Investir dans d’autres systèmes agricoles

Généraliser l’usage du numérique dans l’agriculture, revoir en profondeur les systèmes agroalimentaires et revoir les politiques rurales. Telles sont les pistes pour mieux nourrir le continent et le monde.
Une transformation à grande échelle des systèmes agroalimentaires menée par l’Afrique ne sera pas possible sans des solutions qui changent la donne, des investissements plus importants dans les petits exploitants agricoles et les organisations locales, des transformations structurelles, des innovations et des partenariats à tous les niveaux.
C’est ce qui ressort du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires et des réunions parallèles à cette manifestation, destinée à dresser un bilan des progrès accomplis en deux ans. Lesquels sont bien minces, pour ne pas écrire nuls.
« Les systèmes alimentaires d’aujourd’hui ont échoué à mettre à la portée de tous des régimes alimentaires équilibrés à un prix abordable. Nous devons construire un monde où des aliments sains et nutritifs sont disponibles à un prix abordable pour tous, partout. »
Lors de son intervention le directeur général de la FAO a vanté « les atouts » de l’Afrique, y compris ses ressources humaines et naturelles, tout en soulignant que, pour libérer tout le potentiel de ces précieux atouts, le continent a besoin de décisions et d’actions qui changent la donne.
QU Dongyu a cité l’investissement dans le développement social, en particulier chez les jeunes, les femmes et les petits exploitants agricoles, comme l’un des principaux domaines prioritaires.
Le directeur de la FAO a également souligné la nécessité de passer à l’agriculture numérique sur le continent, notant que son organisation a lancé l’Initiative 1000 villages numériques, qui vise à identifier 1000 villages à travers le monde pour les convertir en villages numériques.
« Je vous encourage vivement à investir dans l’avenir ; l’avenir pour l’innovation, l’avenir pour les jeunes », a-t-il commenté
D’une manière générale, il semble en effet important de renforcer la mobilisation des ressources, d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques, en particulier dans le secteur agricole, d’améliorer le climat d’investissement et de remédier à l’architecture financière défaillante.
Le coût élevé de l’inaction
Les participants ont insisté sur la nécessité d’identifier les déficits de financement, de stimuler la production locale et d’améliorer les infrastructures rurales. Ils ont également souligné la nécessité de permettre aux agriculteurs d’accéder aux instruments financiers et aux ressources suffisantes, aux innovations, aux technologies et aux marchés. Ils ont également noté le rôle vital de l’engagement du secteur privé et des partenariats public-privé dans la réalisation d’une transformation efficace des systèmes agroalimentaires.
« Le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de l’action. Si nous voulons vraiment libérer les populations de la faim et de la pauvreté, il nous faut des investissements et pas seulement de l’assistance humanitaire », a déclaré Alvaro Lario, président du FIDA (Fonds international de développement agricole),
« Et ces investissements doivent être fortement axés sur des politiques rurales favorables aux plus pauvres », a-t-il ajouté. Selon lui, avec des engagements financiers fermes et la volonté politique on peut enrayer les tendances actuelles et construire la sécurité alimentaire de demain.
Voilà qui faisait écho aux propos du secrétaire général des Nations unies, António Guterres : « Dans un monde d’abondance, il est scandaleux qu’on puisse continuer de souffrir de la faim et d’en mourir. Affamer les systèmes alimentaires en n’y investissant pas signifie, littéralement, affamer les gens. »
La vision mondiale qui se dessine actuellement serait de créer une nouvelle architecture financière en matière alimentaire dans laquelle les États, le secteur privé et les partenaires de développement mobiliseraient jusqu’à 400 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. Voilà qui représente bien moins que « le coût de l’inaction », que l’on estime à 12 000 milliards $, par an en incluant les dommages environnementaux, sociaux et économiques sur les populations, les familles, les moyens d’existence et les vies humaines.
« Les systèmes alimentaires d’aujourd’hui ont échoué à mettre à la portée de tous des régimes alimentaires équilibrés à un prix abordable. Nous devons construire un monde où des aliments sains et nutritifs sont disponibles à un prix abordable pour tous, partout. Si nous n’agissons pas maintenant, les objectifs de développement durable et les objectifs climatiques resteront totalement hors de portée », a prévenu Alvaro Lario.
« Nous devons augmenter massivement les investissements dans le développement rural et les systèmes alimentaires afin d’aider les petits exploitants agricoles à produire plus de nourriture et des aliments plus diversifiés, à accéder aux marchés, aux chaînes de valeur et aux technologies, et à s’adapter aux changements climatiques », a ajouté le dirigeant du FIDA.
@NA