La résilience des start-up

Les start-up technologiques africaines continuent d’attirer les capitaux, en dépit du ralentissement mondial du financement du capital-risque. Comme en témoignent les chiffres du premier trimestre et les levées de fonds de Propel (Nigeria) et Agel (Égypte).
Bien que les fonds de capital-risque se soient lentement retirés du marché africain cette année, l’écosystème des start-up du continent continue d’afficher de bonnes performances par rapport aux marchés plus matures, selon les chiffres de PitchBook, une société spécialisée dans les marchés de capitaux.
Au titre de l’année 2022, Pitchbook a enregistré 2,9 milliards de dollars investis dans 689 tours de table en Afrique, ce qui en fait la seule région où la valeur des transactions et le nombre de transactions ont augmenté d’une année sur l’autre.
Cependant, au premier trimestre 2023, les entreprises africaines soutenues par le capital-risque n’ont réalisé que 91 opérations, d’une valeur de 419 millions $ , ce qui représente une forte baisse par rapport aux 257 tours totalisant 948 millions $ au cours de la même période l’année dernière.
Néanmoins, alors que le nombre d’opérations s’est maintenu aux niveaux antérieurs à 2020 au deuxième trimestre, le capital levé a augmenté pour porter le total à 1,1 milliard $ au cours des six premiers mois de l’année.
« Les investisseurs de la région s’attendaient déjà à un environnement plus calme pour les transactions cette année, les investissements étrangers sur le continent devant se replier sur les marchés principaux. Mais malgré ce ralentissement, l’Afrique résiste mieux à la tempête que les marchés plus matures », détaille Leah Hodgson, analyste principale chez PitchBook.
Le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud ont représenté plus de la moitié (127) de toutes les transactions conclues par les startups en Afrique au cours des premier et deuxième trimestres de 2023.
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Propel obtient un investissement de démarrage
Basée à Berlin, Propel est une start-up de ressources humaines fondée par les entrepreneurs nigérians Sunkanmi Ola, Seun Owolabi et Abel Agoi en 2020. Elle permet aux entreprises d’accéder aux talents technologiques de son écosystème de communautés technologiques à travers l’Afrique et le monde. Elle a des bureaux en Allemagne, au Nigeria et au Portugal et compte déjà parmi ses clients de grandes multinationales telles qu’Orange et Mercedes-Benz.
La société a levé 2,7 millions $ lors d’un tour de financement de démarrage mené par la société néerlandaise de capital-risque No Such Ventures. Avant cela, Propel avait reçu un financement de pré-amorçage de 50 000 euros de la part de la société de capital-risque berlinoise APX en 2020 et une subvention de 100 000 dollars de la part de Google en 2022.
Ce financement intervient à un moment où la multinationale suédoise de réseaux Ericsson a publié un rapport montrant que 56 % des employés dans cinq marchés africains clés (Afrique du Sud, Nigeria, Kenya, Égypte et Maro) considèrent que des horaires ou des lieux de travail flexibles sont essentiels. Le modèle commercial de Propel s’aligne sur cette tendance et encourage une « fuite inversée des cerveaux », qui pourrait avoir un effet positif sur les économies en Afrique.
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Agel trouve des capitaux
La FinTech islamique égyptienne Agel conclut un tour de table de pré-amorçage pour un montant à sept chiffres non divulgué. Agel vend des produits de financement personnalisés, numériques, sans numéraire et conformes à la charia, y compris des Murabaha, un modèle de financement à coût majoré qui adhère aux principes islamiques. Elle s’adresse aux micro, petites et moyennes entreprises en Égypte. Agel a été créée en octobre 2021 par Abdelrahman Saeed et Ahmed El Sherbiny.
Dans un communiqué, la société fait état d’un « montant à sept chiffres non divulgué », ce qui signifie au moins 1 million $. Le tour d’investissement a été mené par des sociétés de capital-risque axées sur la région MENA : Plus Venture Capital (+VC), Seedstars International Ventures et Flat6labs, avec la participation de SEEDRA Ventures, du programme d’accélération de la Banque Misr et d’autres investisseurs providentiels.
Agel est la première et la seule entreprise de Fintech islamique d’Égypte. Le pays est à la traîne par rapport à d’autres pays à majorité musulmane disposant de marchés FinTech islamiques plus importants, tels que l’Arabie saoudite (17,9 milliards $), l’Iran (9,2 milliards $) et les Émirats arabes unis (3,7 millions $). Selon le Global Islamic Fintech Report, le marché des FinTech islamiques devrait croître à un rythme annuel de 21 % pour atteindre 128 milliards $ d’ici 2025.
Charles Dietz et Léo Komminoth, Tech54
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