x
Close
African Business

La fin du charbon, une opportunité pour l’Afrique ?

La fin du charbon, une opportunité pour l’Afrique ?
  • Publiéavril 6, 2023

En dépit des chocs énergétiques récents, des contre-exemples de la Chine et de l’Afrique du Sud, le retour du charbon n’est pas envisageable, en Afrique et dans le reste du monde. Une opportunité pour accélérer la transition énergétique ?

 

Les chantiers de production d’électricité par des centrales à charbons se heurtent à d’importantes contraintes financières, en Afrique tout particulièrement. Et si ces difficultés pouvaient donner le signal d’une accélération des projets d’énergie renouvelable ?, s’interroge le Global Energy Monitor.

L’ONG, qui publie son 9e rapport, montre que l’Afrique du Sud abrite environ un cinquième des projets africains en phase de pré-construction et la moitié des projets en construction. En dehors de l’Afrique du Sud, près de 50 centrales à charbon sont en développement sur le continent, mais pour une capacité énergétique limitée. Dix-sept sont au Zimbabwe, ce qui en fait le pays d’Afrique avec le plus grand nombre et le cinquième mondial. Cependant les capacités totales en opération au Zimbabwe sont restées pratiquement stables depuis trente ans.

« Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, il est urgent non seulement d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais aussi d’investir massivement dans une énergie durable et résiliente. »

Avec l’annonce par la Chine de se retirer de tous les financements en dehors de son territoire, le flot interrompu des projets au charbon pourrait être réorienté vers des projets d’énergie renouvelable comme en Afrique du Sud, qui a engrangé 8.5 milliards de dollars de financements internationaux pour le climat pour soutenir à la fois la décarbonisation du secteur énergétique et la diversification de l’économie. Si ce modèle était reproduit ailleurs, les installations vieillissantes au charbon auraient de fortes chances d’être mises au rebut ou transformées pour participer à une transition énergétique équitable et durable en Afrique subsaharienne.

Globalement, le nombre de centrales en opération ou en projet a baissé à la fois dans les pays développés et dans les pays en voie de développement en 2022 – en dehors de la Chine. Dans le même temps, les centrales existantes sont peu à peu arrêtées et les projets de nouvelles centrales annulés.

 

Un abandon trop lent

Pourtant, le rythme des mises au rebut doit être 4,5 fois plus rapide – et la construction de nouvelles centrales doit entièrement être stoppée – pour que le monde soit en phase pour éliminer le charbon d’ici à 2040, comme cela est nécessaire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.

Pour rester en phase avec les objectifs de l’accord, toutes les centrales au charbon doivent être au rebut d’ici à 2030 dans les pays les plus riches et d’ici à 2040 dans le reste du monde, et il n’y a aucune place pour de nouvelles centrales arrivant en opération. « Alors que le total des nouvelles capacités au charbon en projet a fortement diminué, le monde ne supprime pas les centrales existantes suffisamment rapidement. »

Éliminer les centrales à charbon en opération d’ici à 2040 nécessiterait en moyenne l’arrêt de 117 GW par an, soit l’équivalent de 4,5 fois la capacité totale mise au rebut l’an dernier. En moyenne 60 GW de ces arrêts doivent venir des pays de l’OCDE chaque année pour atteindre l’objectif d’éliminer le charbon d’ici à 2030, et pour les pays en dehors de l’OCDE, 91 GW chaque année pour tenir l’objectif de 2040. Si l’on prend en compte les centrales en cours de construction ou en projet (537 GW), les coupes devraient être encore bien plus élevées.

 

Dans de nombreux pays en voie de développement, en particulier ceux qui sont très dépendants du charbon, « une sortie du charbon d’ici à 2040 est équivalente à une transition énergétique à marche forcée dans des temps records et pose de nombreuses questions d’équité », reconnaît Global Energy Monitor. Le rapport insiste sur le fait que la communauté internationale doit supporter ces pays dans leur élimination du charbon en fournissant des financements publics et privés pour l’énergie propre, en favorisant le développement de réseaux électriques flexibles et fiables, et avec une assistance en moyens techniques et en expertise pour favoriser des cadres de législation et de politiques qui accélèrent la transition du charbon vers les énergies propres.

« Plus il y a de nouvelles centrales à charbon, plus le défi à relever est difficile », résume Flora Champenois, de Global Energy Monitor. « À ce rythme, la transition pour éliminer le charbon ne se produit pas assez vite pour éviter un chaos climatique. Le GIEC et les Nations unies ont tous les deux renouvelé l’ordre de marche pour éliminer le charbon de façon à sauvegarder ce qui est peut-être notre dernière chance pour éviter le pire des dommages dus aux dégâts du réchauffement de notre planète. »

 

Question de santé

Charity Migwi est chargée de campagne régionale de l’ONG 350Africa.org. Elle considère que la dépendance au charbon dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Nigeria a « un impact dévastateur sur l’Afrique ». Par exemple, le charbon mène à des problèmes de santé causés par la pollution de l’air, à la destruction des habitats naturels et au déplacement de communautés. Non seulement le charbon n’est pas durable, il contribue également à aggraver les impacts climatiques.

Or, l’« abondance des ressources énergétiques renouvelables de l’Afrique, y compris l’énergie solaire et éolienne, offre une opportunité unique pour le continent de s’éloigner des combustibles fossiles polluants tels que le charbon et de passer à l’énergie renouvelable d’une manière centrée sur la communauté », juge l’activiste. Cette transition peut créer des emplois verts, promouvoir la croissance économique, améliorer le bien-être de chacun et atténuer les impacts du changement climatique. « Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, il est urgent non seulement d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais aussi d’investir massivement dans une énergie durable et résiliente. »

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *