Investir dans le développement durable

Un rapport de l’Union africaine et de l’OCDE détaille une série de leviers que les dirigeants de chaque sous-région pourraient actionner afin d’attirer les investissements, en capitalisant sur leurs atouts propres, qui tiennent au capital naturel ou humain.
Comment attirer les capitaux vers le développement durable de l’Afrique, tandis que les investisseurs se montrent frileux devant les risques ? D’autant que les besoins autant que les opportunités du continent sont clairement identifiés. Tel est l’enjeu détaillé par le volumineux rapport publié par l’Union africaine et l’OCDE, Dynamiques du développement en Afrique, investir dans le développement durable. Selon les auteurs, la voie principale passe par une amélioration des politiques publiques. Fournir les données au bon moment – L’amélioration des données macroéconomiques peut contribuer à une perception plus réaliste des risques –, piloter des partenariats, renforcer l’intégration africaine, en particulier par le libre-échange.
Pour chaque région africaine, les auteurs détaillent trois leviers à actionner par les décideurs publics afin d’attirer davantage de capitaux à long terme.
« Pour renforcer la résilience aux chocs extérieurs et améliorer la confiance des investisseurs, les responsables politiques africains peuvent travailler main dans la main avec les partenaires internationaux et la société civile africaine à la mobilisation de l’investissement au service de l’Agenda 2063 et du développement durable », résume le rapport.
Qui appelle la communauté internationale à « respecter ses engagements en matière de restructuration de la dette et de financement de la lutte contre le changement climatique ». La communauté internationale peut en outre allouer davantage de ressources aux IFD (Institutions de financement du développement) se démarquant par leur bonne gestion et respecter ses engagements, en augmentant par exemple son financement de l’adaptation au changement climatique.
Afin de réduire le risque – ou la perception du risque –, les gouvernements africains et les IFD peuvent recourir davantage aux instruments innovants d’atténuation des risques et de financement, comme les obligations vertes, sociales et durables, ou encore les solutions de financement en monnaie locale, en plein essor dans de nombreux pays.
Sachant que dans le même temps, le développement et l’interconnexion des marchés des capitaux et des bourses peuvent favoriser la croissance des entreprises africaines. Les initiatives transfrontalières telles que les corridors de développement et les infrastructures numériques peuvent notamment réduire les frictions commerciales et la fragmentation du marché.
Mieux faire connaître le capital naturel
Un soutien ciblé aux petites et moyennes entreprises est en outre essentiel pour leur permettre de saisir les opportunités d’investissement des chaînes de valeur régionales. De son côté, la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) entend, à ce titre, harmoniser le paysage des politiques d’investissement à travers le continent, « mais nécessite pour ce faire la mise en place de mécanismes de suivi efficaces et de partenariats public-privé ».
Le rapport détaille une série de préconisations spécifiques à chaque sous-région.
En Afrique centrale, estiment ses auteurs, trois actions prioritaires sont à envisager pour accroître la monétisation des écosystèmes naturels. Premièrement, améliorer la comptabilité de la valeur du capital naturel pour mieux informer les investisseurs et les parties prenantes. Deuxièmement, installer des cadres institutionnels adaptés à la monétisation des écosystèmes naturels. Troisièmement, promouvoir les mécanismes de financement innovants en concertation avec les acteurs communautaires, politiques et financiers.

Dans cette région, l’investissement a peu contribué à la croissance, depuis les années 2010, en raison principalement de la croissance démographique. De plus, l’« investissement est insuffisamment alloué à des activités durables », tandis que les investissements dans les services sociaux et infrastructures restent « limités ». Encore insuffisante, l’intégration régionale permettra d’attirer les investissements, permettant à l’Afrique centrale de capitaliser sur ses atouts, comme les forêts. Et le rapport de plaider pour des produits financiers innovants comme les obligations vertes ou les crédits carbone, qui permet de monétiser les services d’absorption du carbone. De leur côté, les instruments financiers ouvrent de nouvelles opportunités, y compris ceux à destination de la diaspora. Par exemple, la France a créé la plateforme MEET Africa qui fournit une assistance technique pour la création d’entreprises de la diaspora. De son côté, le gouvernement du Cameroun constitue un fonds d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes expatriés.
L’agriculture en Afrique de l’Ouest
En Afrique du Nord, trois leviers peuvent être actionnés par les décideurs politiques pour mobiliser les investissements en faveur de l’action climatique. Premièrement, améliorer l’identification des besoins de financements et leur allocation en fonction des priorités nationales. Deuxièmement, mettre en place des cadres réglementaires inclusifs et favorables à la finance durable, Troisièmement, soutenir le développement du marché de la finance durable par la coopération régionale.
Enfin, les auteurs voient un grand avenir dans l’agro-industrie en Afrique de l’Ouest.
Dans ce contexte, les responsables politiques pourraient, là aussi, privilégier trois grands axes d’action : les institutions financières publiques peuvent améliorer l’accès des petits exploitants agricoles à des produits financiers axés sur la productivité et la durabilité. De plus, les politiques d’intégration régionale et les programmes territorialisés peuvent jouer des rôles complémentaires dans le renforcement des chaînes de valeur agroalimentaires. Ils devraient étendre le rôle des agropôles, organismes de soutien, bailleurs de fonds internationaux et partenaires techniques, qui améliorent tous directement les capacités des petites entreprises et des entreprises informelles et renforcent les liens au sein des chaînes de valeur agroalimentaires.
@AB