Investir dans les engrais pour transformer l’agriculture

Sans stratégie, les engrais peuvent rapidement passer d’une promesse de restauration des sols à une cause de détérioration, jugent les dirigeants ouest-africains qui ont décidé d’accorder leur vision.
Les chefs d’État et les ministres d’Afrique de l’Ouest ont affirmé leur engagement à accélérer les investissements et les réformes pour rendre les engrais plus accessibles et plus abordables. Ce, lors d’une table ronde de haut niveau organisée conjointement, fin mai 2023, par le gouvernement togolais, la Banque mondiale et la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Cette table ronde réunissait des dirigeants africains, des spécialistes des questions agricoles et des groupes privés comme le marocain OCP.
Au cours de la réunion, les différentes parties se sont engagées à faire état des progrès réalisés concernant ces objectifs, dans les mois à venir.
Une feuille de route sur la santé des sols a été approuvée par les délégations nationales, réunissant le président Faure Gnassingbé (Togo), Mohamed Bazoum (Niger), le président Umaro Sissoco Embalo (Guinée Bissau) ainsi que les ministres de l’agriculture et des finances.
« Sans vision, sans stratégie, les engrais peuvent rapidement passer d’une promesse de restauration des sols à une cause de détérioration », a déclaré Faure Gnassingbé. « Pour trouver un juste équilibre, la planification et l’implication de l’État sont essentielles. Je soutiens donc une approche régionale. Comme l’illustre la feuille de route présentée, notre vision doit d’abord être sous-régionale ».
Au cours de l’événement, les chefs d’entreprise et les partenaires de développement d’Afrique de l’Ouest ont réaffirmé leur engagement en faveur du développement d’une approche innovante et intégrée de la gestion durable de la fertilité des sols.
« Avec les pays membres de la CEDEAO et les partenaires de développement, la Banque mondiale s’est engagée à accroître son soutien financier et technique à une agriculture résiliente qui promeut le développement durable et crée des emplois », a commenté de son côté Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale. Laquelle « travaille avec les institutions africaines pour promouvoir la santé des sols et lutter contre l’insécurité alimentaire ».
Une feuille de route commune
La Banque mondiale a d’ailleurs dégagé une enveloppe supplémentaire de 1,5 milliard de dollars d’ici 2024, qui s’ajoutent aux 4 milliards de dollars déjà engagés et en cours de mise en œuvre. Il s’agit notamment de continuer à soutenir les réformes nécessaires pour améliorer la santé des sols et renforcer le secteur des engrais en termes de gestion des subventions, de contrôle de la qualité et de traçabilité par le biais d’opérations d’élaboration de politiques et de projets de production d’engrais verts. Les Pays-Bas ont également promis 100 millions d’euros pour soutenir le secteur en Afrique de l’Ouest au cours de la prochaine décennie.
« Par l’adoption d’une feuille de route commune, les pays de la CEDEAO s’engagent à améliorer l’accès aux engrais minéraux et organiques pour les petits exploitants agricoles, en mettant l’accent sur les cultures qui assurent la sécurité et la souveraineté alimentaires des populations et sur la mise en œuvre des actions prioritaires », a souligné Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO.
Dans un appel à renforcer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires, les dirigeants régionaux ont approuvé une déclaration couvrant une série d’objectifs et de mesures concrètes.
Tripler la consommation d’engrais et doubler la production agricole d’ici à 2035 en adoptant une approche intégrée de la gestion des terres et de la restauration de la santé des sols.
Améliorer d’urgence l’accès aux engrais minéraux et organiques pour les petits exploitants agricoles, en mettant l’accent sur les cultures résistantes au climat afin d’assurer la sécurité alimentaire des populations.
Stimuler les investissements
Adopter des mesures politiques pour faciliter l’accès et l’utilisation des engrais en éliminant les droits de douane et les taxes, en promouvant la transparence et en développant les capacités de contrôle de la qualité et de la traçabilité par la création du Comité de contrôle de la qualité des engrais en Afrique de l’Ouest.
Renforcer les systèmes de recherche et de développement sur la gestion durable des terres, y compris l’adoption de nouvelles technologies.
Stimuler les investissements dans les infrastructures de transport, d’expédition et de stockage, et mettre en place des mécanismes de financement et de partage des risques pour les fabricants et les distributeurs d’intrants dans la région, avec le soutien des différentes institutions du développement.
Renforcer la collaboration régionale pour améliorer la production, l’approvisionnement et la distribution d’engrais organiques et minéraux dans l’espace communautaire en pensant à l’opérationnalisation du Mécanisme africain de financement du développement des engrais.
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@AB