La Tunisie relance sa filière céréales

La production de céréales a chuté en Tunisie, pays devenu dangereusement dépendant des importations, dans un contexte géopolitique tendu. Le gouvernement se dote d’un programme d’appui à la filière, qui reçoit les encouragements de la BAD.
La Tunisie recevra un prêt de 87,1 millions de dollars de la part de la BAD (Banque africaine de développement) pour augmenter sa production céréalière. Celle-ci a chuté ces dernières années, en raison de la sécheresse induite par le dérèglement climatique.
Au cours de la dernière décennie, la Tunisie a récolté en moyenne 1,5 million de tonnes de céréales pour une consommation nationale de 3,4 millions de tonnes. Cet appui de la BAD permettra au gouvernement tunisien d’améliorer la productivité des céréales et à moderniser les capacités de stockage. L’État veut soutenir également le transport ferroviaire des céréales, sécuriser les approvisionnements et renforcer les capacités des principales parties prenantes afin de consolider la résilience face aux chocs extérieurs.
Comme beaucoup d’autres pays, la Tunisie est confrontée à une crise alimentaire provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a fait augmenter le prix des céréales, en particulier du blé, à l’échelle mondiale.
La Tunisie, de même que la Libye et le Kenya, « pourrait pâtir de la fin de l’accord céréalier de la mer Noire », notent d’ailleurs les analystes de Global Sovereign Advisory (GSA) ; le pays africain le plus affecté par cette décision russe étant l’Égypte.
L’heure est à l’incertitude sur les prix mondiaux. Alors que l’inflation sur les produits alimentaires reculait sensiblement, la rupture de l’accord sur le corridor de la mer Noire fait craindre une nouvelle envolée des prix. D’autant que la production mondiale reste incertaine. Sur ce point, les derniers éléments sont plutôt rassurants. Selon la FAO, la production mondiale de céréales devrait atteindre un niveau record. Elle est attendue en légère hausse en Europe de l’Ouest, zone qui peut aisément fournir l’Afrique du Nord.
Pour la seule Tunisie, les prévisions sont moins rassurantes. Les quantités de céréales collectées au cours de la campagne 2023 ont baissé de 60% par rapport à 2022, soit 2,7 millions de quintaux contre 7,5 millions de quintaux enregistrés l’an dernier, a dévoilé, le 21 juillet, l’Office des céréales.
De son côté, Kaïs Saïed a appelé la FAO à imposer une réserve stratégique de céréales, pour y recourir au besoin, et garantir les standards de dignité aux citoyens et éviter que le blé « ne se transforme d’aliment en arme qui affame les peuples ». Le président tunisien participait, en début de semaine au Sommet des systèmes alimentaires, à Rome.
De nouvelles infrastructures
L’objectif de la Tunisie est d’augmenter sa production de blé dur de 1,6 million de quintaux, d’orge de 1,2 million de quintaux, d’huile végétale de 18 000 quintaux et de tourteaux de bovins de 42 000 quintaux. Il s’agit également de réduire les pertes post-récolte et de stockage, ce qui permettra d’économiser environ 115 000 quintaux de céréales.
Samir Saïed est le ministre tunisien de l’Économie et de la planification. Il souligne l’importance des objectifs du gouvernement en matière d’investissement inclusif et durable dans le secteur céréalier. Il s’agit, selon lui, d’« augmenter le stockage stratégique des céréales pour couvrir trois mois de besoins au lieu de deux, en rénovant et en modernisant les silos portuaires de Radès et de Bizerte, en construisant un nouveau silo à Djebel Djelloud et en relançant le transport ferroviaire des céréales ».
Comme beaucoup d’autres pays, la Tunisie est confrontée à une crise alimentaire provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a fait augmenter le prix des céréales, en particulier du blé, à l’échelle mondiale, rappelle la BAD dans une note. Le pays a également connu une baisse drastique de sa production de blé en raison d’une sécheresse extrême au cours des cinq dernières années, selon le ministère tunisien de l’Agriculture. Les barrages sont à leur niveau le plus bas depuis dix ans. Le ministère de l’Agriculture a également annoncé que le pays devrait importer 95 % de ses besoins en céréales.
Dans ce contexte, espèrent ses promoteurs, le programme du gouvernement appuyé par la BAD renforcera la sécurité alimentaire, en particulier pour les populations vulnérables dont le régime alimentaire dépend fortement des produits à base de céréales. Il bénéficiera également à la chaîne de valeur de la transformation alimentaire (minoteries, boulangeries, pâtisseries, etc.) et à la production d’aliments pour le bétail.
@AB