Le Cameroun poursuit son redressement

Le FMI adresse un satisfecit d’ensemble au Cameroun, ouvrant la voie à l’utilisation de 55,2 millions de Droits de tirage spéciaux. L’assainissement des Finances se poursuit, et d’ailleurs, l’État a collecté davantage que prévu au premier trimestre 2023.
Comme attendu, les services du FMI et les autorités camerounaises sont parvenus à un accord, dans le cadre de la quatrième revue de la FEC (Facilité élargie de crédit) et de son corolaire, le mécanisme élargi de crédit (MEDC). Le Cameroun aura accès à un financement de 55,2 millions de DTS (environ 73,8 millions de dollars) à partir de la fin juin 2023.
Les services du FMI constatent que la reprise économique se poursuit, au Cameroun. La croissance du PIB, de l’ordre de 3,7 % en 2022, devrait atteindre 4 % en 2023. De son côté, l’inflation, de 7,3 % en 2022, devrait ressortir à 5,9 % en fin d’année 2023.
« Atteindre les objectifs à horizon 2030 implique un effort concerté pour améliorer le climat des affaires pour le secteur privé et pour soutenir une croissance inclusive et résiliente », fait observer le FMI.
Les autorités camerounaises préparent une loi de finances rectificative. Auprès du FMI, elles soulignent la nécessité de créer un espace budgétaire pour les investissements productifs et les dépenses sociales en mobilisant les recettes intérieures et en améliorant l’efficacité des dépenses, tout en renforçant la discipline budgétaire.
« Après un début de reprise amorcé à la suite du choc pandémique, le Cameroun fait face à de nouveaux risques liés à l’environnement extérieur, notamment des conditions financières mondiales difficiles et une volatilité accrue des prix du pétrole », résume Cemile Sancak, chef de mission du FMI pour le Cameroun. Elle constate que ces derniers mois, alors que les prix intérieurs des produits alimentaires ont été les principaux moteurs de l’inflation, les prix des produits non alimentaires et non énergétiques ont également augmenté.
Sur le plan budgétaire, le déficit global s’est réduit à 1,1 % du PIB en 2022, contre 3 % en 2021, tandis que le déficit primaire non pétrolier est passé à 4 % du PIB en 2022, contre 3,9 % en 2021. La performance des recettes non pétrolières s’est « considérablement améliorée en 2022 », grâce aux recettes fiscales et non fiscales, En matière de respect des objectifs passés, celui relatif au déficit primaire non pétrolier a été atteint, même si une partie substantielle des subventions aux produits pétroliers de 2022 sera intégrée à la loi de finances rectificative de 2023. « Les dépassements temporaires et mineurs de l’objectif de non-accumulation d’arriérés de paiements extérieurs soulignent la nécessité d’améliorer la gestion des liquidités et de limiter les dépenses exécutées sur procédures exceptionnelles. » La dette publique à fin 2022 a atteint 46,5 % du PIB, en légère baisse par rapport à 46,8 % du PIB à fin 2021.
Davantage de recettes non pétrolières
« Les perspectives à moyen terme restent favorables à condition que les réformes se poursuivent et que l’environnement extérieur soit favorable », prévient l’économiste du FMI.
Pour atteindre leurs objectifs, les autorités reconnaissent la nécessité de mobiliser davantage les recettes non pétrolières, de mieux cibler les dépenses prioritaires, et d’améliorer l’efficacité des dépenses. Les autorités mettent en œuvre des mesures pour mobiliser les recettes intérieures non pétrolières et élargir l’assiette fiscale à la suite de l’étude diagnostique de la politique fiscale.
« Atteindre les objectifs à horizon 2030 nécessite également une forte accélération du rythme des réformes pour accompagner une transformation structurelle profonde de l’économie. Cela implique un effort concerté pour améliorer le climat des affaires pour le secteur privé et pour soutenir une croissance inclusive et résiliente », insiste le FMI. Qui souligne néanmoins « les mesures visant à renforcer la gestion des finances publiques » prises par le Cameroun.
Tout comme il salue les mesures de renforcement de la performance et de la gestion financière des entreprises publiques et du projet de réhabilitation de la Sonara (Société nationale de raffinage). Ainsi que le lancement de la stratégie d’inclusion financière et les récentes mesures de renforcement de la gouvernance, notamment le lancement d’un large diagnostic de la gouvernance économique et les plans de renforcement de la Chambre des Comptes de la Cour suprême.
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En bref
L’État engrange des recettes
Sur un objectif de 761,5 milliards de F.CFA, le fisc camerounais a engrangé au cours des trois premiers mois de l’année 2023, une enveloppe de 818,5 milliards de F.CFA (près de 1,25 milliard d’euros) soit un taux de collecte de 107,5%. Par rapport à la même période, un an en arrière, cette performance est en hausse de 14,6%, calcule le magazine Investir au Cameroun.
En gardant le même rythme de collecte, la DGI est susceptible d’atteindre, voire de dépasser, l’objectif de collecte annuel de 2800 milliards de F.CFA (4,27 milliards d’euros) prévu dans la loi de finances de l’État du Cameroun pour l’exercice 2023.
L’embellie observée au 1er trimestre 2023 se justifie par « la consolidation des acquis de la dématérialisation des procédures fiscales et l’apport des ressources nouvelles de la loi de finances 2023 notamment la hausse des tarifs des droits de timbre » renseigne la DGI (Direction générale des impôts).
@AB