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La France ajuste sa politique de développement

La France ajuste sa politique de développement
  • Publiémars 4, 2021

En opposition avec les pratiques chinoises, la France réajuste sa politique d’Aide au développement. Par un budget en hausse et une organisation regroupée, elle se concentrera sur 18 pays africains et Haïti, et privilégiera les dons aux prêts.

Par Kimberly Adams

Sans vote contre, l’Assemblée nationale française a voté, en première lecture, la réforme de l’Aide au développement (ADP), le 2 mars 2021. Ce vote marque une rupture de méthode et une réorientation des budgets.

En effet, la loi prévoit une élévation des montants à destination de 18 pays africains, ainsi que de Haïti. De plus, elle privilégie l’attribution de dons directs, plutôt que de prêts. Clairement, le législateur français souhaite se démarquer de la méthode chinoise.

Afin de gagner en efficacité, les deux structures principales de la politique française de développement seront réunies. Expertise France, dont 60% de l’activité se dirige vers l’Afrique, va intégrer l’Agence française de développement.

L’ADP devrait avoisiner 0,55% du RNB (Revenu national brut) en 2022, soit environ 15 milliards d’euros par an, contre 0,37% en 2017, l’année de l’élection d’Emmanuel Macron. Certaines voix, à droite comme à gauche, se sont élevées, au sein de l’hémicycle, pour regretter que l’effort ne soit pas plus marqué dès 2021. Ce à quoi les proches du gouvernement ont répondu que si la loi a pris du retard à cause de la crise sanitaire, les engagements financiers ont bien progressé cette année.

« La France va revenir dans le jeu » de l’Aide au développement, a promis le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Nous avons décidé de faire en sorte d’un ciblage beaucoup plus clair de nos objectifs et donc de limiter notre action aux pays les plus en difficulté, c’est-à-dire essentiellement les 18 pays d’Afrique qui sont les moins développés, plus Haïti. ».

Évoquant les différences d’approche avec la Chine, le ministre voit s’engager « une guerre de modèles, une guerre d’influence ». L’aide au financement des infrastructures, telle que pratiquée par la Chine, entraîne une relation de dépendance avec les pays aidés.

Dans ce cadre, la France « respecte les pays concernés, nous voulons des partenariats avec, eux, avec leurs propres organisations, et pas seulement avec les autorités, mais aussi les ONG ». Des successions de projets, comme la Grande muraille verte – la grande priorité de la France, visiblement –, « vont dans le sens du développement ».

Des objectifs précis

Les pays africains « commencent à se rendre compte qu’un endettement trop fort qu’ils ont pu contracter à l’égard de la Chine les met dans de grosses difficultés », considère le ministre, qui rappelle que la France plaide pour un moratoire de la dette africaine. 

En séance, la députée LREM (majorité présidentielle), Valérie Thomas a voulu afficher « très clairement les priorités sectorielles » : lutte contre la pauvreté, santé, climat, éducation et égalité femmes hommes. L’APD française a atteint 10,9 milliards d’euros en 2019 et 12,8 milliards en 2020. Cet effort est à comparer au recul de l’Aide venant du Royaume-Uni, 11,1 milliards d’euros environ.

En plus de l’objectif du 0,7%, « nous fixons une date », avec un « taux d’effort », et « nous nous donnons les moyens d’y aboutir », a indiqué en séance Jean-Yves Le Drian. Si la France respectait cette trajectoire, elle irait au-delà des engagements à horizon 2030 des membres de l’Union européenne. Il est vrai que plusieurs États, comme le Luxembourg ou les pays scandinaves, dépassent déjà cet objectif.

Bien sûr, personne ne saurait se satisfaire d’un simple chiffre. Pour le rapporteur de la loi, Hervé Berville, cité par l’AFP, « il ne dit rien de l’impact de ce que l’on fait. Jamais un acteur de terrain ne demande que la France dépense 0,7 % de son RNB. Ce qu’il réclame, c’est une aide efficace ». Sur ce point, la loi prévoit une commission d’évaluation de l’aide française, qui fera l’objet d’une évaluation régulière.  À elle de déterminer quel impact sur la population ou le climat aura telle ou telle action.

Comme prévu de longue date, et afin de gagner en efficacité, les deux structures principales de la politique française de développement seront réunies. Expertise France, dont 60% de l’activité se dirige vers l’Afrique, va intégrer l’AFD (Agence française de développement).

La première structure mobilise des spécialistes sur des projets spécifiques, la seconde finance des prêts et des dons. « Cela sert surtout à mieux répondre et plus directement aux besoins des pays avec lesquels on travaille », se réjouit le directeur d’Expertise France, Jérémie Pellet.

Enfin, la loi prévoit un nouveau mécanisme permettant le retour dans leur pays d’origine des biens mal acquis en France 

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La loi doit être votée dans les mêmes termes par le Sénat avant, le cas échéant, un retour à l’Assemblée nationale.

KA

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Par Kimberly Adams

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