OCP envisage de « solides performances » en 2023

Après une année 2022 exceptionnelle, le groupe marocain prévoit une nouvelle progression de ses activités, à la faveur d’une hausse de la demande, et de ses résultats, permises par une baisse des prix de ses produits et de leurs intrants. OCP précise ses ambitions à horizon 2027.
Le groupe OCP a enregistré une performance opérationnelle et financière exceptionnelle en 2022. Une année, il est vrai, marquée par une très forte hausse des prix de ses produits, dans toutes les catégories, une tendance un peu moins marquée au quatrième trimestre. Parallèlement, le « leader marocain des phosphates » a poursuivi ses efforts d’optimisation de ses coûts de production. Ce qui se traduit par une marge opérationnelle (Ebitda) confortable, de 44%. « OCP se positionne en tête de l’industrie, reflétant ses principaux atouts concurrentiels, à savoir sa flexibilité industrielle, son agilité commerciale et ses actions continues pour maintenir son leadership en termes de coûts », triomphe la communication financière.
Le programme d’approvisionnement en engrais à destination des agriculteurs comprendra un volet dédié à la formation et au renforcement de capacités en partenariat avec des acteurs africains.
Au cours de l’année 2022, reconnaît-elle, les prix des engrais phosphatés ont atteint des niveaux « exceptionnellement élevés », alimentés par un certain nombre de facteurs clés. Parmi ceux-ci figurent les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les restrictions à l’exportation et la hausse des coûts des intrants. Face à ces défis, OCP a tiré bénéfice de cette tendance haussière, tout en ajustant sa production pour s’adapter à la demande. Ce qui a permis à l’entreprise de faire face à la baisse, anticipée, des prix au second semestre de l’année. En effet, à partir du troisième trimestre, les prix des engrais phosphatés ont enregistré une baisse progressive, reflétant une baisse de la demande suite à la dégradation de la santé financière des agriculteurs.

On ne s’étonnera donc pas du bond de 36% du chiffre d’affaires annuel (une donnée publiée fin février), à 11,574 milliards de dirhams (1,05 milliard d’euros). L’activité a progressé de 44% dans le secteur des engrais, qui compte pour 64% du chiffre d’affaires total, un record, contre 61% en 2021 « Forts de notre engagement envers la diversification géographique de notre clientèle, nous avons axé nos ventes sur des marchés à forte demande tels que l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique. Cette stratégie a été couronnée de succès, témoignant de la solide position de notre entreprise sur ces marchés en expansion, ainsi que de notre capacité à nous adapter aux besoins de notre clientèle. »
Des objectifs chiffrés à horizon 2027
Le groupe a lancé récemment la seconde phase de son programme d’investissements, « qui vise à soutenir la compétitivité et l’efficacité opérationnelle, à travers des projets d’expansion de capacité et des investissements en développement durable ciblés, autour de l’énergie solaire, de l’eau et de l’ammoniac vert », précise le PDG Mostafa Terrab.
L’investissement repose sur l’augmentation des capacités minières et de production d’engrais, tout en s’engageant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Ce programme d’investissement vise à augmenter la capacité de production de 12 millions de tonnes d’engrais actuellement à 20 millions de tonnes à horizon 2027 et prévoit une extension des capacités minières via l’ouverture d’une nouvelle mine à Meskala ainsi que l’installation d’un nouveau complexe de production d’engrais à Mzinda.
L’an passé, les dépenses d’investissements avaient déjà totalisé 20 milliards de dirhams, contre 13,1 milliards en 2021.
Enfin, le groupe précise ses objectifs à horizon 2027 : Dans l’ammoniac vert, une production d’un million de tonnes ; la production de 5 gigawatts d’énergie propre d’ici 2027 ; dans le dessalement d’eau de mer, atteindre une capacité de 560 millions de m3, dont 110 millions de m3 devraient être réalisés en 2023 grâce à la mise en service de plusieurs nouvelles stations de dessalement. ; atteindre un volume de 20 000 tonnes de fluor et de 30 000 tonnes de produits intermédiaires pour les batteries lithium-fer-phosphate.
OCP prévoit des conditions de marché à l’équilibre en 2023, grâce à une reprise de la demande en Amérique et en Afrique, et des niveaux d’importation stables en Inde, compensés par une hausse des exportations chinoises. OCP déploiera progressivement ses capacités de production de TSP (triple super phosphate), en fonction de l’évolution la demande, mais ne prévoit pas, pour l’heure, d’augmenter significativement ses capacités de production.
Appui aux agriculteurs africains
Les coûts des intrants devraient diminuer par rapport aux niveaux de 2022, avec une baisse continue des prix de l’ammoniac, simultanément à celle de l’urée et du gaz naturel, tandis que les prix du soufre devraient rester corrélés à la demande d’engrais et aux usages industriels.
Dans ce contexte, OCP envisage de « solides performances » en 2023, soutenues par une meilleure accessibilité des engrais pour les agriculteurs du fait de la baisse des prix, et par une amélioration des marges portée par la diminution des coûts des intrants.
D’autre part, tel qu’annoncé plus récemment, OCP s’engage à dédier plus de 4 millions de tonnes d’engrais en faveur des agriculteurs africains en 2023. Ce programme d’approvisionnement en engrais comprendra un volet dédié à la formation et au renforcement de capacités en partenariat avec des acteurs locaux, en phase avec l’approche du groupe, centrée sur le fermier. Cette allocation permettra de garantir que les bons engrais soient disponibles pour l’ensemble du continent, en vue de stimuler les rendements pour 44 millions d’agriculteurs dans 35 pays.
@AB