L’« énorme potentiel » des pièces détachées

Une note de la société de conseil allemande Africon indique une forte demande des pays occidentaux en pièces détachées automobile, un marché qui intéresse divers producteurs africains, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
La société de conseil Africon publie une courte étude riche d’enseignements sur le marché secondaire automobile en Côte d’Ivoire et au Ghana. Parmi les données, on trouve des détails sur l’augmentation des véhicules importés ainsi qu’un marché des pièces détachées en pleine croissance dans les deux pays, ce qui leur confère une importance croissante sur le marché secondaire de l’automobile en Afrique.
Ce document est publié quelques semaines après la signature d’un mémorandum d’entente entre le gouvernement ivoirien et l’Association africaine des constructeurs automobiles. Les deux parties veulent rédiger leur « livre blanc » destiné à promouvoir les industries d’assemblage automobile ainsi que la fabrication des pièces de rechange et composants automobiles.
Si le Ghana et la Côte d’Ivoire sont des marchés plus petits que les poids lourds africains que sont l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ils recèlent « un énorme potentiel ».
Les importations totales de véhicules dans les deux pays ont explosé au cours des six dernières années, la valeur des véhicules légers en Côte d’Ivoire ayant plus que doublé et celle des véhicules lourds ayant presque doublé depuis 2016.
Au Ghana, la croissance a été légèrement plus lente, mais les chiffres restent impressionnants avec une moyenne annuelle de +11 % pour les véhicules légers et +10 % pour les véhicules lourds. Pour ces deux pays, la majeure partie de l’offre totale provenait des États-Unis, des Émirats arabes unis et de l’Europe.
De même, en Côte d’Ivoire, malgré l’impact économique de la crise sanitaire, la croissance du marché des véhicules légers neufs du pays au cours des dernières années a été soutenue, le volume passant de 7 500 unités en 2012 à plus de 10 000 unités, le marché progressant de manière régulière sur la période. Au total, on compte environ 800 000 véhicules en circulation dans le pays (sans compter les remorques et les véhicules à deux ou trois roues), alors que le Ghana en compte environ 1,2 million.
« Les marchés des pièces détachées connaissent une croissance égale pour les deux pays », précise le document. « Alors que le marché ghanéen des pièces détachées est environ deux fois plus important que celui de son voisin francophone, la Côte d’Ivoire rattrape rapidement son retard. »
Quelques défis logistiques
Africon estime qu’avec des tailles de marché croissantes, les deux pays sont susceptibles d’être le point de mire des fabricants de pièces, tandis que la tendanAce est à la localisation de l’infrastructure. Alors que jusqu’à présent, seuls quelques fabricants de pièces détachées mondiaux ont leur propre personnel et leurs propres structures dans la région, ils devraient et vont se rapprocher de leurs clients à cet égard. En l’état actuel des choses, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont une structure de distribution très similaire, les fabricants de pièces détachées mondiaux s’approvisionnant par le biais de sociétés de commerce international souvent basées aux Émirats arabes unis ou en Europe.
Le commerce électronique joue jusqu’à présent un rôle plutôt limité dans les deux pays, poursuit l’étude. Les plateformes en ligne étrangères sont parfois utilisées pour importer des pièces, notamment en raison d’une plus grande confiance dans les sources étrangères. Pour la revente dans les pays, la grande majorité des acheteurs préfèrent « voir et toucher » les produits avant de passer commande. En outre, les défis logistiques à relever pour mettre en place des systèmes de commerce électronique fiables n’ont pas encore été résolus. Néanmoins, de nombreuses parties prenantes croient en des solutions futures à ces défis et sont de plus en plus désireuses d’explorer les opportunités dans l’espace numérique en Afrique.
L’e-mobilité se heurte à des obstacles importants tels que le manque d’infrastructures de recharge et une alimentation électrique insuffisante. Bien que des cas d’utilisation spécifiques puissent permettre de contourner ces difficultés, il est peu probable qu’une grande partie du parc automobile passe aux technologies de propulsion électrique à moyen terme.
Services en ligne
« Si, jusqu’à présent, seuls quelques fabricants mondiaux de pièces détachées disposent de leur propre personnel et de leurs propres structures dans la région, ils devraient et vont se rapprocher de leurs clients à cet égard », poursuit le document. « L’importance des ventes de pièces détachées en ligne et d’autres services automobiles numériques (réparation et entretien, assurance, covoiturage, etc.) pourrait bien s’accroître afin d’améliorer considérablement la commodité pour les conducteurs et les propriétaires de véhicules locaux. Pour s’assurer un pied dans ces futurs marchés prometteurs, les entreprises locales et mondiales devraient utiliser les avantages des pionniers. »
On le voit, l’importance de la vente de pièces détachées en ligne et d’autres services automobiles numériques (réparation et entretien, assurance, covoiturage, etc.) pourrait augmenter afin de répondre davantage aux besoins des conducteurs et des propriétaires de véhicules.
À plus long terme, la valeur ajoutée locale pour la vente aux marchés secondaires et éventuellement aux opérations locales d’assemblage de véhicules pourrait devenir plus importante, considère Africon.
À noter que ces problématiques seront discutées lors du salon annuel Automechanika qui se déroule cette année du 22 au 24 novembre à Dubaï.
@AB