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Kaïs Saïed peut-il taxer les riches ?

Kaïs Saïed peut-il taxer les riches ?
  • Publiéjuin 2, 2023

Faute de pouvoir boucler un accord avec le FMI, le chef de l’État tunisien cherche des solutions à la crise financière que traverse le pays. Sa suggestion de prendre l’excédent des plus riches se heurte à quelques difficultés pratiques.

Kaïs Saïed continue de s’opposer au FMI (Fonds monétaire international) en dépit des assurances de ce dernier que les négociations se poursuivent. Le président tunisien refuse « les diktats » du FMI, notamment l’abandon du système de subvention des produits de base.

L’Italie a signé un accord de financement de 1 million d’euros avec la Banque mondiale, afin d’abonder le fonds fiduciaire « Tunisia Economic Resilience and Inclusion Umbrella Fund ».

L’institution conditionne son aide à la fin des subventions, un système qu’elle juge coûteux et inefficace, puisque profitant aussi aux ménages les plus aisés. Sur ce point, Kaïs Saïed assume ce choix, confirmant que le système de subventions profite bien à tous les Tunisiens, donc y compris aux plus riches. Le FMI privilégie – partout dans le monde – un système plus libéral de fixation des prix, compensé par des aides ciblées au bénéfice des ménages les plus pauvres.

Reste que faute d’appui du FMI, la Tunisie est en quête de ressources. Dès lors, le président tunisien propose l’introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches. Il en a exprimé l’idée en recevant la Première ministre, Najla Bouden, le 1er juin.

Face à la situation critique du pays, Kaïs Saïed envisage simplement de « prendre l’excédent d’argent des riches pour le donner aux pauvres » ; il reprend au passage une citation attribuée à l’un des premiers califes de l’islam, Omar Ibn Al-Khattab. « Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d’introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu’ils en aient besoin », a expliqué le président tunisien.

Reste à préciser comment rendre opérationnelles, et efficaces, de nouvelles taxes. En effet, en Tunisie, les impôts sont des salariés sont imposés à la source, mais l’administration fiscale peine à collecter ne serait-ce que les déclarations de revenus des professions libérales.

La Tunisie avait obtenu un accord de principe du FMI, en octobre 2022, pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars (1,85 milliard d’euros) pour l’aider à surmonter la crise financière. Depuis, les discussions piétinent, faute d’engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les entreprises publiques lourdement endettées et donc, lever les subventions sur certains produits de base.

 

Un couac diplomatique et une bonne nouvelle

La crise économique et financière se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base sur fond de vives tensions politiques.

D’autre part, la Tunisie se paye le luxe d’un « couac » diplomatique avec la France. Une rencontre, fin mai, entre les diplomates tunisiens et français semblait s’être bien passée. Elle s’est conclue par différents messages convenus sur la bonne entente entre les pays.

Là, un communiqué publié par le Quai d’Orsay a jeté le feu aux poudres. Le ministère des Affaires étrangères y précisait que la ministre Catherine Colonna avait « rappelé l’attachement de la France aux droits et libertés publiques partout dans le monde ».

Réplique du ministère tunisien des Affaires étrangères : « La question des droits et libertés n’a pas été abordée lors de la rencontre » à laquelle participait le ministre Nabil Ammar.

Ce dernier aurait souligné que « le principal défi de la Tunisie reste celui de la relance économique et que tout message sceptique ou attitude négative ne fera que compliquer davantage l’amélioration des conditions socio-économiques dans le pays ».

De son côté, la France s’inquiète d’un possible afflux de migrants – Tunisiens et Subsahariens – vers l’hexagone, si la situation économique de la Tunisie ne s’améliore pas. Voilà pourquoi Paris, à l’image du FMI mais avec d’autres termes, soutient les « réformes » de la Tunisie.

Telle est aussi l’attitude du « voisin » italien. On apprend ce 2 juin 2023 que le ministère italien des Affaires étrangères a signé un accord de financement de 1 million d’euros avec la Banque mondiale, afin d’abonder le fonds fiduciaire « Tunisia Economic Resilience and Inclusion Umbrella Fund ».

Cet accord s’ajoute aux 700 millions d’euros déjà engagés par l’Italie dans divers projets de coopération en Tunisie. Ce fonds TERI est déjà garni par d’autres partenaires européens, à commencer par l’Union européenne elle-même. Selon la Banque mondiale, cet accord permettra d’accélérer la mise en œuvre des actions prioritaires par le gouvernement tunisien.

@AB

Écrit par
Laurent Allais

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