Imbroglio autour du lancement de Nigeria Air

Le rêve du Nigeria de se doter d’une compagnie aérienne nationale s’est effondré, les législateurs qualifiant de « fraude » le lancement de Nigeria Air, le 26 mai 2023.
La Chambre des représentants du Nigeria a qualifié de « fraude » le lancement de la nouvelle compagnie aérienne nationale Nigeria Air, mardi 6 juin 2023, après que les principales parties prenantes à l’opération – le gouvernement fédéral et Ethiopian Airlines – ont nié avoir eu connaissance du lancement.
Lors d’une audience d’investigation avec les opérateurs aériens du Nigeria et les représentants du ministère de l’Aviation, la commission a ordonné au ministère et à ses partenaires dans le projet de « suspendre immédiatement les opérations de vol ».
Ethiopian Airlines détient une participation de 49 % dans Nigeria Air, tandis que le Fonds souverain nigérian détient 46 % et le gouvernement fédéral nigérian les 5 % restants. Son capital initial est de 300 millions de dollars.
Au cours de l’audience, l’ancien ministre de l’Aviation, Hadi Sirika, a affirmé que Nigeria Air n’avait été que dévoilé et non lancé lors d’une cérémonie le 26 mai. Lors de la présentation de l’avion, Hadi Sirika aurait déclaré que la compagnie aérienne devrait commencer ses opérations dans un mois.
L’avion utilisé pour l’inauguration était également un vol affrété, a reconnu le directeur général par intérim de Nigeria Air, le capitaine Dapo Olumide, alors qu’il était interrogé par les législateurs.
Cette mascarade était intervenue quelques jours avant la fin de l’administration de l’ancien président Muhammadu Buhari, qui s’était engagé à ressusciter une compagnie aérienne nationale lors de sa campagne électorale de 2015.
« Le projet Nigeria Air a été entouré de secret au point qu’il a été frauduleusement présenté comme un nouveau transporteur national, contrairement à la décision de justice en vigueur et aux règles internationales qui régissent strictement l’exploitation des compagnies aériennes. C’est un véritable embarras pour la commission », a déclaré le sénateur Bala Nallah, membre de la commission sénatoriale de l’aviation.
Pourtant, le lancement a eu lieu malgré une injonction des opérateurs nationaux, regroupés sous la structure Airline Operators of Nigeria, interdisant au directeur général de la Nigeria Aviation Authority de délivrer un certificat d’opérateur aérien au nouveau transporteur.
Et 72 heures après le lancement, pas un seul site web d’achat de billets, d’itinéraires, d’annonces de recrutement ou d’avions n’attestait de l’existence de la compagnie, à l’exception d’un avion d’Ethiopian Airlines repeint et vieux de onze ans !
Un atterrissage en catastrophe
Après de nombreuses tentatives infructueuses pour lancer une compagnie aérienne rentable, le gouvernement nigérian a fait appel à la plus grande compagnie aérienne d’Afrique, Ethiopian Airlines, pour l’aider à faire décoller son nouveau transporteur national.
La création d’une compagnie aérienne nationale était l’une des promesses de campagne de Buhari lorsqu’il a remporté la présidence en 2015 et il tient à ce que cette promesse soit mise en œuvre avant qu’il ne quitte ses fonctions en mai 2023.

Nigeria Air a été dévoilé pour la première fois au salon aéronautique de Farnborough au Royaume-Uni en 2018. En quelques mois, le projet a été suspendu, les critiques ayant soulevé des inquiétudes quant à sa pertinence, sa durabilité et son poids sur le budget du gouvernement, avec des coûts de démarrage estimés à plus de 300 millions de dollars sur trois ans.
Ethiopian Airlines détient une participation de 49 % dans Nigeria Air, tandis que le Fonds souverain nigérian détient 46 % et le gouvernement fédéral nigérian les 5 % restants. Avec un capital initial de 300 millions $, et des plans pour détenir trente avions dans les quatre ans, Nigeria Air a promis de lancer un service entre Abuja et Lagos et d’ajouter d’autres routes plus tard.
Résultat, constatent ce 8 juin les agences nigérianes, les doutes concernant Nigeria Air continuent de s’accumuler, car son site Web de réservations redirige les clients vers une autre plateforme de réservations en ligne !
« La meilleure réponse institutionnelle à donner dans ces circonstances est que le gouvernement crée une enquête publique indépendante et faisant autorité qui permettra à tous ceux qui ont des problèmes et des questions sur le projet Nigeria Air de faire part de leurs préoccupations, aux personnes impliquées dans le projet de répondre sans crainte ni intimidation et à tous les Nigérians intéressés de savoir ce qui s’est réellement passé et ce qu’il faut attendre du projet », juge Anthony Kila, analyste politique. Qui considère que Nigeria Air est « morte et enterrée ».
SK, avec AD
@AB