L’Afrique à la pointe de l’entrepreneuriat
Un tiers de la population active en Afrique subsaharienne travaille à son compte. Les femmes, en particulier, sont des championnes et leur réussite sert d’exemple à tout un continent.
Les Africains continuent de surprendre par leur dynamisme économique. Leur réussite entrepreneuriale est devenue une source d’inspiration et contribue à changer l’image du continent. Partout, des hommes, des femmes, surtout des jeunes, innovent et créent leur entreprise. Leur sens de l’initiative permet à l’Afrique d’être leader en matière d’entrepreneuriat. Le rapport du Consortium Global Entrepreneurship Monitor (une association académique internationale affiliée au London Business School), confirme ce jugement. S’il étudie tous les continents, il se concentre sur six pays africains, l’Angola, le Botswana, le Burkina Faso, le Cameroun, l’Ouganda, ainsi que l’Afrique du Sud. En dépit des disparités en matière de croissance, ces pays ont un point en commun : un tiers de leur population active travaille à son compte.
Le Cameroun est numéro un dans le monde avec 37,4 % d’entrepreneurs, suivi par l’Ouganda (35,5 %) et le Botswana (32,8 %). De son côté, l’Union européenne compte seulement 6 % de créateurs d’entreprises. Pour Slavica Singer, rédactrice principale du rapport, cette vitalité proprement africaine s’explique par une culture entrepreneuriale forte, qui valorise l’initiative privée. De plus indique l’étude, les Success Stories sont au centre de l’attention des médias et agissent comme un stimulateur pour de nouvelles aventures dans le domaine des affaires.
L’exemple d’Alain Nteff est édifiant. Ce jeune Camerounais de 23 ans a fait sensation, en janvier, au sommet économique de Davos. Il y a exposé sa plateforme d’assis-tance médicale pour les femmes enceintes, Gifted Mom. Conçue comme un projet d’économie sociale, dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle, la start-up multiplie les initiatives. En 2014, Alain Nteff a obtenu le prix Anshiza récompensant les jeunes entrepreneurs africains. En Afrique du Sud, l’histoire de Repelang Rabana est tout aussi significative. À 33 ans, la jeune femme est devenue une star africaine, classée en 2013 par le magazine Forbes parmi les 30 meilleurs jeunes entrepreneurs du continent, par la création de Rekindle Learning, une start-up spécialisée dans le e-learning sur mobiles.
La perspective de l’échec ne constitue guère un facteur dissuasif pour les créateurs d’entreprises. Au contraire, tout est fait depuis quelques années pour encourager les porteurs de projets
Bien sûr, ni Alain Nteff ni Repelang Rabana n’illustrent le profil-type des entrepreneurs africains. Dans ce continent où les femmes sont des entrepreneurs reconnus (27 % d’entre elles dirigent leur propre affaire), la plupart sont plutôt investies dans le microcrédit, une alternative de survie pour celles nombreuses dont le niveau d’instruction est faible. D’ailleurs, l’étude de GEM fait bien de remarquer qu’en Afrique, la perspective de l’échec ne constitue guère un facteur dissuasif pour les créateurs d’entreprises. Au contraire, tout est fait depuis quelques années pour encourager les porteurs de projets, à travers des programmes de formation et d’aide financière et logistique.