L’agriculture est un levier de croissance

La République centrafricaine peut sortir des millions de personnes de la pauvreté en transformant son vital secteur agricole en un moteur essentiel de la croissance économique, juge un rapport de la Banque mondiale.
Environ 75 % des Centrafricains, en particulier les femmes, dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, principalement des emplois informels. Cependant, le secteur a été entravé ces dernières années par le manque d’investissement et de modernisation, ainsi que par des infrastructures médiocres. Tel est le constat d’un rapport de la Banque mondiale intitulé Weathering Growing Risks : Relever les défis macro-budgétaires et libérer le potentiel du secteur agricole.
Le Code agropastoral, pour guider l’acquisition et la sécurisation des terres agricoles, constitue un pas dans la bonne direction pour permettre une allocation efficace des terres pour les pâturages et les cultures.
Pour la Banque mondiale, il est urgent d’entreprendre des réformes audacieuses et soutenues pour revitaliser l’agriculture, qui contribue de manière significative à la réduction de la pauvreté, alors que l’économie de la Centrafrique est confrontée à des crises qui se chevauchent. La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, les troubles politiques consécutifs à l’adoption de la loi sur les crypto-monnaies ralentissent la croissance économique, même si les risques s’amenuisent.
« La Centrafrique dispose d’abondantes terres arables et d’un climat favorable à l’agriculture et à l’élevage », commente Guido Rurangwa, directeur pays de la Banque mondiale. « Une stratégie globale, étayée par des réformes concrètes, peut libérer le potentiel du secteur agricole, protéger les moyens de subsistance, accélérer la croissance, créer des emplois et améliorer les conditions de vie des Centrafricains. »
Un cycle d’instabilité politique dans les années 2000 et 2010 a contribué à la diminution de la part du secteur dans la croissance du PIB, qui est passée de 55 % en 2011 à 32 % en 2020, la production des cultures, de l’élevage, de la sylviculture et de la pêche ayant toutes diminué. Au cours de la dernière décennie, les investissements publics dans l’agriculture ont représenté en moyenne moins de 3 % des dépenses totales du secteur public, ce qui est bien inférieur à l’objectif de 10 % fixé par l’Union africaine.
Afin de faire du secteur agricole un moteur essentiel de la croissance et de la prospérité en Centrafrique, la Banque mondiale identifie cinq domaines prioritaires.
Mécaniser et investir
Des décennies de conflit, d’instabilité et de progrès inégaux dans le programme de réformes structurelles ont gravement endommagé le cadre institutionnel agricole. La mise en place d’un cadre réglementaire pour la finance rurale, d’une base de données nationale des agriculteurs avec classification des groupes et l’adoption du Code foncier agropastoral pourraient contribuer à renforcer les capacités des agriculteurs et des éleveurs.
L’accès au capital de base pour les activités agricoles est un goulot d’étranglement majeur. Un cadre réglementaire pour la finance rurale, des prêts à faible taux d’intérêt accordés par des institutions de microfinance et l’expansion des services bancaires mobiles pourraient aider les agriculteurs à passer du marché informel au marché formel du crédit et de l’agriculture de subsistance à l’agriculture commerciale.
Le mauvais état des routes entrave gravement l’accès des agriculteurs aux marchés. La nécessité d’améliorer la qualité des routes et des transports est vitale pour l’acheminement des produits agricoles depuis les exploitations rurales.
Les lois foncières obsolètes ne favorisent pas le développement agricole et il n’existe pas d’instrument juridique pour la gestion et la sécurisation des terres agricoles. Un Code agropastoral pour guider l’acquisition et la sécurisation des terres agricoles, rédigé par le ministère de l’Agriculture, constitue un pas dans la bonne direction pour permettre une allocation efficace des terres pour les pâturages et les cultures.
L’agriculture manuelle est la norme en Centrafrique, moins de 1 % des agriculteurs ayant les moyens d’utiliser des tracteurs et des motoculteurs. De même, les agriculteurs sont susceptibles d’utiliser des engrais alternatifs moins chers pour leurs cultures. Des efforts sont nécessaires non seulement pour améliorer la disponibilité des machines agricoles, mais aussi leur utilisation par les agriculteurs.
Enfin, la Banque mondiale souligne l’importance de l’agriculture pour les femmes, qui représentent plus de 78 % de la main-d’œuvre agricole du pays. Leur autonomisation est essentielle au bien-être des familles et des communautés rurales, à la productivité économique globale, ainsi qu’à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté.
PF, d’après compte rendu de la Banque mondiale
@AB