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African Business Analyse et Opinion

Le Cameroun devra encore augmenter les prix à la pompe

Le Cameroun devra encore augmenter les prix à la pompe
  • Publiémai 30, 2023

Pour respecter les engagements pris auprès du FMI de ne plus subventionner les hydrocarbures, sans trop alimenter l’inflation, le Cameroun devra étaler les hausses de prix du carburant, suppose l’agence Fitch.

 

L’agence de notation Fitch Ratings a confirmé, le 26 mai 2023, sa « note de défaut émetteur » appliquée au Cameroun à « B », assortie d’un avis de « perspectives stables ». Cette notation reflète « l’économie relativement diversifiée qui soutient une croissance résiliente, et le niveau modéré de la dette publique par rapport aux pays comparables », résume l’agence de notation. Laquelle analyse les conséquences à moyen terme de la politique actuelle du Cameroun, notamment en matière de contrôle des prix du carburant.

Avec le déclin de la production pétrolière, la croissance (4,0 % en 2023 et de 4,2 % en 2024) sera tirée par les industries orientées vers l’exportation, notamment l’agriculture et la sylviculture.

Pour réduire les subventions aux carburants de 0,8 % du PIB en 2023, le gouvernement a augmenté le prix de détail des carburants de 21 % en moyenne. Comme il a l’intention de rendre la diminution des subventions aux carburants durable en termes sociaux, la Loi de finance rectificative, en cours de discussions au Parlement, tiendra compte de l’augmentation des salaires, des transferts sociaux et de la subvention au gaz (+0,3 % du PIB). Aussi, « les nouvelles hausses des prix des carburants seront-elles étalées dans le temps », pronostiquent les experts de Fitch. Qui préviennent : « Les chocs extérieurs, la volatilité des prix du pétrole et le risque de tensions sociales constituent des risques pour l’assainissement budgétaire. »

Sachant toutefois que les progrès continus en matière d’assainissement budgétaire, grâce au contrôle des dépenses et à une meilleure mobilisation des recettes non pétrolières, « amélioreront la situation budgétaire du Cameroun » et que le ratio dette/PIB restera sur une trajectoire descendante.

L’inflation a bondi à 6,3 % en 2022, sous l’effet des prix des denrées alimentaires (+12 %). De nouvelles hausses des prix des carburants sont attendues en 2024 et 2025, conformément à l’objectif d’élimination progressive des subventions aux carburants. Fitch prévoit que l’inflation décélérera mais restera supérieure à la moyenne à moyen terme, à 5,9 % en 2023 et 4,4 % en 2024, car les gains liés à la baisse des prix de gros des denrées alimentaires et de l’énergie sont en partie compensés par la suppression des subventions.

 

Le FMI est la clef

L’« augmentation de 15%, 25,2% et 36,5% sur les prix du litre de super, de gasoil et de pétrole utilisé par les industriels respectivement, intervenue en janvier 2023, n’était qu’une étape d’un processus visant à supprimer la totalité des dépenses allouées aux subventions des hydrocarbures », commente le site Investir au Cameroun. Qui s’interroge sur le lien entre ces hausses de prix attendues et les décaissements accordés par le FMI.

Sur ce point, Fitch considère que le FMI « est la clé du plan de financement » : En 2023, le Cameroun a conclu les troisième et quatrième revues du programme du FMI, ce qui a permis le décaissement d’environ 146 millions de dollars (0,3 % du PIB). Le cinquième décaissement (0,2 % du PIB) est attendu en décembre. Fitch « suppose » que le programme sera « en bonne voie » jusqu’en juin 2024 et qu’il pourrait mettre à disposition des financements de la part de bailleurs de fonds multilatéraux. Ceci est important pour le financement car le service de la dette extérieure s’élèvera à 3,0 % du PIB en 2023 et à 2,6 % en 2024.

 

Une croissance résiliente

Le déficit budgétaire du Cameroun, déjà très faible, diminuera pour atteindre 1,2 % et 1,0 % du PIB en 2023-2024. « L’assainissement budgétaire progressif reflète l’amélioration de la mobilisation des recettes non pétrolières – mesures d’administration des recettes et poursuite de la numérisation des procédures dans les administrations fiscales et douanières, et réduction des exonérations fiscales à partir de 2024. »

Plus généralement, la croissance économique du Cameroun reste « résiliente » : Fitch prévoit une hausse du PIB de 4,0 % en 2023 et de 4,2 % en 2024, contre une estimation de 3,7 % en 2022. Avec le déclin de la production pétrolière, la croissance sera tirée par les industries orientées vers l’exportation, notamment l’agriculture et la sylviculture. La croissance dépendra de la mise en œuvre de réformes dans le cadre de la stratégie nationale de développement, qui vise à accroître les perspectives de croissance grâce à des projets d’infrastructure et à l’amélioration de l’environnement des entreprises.

Il subsiste des risques, liés à la baisse de la demande extérieure de la part des principaux partenaires commerciaux, à l’augmentation des pressions inflationnistes et à la perturbation de la chaîne d’approvisionnement, sans compter les risques persistants en matière de sécurité.

@AB

 

 

Écrit par
Laurent Soucaille

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