L’appétit pour le Private equity reste robuste

En matière d’opérations sur actions, l’Afrique a fait preuve de résistance, en 2020, face à la récession mondiale. Si la collecte de fonds a sensiblement reculé, de grosses opérations ont été enregistrées et l’année 2021 s’annonce plus favorable.
Par Marie-Anne Lubin
Les tendances lourdes demeurent. L’enquête annuelle menée par l’Association du capital-investissement et du capital-risque en Afrique (AVCA) révèle que la valeur des transactions de Private equity est tombée à 3,3 milliards de dollars, contre 3,8 milliards $ en 2019.
Cependant, le nombre de transactions est passé à 255, contre 230 l’année précédente. La collecte de fonds est tombée à 1,2 milliard $, contre 3,9 milliards $. Néanmoins, l’AVCA considère que l’appétit des investisseurs « reste robuste » avec 18,1 milliards $ levés pour les fonds de Private equity en Afrique entre 2015 et 2020, pour 1 257 transactions.
« Dans l’ensemble, nous prévoyons une augmentation des entreprises de capital-risque et de capital-risque qui investissent activement en Afrique tout au long de 2021 », précise Abi Mustapha-Maduakor, la nouvelle directrice générale de AVCA.
Les secteurs de la finance, des technologies de l’information et de la consommation privée ont attiré 47% des transactions en volume. Les transactions dans les entreprises technologiques représentaient plus de la moitié (55%) des investissements enregistrés en Afrique en 2020.
Ces résultats sont révélateurs des industries et des services qui accélèrent la transformation numérique de l’Afrique, mobilisant ainsi les investisseurs locaux et internationaux, souligne le rapport. La pandémie et les restrictions de confinement ont montré la viabilité de certains secteurs et présenté de nouvelles opportunités d’investissement.
Au sein des services financiers, les transactions de technologie financière représentaient 70% du total. Le rapport distingue l’entrée de Convergence Partner au capital de Channel VAS, un fournisseur de premier plan de services financiers mobiles en Afrique subsaharienne et au-delà.
De plus, les transactions dans les entreprises technologiques représentaient plus de la moitié (55%) du volume total des transactions enregistrées en 2020. L’investissement d’African Capital Alliance dans Global Accelerex, le principal fournisseur de solutions de paiement électronique et de gestion commerciale au Nigeria, en est un exemple.
Rendement et impact économique coïncident
Le rapport signale qu’au cours de la période 2015-2020, l’Afrique australe a attiré le plus grand nombre de transactions : 364 pour une valeur totale de 4,4 milliards $. L’Afrique de l’Ouest se place deuxième avec 313 transactions mais a attiré la valeur la plus élevée des transactions à 5,4 milliards $. L’Afrique du Nord suit avec 220 transactions, pour 3,6 milliards $.

Au total, 270 sorties de Private equity en Afrique sont recensées sur la période 2015-2020. Le nombre de sorties est passé à 33 en 2020, contre 44 en 2019, reflétant le ralentissement de l’économie mondial. Les ventes à des investisseurs privés ont constitué la voie de sortie la plus courante en 2020 (46%), suivies des sorties vers d’autres fonds de Private Equity ou d’autres acheteurs financiers (33%). Les tendances observées par AVCA en 2019 sont ainsi confirmées l’année suivante.
Parmi les opérations de sortie notables, figure celles des gestionnaires africains d’investissement dans les infrastructures du parc éolien de Cookhouse en Afrique du Sud. Puis la sortie d’Actis de GHL Bank au Ghana ; la sortie d’Helios Investment Partners d’Africatel (Unitel), l’opérateur télécom ; et la sortie d’AfricInvest d’Esprit, la première université privée de Tunisie.
« Les généralistes et les investisseurs continuent de trouver de nouvelles façons de réussir dans un environnement de collecte de fonds difficile », commente Abi Mustapha-Maduakor, directrice générale d’AVCA depuis le 1er février 2021.
L’expansion géographique et sectorielle crée de nouvelles opportunités d’aligner l’impact économique et social sur les rendements. Innovation numérique dans les technologies de la santé, technologies financières, technologies électroniques, technologies propres et technologies agricoles sont à l’origine de la transformation du continent. « Dans l’ensemble, nous prévoyons une augmentation des entreprises de capital-risque et de capital-risque qui investissent activement en Afrique tout au long de 2021 », précise la nouvelle directrice générale.
Le rapport constate aussi, sur une note positive, que certains pays d’Afrique de l’Ouest ont poursuivi leurs efforts afin d’attirer davantage d’investissements étrangers en 2020. Togo, Nigeria, dans une moindre mesure Côte d’Ivoire et Niger sont en progrès.
ENCADRE
L’apport des investisseurs de long terme
Hydrosol Fondations est une société tunisienne, spécialiste du génie géotechnique. En 1997, elle reçoit le premier soutien de la société de capital-risque TunisInvest (fonds AfricInvest). Qui, aux côtés d’autres opérateurs, réinjecte du capital régulièrement, jusqu’en 2006. En 2020, ces investisseurs de long terme ont cédé leurs participations au groupe d’ingénierie Ginger, dégageant un retour sur investissement de l’ordre de 30%.
Leur présence a permis, au fil des ans, à Hydrosol Fondations de renforcer son parc de machines, d’améliorer sa gouvernance, de renforcer son activité à l’export, via une coentreprise en Algérie et une seconde en Côte d’Ivoire avec Groupe STUDI.
AVCA en tire deux conclusions : En opérant à proximité géographique des sociétés du portefeuille, les investisseurs sont mieux placés pour soutenir l’équipe de direction et réagir rapidement. De plus, les options sur actions jouent un rôle important dans la motivation de l’équipe de direction de l’entreprise. »
ML