Le Bénin peut revenir sur les marchés de la dette

Une garantie apportée par le Fonds africain de développement permettra au Bénin de lever des capitaux en devises sur des maturités longues. Si les conditions de marché le permettent, d’autres pays africains pourraient suivre la démarche du Bénin.
Le Fonds africain de développement, le guichet de prêts concessionnels du Groupe de la BAD (Banque africaine de développement), a donné son feu vert pour une garantie partielle de crédit au Bénin. L’objectif de la BAD est de soutenir le pays dans ses efforts de mobilisation de financements affectés aux ODD (Objectifs de développement durable des Nations unies).
Et le ministre Romuald Wadagni d’encourager « la généralisation de ce type de structures innovantes sur le continent, afin de favoriser le financement de projets durables à des conditions favorables, en particulier dans le contexte de marché dégradé actuel ».
Cette garantie partielle de crédit, estimée à 50 millions de dollars, permettra au Bénin de lever des fonds en devises sur des maturités longues auprès d’investisseurs internationaux, et qui seront exclusivement affectées à des dépenses éligibles dans des domaines liés aux ODD. À savoir : l’agriculture et l’agro-industrie, l’eau et l’assainissement, la santé, le logement décent et à moindre coût, l’éducation, les énergies renouvelables, etc. Voilà qui donne donc le signal du retour du Bénin sur les marchés de la dette.
« Nous nous réjouissons de l’approbation de ce projet qui offre au Bénin le double avantage de mobiliser des ressources en ligne avec ses priorités fondées sur les ODD et d’optimiser ses conditions de financement », a réagi Marie-Laure Akin-Olugbade, vice-présidente par intérim du Groupe de la BAD. « Cet instrument permettra au Bénin de rehausser son crédit et catalyser le financement d’investisseurs institutionnels internationaux. »
Le Bénin est devenu, en 2021, le premier pays d’Afrique à publier un document-cadre pour les émissions obligataires ODD et à émettre des obligations ODD, en ligne avec les meilleures pratiques internationales. Le prêt soutenu par la garantie partielle de crédit du Fonds africain de développement suivra les principes de ce document qui décrit notamment les principes d’utilisation des ressources, de sélection des projets, et d’évaluation.
« Cette opération illustre parfaitement la manière dont les ressources du Fonds africain de développement peuvent être déployées efficacement en faveur des pays éligibles. C’est un succès qui pourrait être répliqué afin de favoriser l’atteinte des objectifs de développement des pays africains par le biais des marchés financiers internationaux », explique Stefan Nalletamby, en charge du développement du secteur financier à la BAD.
Le FMI salue « les acquis » du Bénin
Pour Romuald Wadagni (photo), ministre de l’Économie et des finances du Bénin, « cette opération unique témoigne une fois encore de la capacité d’innovation financière du Bénin, qui va prochainement devenir le premier pays à utiliser une combinaison unique de rehaussement de crédit pour un financement ODD ». Selon le ministre, l’opération s’« inscrit en cohérence avec la stratégie de financement du Bénin, qui accorde une place centrale au développement à impact environnemental et social ». Et le ministre d’encourager « la généralisation de ce type de structures innovantes sur le continent, afin de favoriser le financement de projets durables à des conditions favorables, en particulier dans le contexte de marché dégradé actuel ». Justement, reste à savoir quelle sera la réaction des marchés financiers à un éventuel emprunt du Bénin, tandis qu’en raison de la hausse des taux d’intérêt des banques centrales occidentales, les capitaux désertent les pays en développement. L’essentiel des prêts provient de négociations bilatérales ou multilatérales, aboutissant à des taux « concessionnels », bien plus bas que les taux de marché.
Afin de mettre en œuvre l’Agenda 2030 des Nations unies, le Bénin a adopté des mesures ambitieuses d’intégration des 17 ODD dans sa planification nationale, ainsi qu’au sein de ses politiques budgétaires et fiscales pour arrimer son action publique à ces objectifs.
Le Bénin n’est pas un pays spécifiquement endetté. Le ratio dettes/PIB devrait avoisiner les 30% ces prochaines années, calcule l’agence Moody’s. D’ailleurs, estime le FMI dans une note publiée le 30 septembre 2022, les acquis du Bénin en matière de gestion des finances publiques « offrent une marge de manœuvre indispensable pour faire face aux défis liés à un environnement économique mondial très incertain, aux retombées négatives des risques sécuritaires régionaux et aux séquelles de la Covid-19 ».

@AB