Cinéma Fen a innové. Le Festival a proposé du 3 au 11 avril 2020 toute sa programmation en ligne. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, la deuxième édition était censée se dérouler dans les salles de cinéma. Nous avons tenu une conférence de presse le 7 mars à Gabes durant laquelle le déroulé du Festival a été annoncé.

Le programme des films, bien sûr, mais aussi le programme des « Masterclasses », des ateliers, des panels de discussion etc. Malheureusement, avec le Covid 19, on a été contraint de repenser le format du Festival.

Malgré sa jeunesse, le Festival jouit d’une bonne réputation. Au sein de l’équipe dirigeante, nous nous sommes dit qu’il serait dommage de casser cet élan.

Il fallait trouver une belle parade. D’autant plus que le maintien du festival, en dépit de de la pandémie, est venue du public lui-même et des associations partenaires. L’idée, donc de faire exceptionnellement une édition en ligne a émergé et est devenue acte. Nous avons mis les films et les vidéos d’art à la disposition du public du Festival.

Mais a-t-il été si « simple » de convaincre tous les partenaires d’accepter cette idée de mise en ligne gratuite sur la première plateforme de streaming tunisienne artify.tn peu connue à l’étranger ? Quels ont été vos arguments ?

Bien entendu, ce n’était pas si simple. Toutefois, je tiens à préciser que le Festival n’aurait pas eu lieu sans la solidarité des faiseurs de films, des distributeurs des producteurs et plus globalement des partenaires du Festival.

La seconde édition du Festival Gabes Cinéma Fen s’est déroulée cette année du 3 au 11 avril 2020 exclusivement en ligne. Une innovation majeure qui stimule l’équipe dirigeante à viser encore plus haut. Le cinéaste Sami Tlili, (directeur artistique de ce festival), revient sur ces huit jours intenses en émotions et en couleurs…

La situation est exceptionnelle et personne ne sait quand est-ce qu’elle s’améliorera. Le Festival jouit d’une bonne réputation et cela nous a beaucoup aidés.

Je note tout de même que certains distributeurs et réalisateurs/réalisatrices n’ont pas souhaité diffuser leurs films en ligne pour diverses raisons et on respecte leurs choix.

Au total, nous avons réussi à maintenir 70% de la programmation comme initialement prévue.

Sur quels critères et sur quelles bases avez-vous sélectionné les films en compétition ?

Les compétitions sont ouvertes aux films dont les réalisateurs ou réalisatrices sont originaires des pays arabes. Dès le départ, nous avons voulu suivre les nouvelles  dynamiques qui traversent les cinémas arabes.

Nous prêtons une attention particulière aux premiers et deuxièmes films sans que ce soit une condition sine qua non. Il en est de même pour les films qui prennent des risques au niveau de la narration, qui jouent entre les lignes des genres.

Concrètement, comment cette compétition s’est-elle déroulée ? Quels étaient les genres et les formats en lice ?

Il y avait deux compétitions. La compétition des longs métrages composée de onze films entre des fictions et des documentaires. Et la compétition des courts métrages composée de cinq films entre fictions et documentaires.

Le public a suivi les films en ligne suivant leurs programmes de diffusions. Les jurys ont aussi regardé tous les films en ligne et ont tenu des réunions hebdomadaires en visioconférence pour discuter des films et délibérer à la fin.

Inévitablement, il y a eu des dysfonctionnements notamment le cas de films programmés que l’internaute n’arrivait pas forcément à visionner comme « Les misérables » de Ladji Ly par exemple. Ces couacs, n’ont-ils pas biaisé le résultat final de la compétition ?

Je tiens à préciser que le film « Les misérables » n’était pas en compétition. Il faisait partie de la section « cinémas du monde » qui est une section hors-compétition tout comme la section « ciné-terre ».

Oui, c’est vrai que les deux premiers jours, il y avait quelques problèmes techniques pour diverses raisons : affluence importante, problème de débit d’Internet, etc.

Mais comme c’est une première dans le monde arabe et pas seulement en Tunisie, il était inévitable de rencontrer des problèmes et des dysfonctionnements. Durant les deux premiers jours, certains (je parle du public) ont pu voir les films normalement et d’autres non.

Quand il y a eu ces couacs, on a, tout de suite, essayé de les résoudre. On a pris les mesures nécessaires pour les juguler. A partir du 3è jour, il n’y avait plus de problèmes techniques et le public a pu suivre les films sans coupures. Concernant les membres du jury, dès le départ, nous avons pris nos précautions. Ils ont regardé tous les films sans aucun problème.

Quelle valeur ajoutée le cinéma tunisien et plus globalement le cinéma a retiré de cet évènement ? En ressentez-vous déjà les retombées ?

Gabes Cinéma Fen est un jeune Festival et on ne peut pas prétendre actuellement apporter une valeur ajoutée au cinéma. Notre Festival a été créé dans le but de relancer une dynamique autour du cinéma à Gabes et dans le sud de la Tunisie. Je pense qu’au fil des éditions, on commence à atteindre notre cible.

Le Festival s’installe progressivement sur la cartographie des festivals de films dans la région. Nous commençons à être un rendez-vous attendu par les jeunes de Gabes et le public de Gabes en général et par le public tunisien aussi.

Au fil des éditions, nous recevons de plus en plus de films soumis à la sélection ; ce qui veut dire que le Festival commence à être connu dans le monde arabe.

Je pense que la valeur ajoutée de cette édition en ligne était d’ouvrir le Festival sur un public différent pas uniquement notre public « classique », c’est-à-dire les cinéphiles et les gens du cinéma ; mais vu que c’est plus accessible et vu aussi l’état de confinement général, l’évènement nous a permis de toucher un nouveau public qui en temps normal ne serait peut-être pas intéressé par les films d’auteurs ou les vidéos d’art.

Au terme de ces 8 jours, quelle a été la décision des membres du Jury pour l’attribution des prix aux lauréats ?

Le jury a décidé d’attribuer :
– Une mention spéciale au film de Muhammed Salah « An un-Aired Interview » (Egypte)
– Le prix du meilleur court-métrage au film « Ahlou El Kahef » de Fakri El Ghezal (Tunisie)

Le comité a décerné les prix suivants :
Mention spéciale : Le documentaire 143, Rue du désert de Hassan Farhani (Algérie) ;
Le documentaire Talking about trees de Sahib Qasim Barry (Sudan) ; et le documentaire Amussu de Nader Bouhamoush (Maroc)
Le Prix du jury est allé au film Ibrahim: A fate to define de Lena Al-Abed (Palestine)
Le Prix du meilleur long métrage : Tlamess de Alaeddine Slim (Tunisie)

Quelles sont donc vos perspectives pour les mois et années à venir?

J’espère qu’on va dépasser cette période difficile et qu’on retrouvera  « une vie normale ». Dans les mois à venir, nous avons l’intention d’organiser les « Masterclasses » et les ateliers qui étaient initialement prévus en avril.

Nous travaillons déjà sur la prochaine édition, car les aspirations et les attentes sont de plus en plus grandes d’année en année ; il est important d’avoir donc les moyens de ses ambitions.

ENCADRE

Tlamess de Alaeddine Slim de Tunisie remporte le premier prix

Les membres du Jury ont décidé et ils expliquent leurs différents choix :  « Par ces temps incertains, nous avons apprécié, malgré notre confinement, la rencontre qu’on a vécue avec cette sélection de films puissants.

Nous tirons notre chapeau au festival, qui a réussi contre vents et marées à poursuivre sa compétition en ligne pour être le premier festival en ligne dans le monde arabe. Nous avons fait notre choix, des prix pour l’originalité, l’audace et la fragilité de ces films :

Prix du meilleur long métrage : Tlamess

Prix du jury : Ibrahim a Fate to define

Mentions spéciales : Nous avons été impressionnés par la vision cinématographique de Talking

About Trees et 143, Rue du désert ainsi que l’esprit collectif de Amussu.

Nous avons été navrés que notre collègue du jury, Adam Bakri n’ait pas pu se joindre à nous à la fois pour voir les films et participer aux discussions, notre jury en ligne étant tributaire d’une bonne connexion Internet qui lui a fait défaut en Palestine. »

Écrit par
Par Serges David

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