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African Business

Greenpeace alerte des dangers de la pêche illicite

Greenpeace alerte des dangers de la pêche illicite
  • Publiémars 7, 2023

L’ONG exhorte les pays ouest-africains à mettre fin à la surpêche dans le golfe de Guinée, en renforçant la surveillance des eaux contre la pêche illégale et à ne pas livrer d’autorisations aux chalutiers battant pavillon russe ou chinois.

 

Quelques semaines après avoir alerté le Sénégal de la présence « suspecte » d’un chalutier-usine dans ses eaux, Greenpeace Afrique appelle au renforcement de la surveillance en Afrique de l’Ouest. L’ONG exhorte des gouvernements à la protection des ressources halieutiques contre toute forme de pêche illégale, non déclarée et non réglementée. 

L’ONG signale que le même navire, Vasiliy Filippov (photo), continue de sévir, en dépit de ses avertissements. Ce que semble confirmer le site spécialisé de surveillance des navires Vesselfinder ; le Vasiliy Filippov se trouverait au large de Saint-Louis.

« Le secteur de la pêche mérite beaucoup plus d’attention de la part des autorités. Sa gestion durable et transparente doit être au cœur des politiques publiques des États de l’Afrique de l’Ouest. »

Immatriculé en Russie et appartenant à une société namibienne pour le compte de la société islandaise Samherji, « il a poursuivi ses opérations dans les eaux bissau-guinéennes et mauritaniennes », juge l’Organisation. « La présence de ce bateau dans un pays de la région représente une menace pour tous ces pays  qui partagent les mêmes stocks de poissons. »

La pêche illégale sape l’économie régionale et coûte aux États des milliards de dollars de revenus perdus. La Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée et la Sierra Leone perdent 2,3 milliards $ par an à cause de la pêche illégale, signalait déjà un rapport de Frontiers in Marine Science de 2017.

Pour répondre à ces défis, commente Greenpeace, « les États doivent impérativement conjuguer leurs efforts pour mettre un terme à toute forme de pêche INN ». Ce sigle désigne toute forme de pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

D’où la nécessité, estime l’organisation, de mettre en application toute initiative de  transparence dans le secteur de la pêche, la réduction de la surcapacité et le renforcement de la surveillance des eaux. L’exécution de ces mesures de bonne gouvernance permettra d’éviter l’épuisement des stocks de poissons, la dégradation des habitats marins, mais aussi la destruction de tout un écosystème vital pour l’économie et la souveraineté alimentaire de la région.

 

Ce ne sont pas des bateaux pirates

« Aujourd’hui, la majeure partie des stocks de poissons dans la région est surexploitée. La présence des navires étrangers aggrave cette situation et contribue à mettre en péril les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des populations. Les pêcheurs s’endettent et s’exposent de plus en plus à une situation sociale précaire du fait de la présence de ces concurrents», commente Aliou Ba, responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique. « Les États gagneraient plus à investir dans la gestion durable des ressources plutôt qu’à les brader aux navires industriels étrangers. » 

Le secteur de la pêche est d’une importance stratégique pour l’Afrique de l’Ouest. Toutes les dispositions devraient être prises pour une surveillance efficace des côtes ouest-africaines afin de permettre au secteur de continuer à jouer pleinement son rôle dans la sécurité alimentaire et la stabilité socio-économique. « À ce titre, il mérite beaucoup plus d’attention de la part des autorités. Sa gestion durable et transparente doit être au cœur des politiques publiques des États de l’Afrique de l’Ouest », poursuit Aliou Ba. À noter que sur son blog, le responsable de Greenpeace accuse la Gambie et le Sénégal d’attribuer des autorisations de pêche à des bateaux russes qui, dès lors, « ne sont pas des bateaux pirates ». Il avait dénoncé pareille complaisance à l’égard de bateaux chinois, par le passé.

Hasard du calendrier, tandis que Greenpeace alertait les autorités sénégalaises de l’intrusion d’un navire russe, la Marine nationale française faisait état de sa participation à la première patrouille opérationnelle African Nemo. Ce, aux côtés des marines du Cap-Vert, de la Gambie et du Sénégal. Cette opération conjointe de lutte contre l’insécurité maritime – des patrouilles aériennes – avait pour but de déceler et dissuader les activités de pêche « INN » dans le golfe de Guinée.

Cet appel de Greenpeace intervient alors que les Nations unies mènent d’âpres négociations en vue de la protection des fonds marins en haute mer, c’est-à-dire hors des juridictions nationales. Le 2 mars, l’ONU a publié un projet de résolution appelant à la création d’un cadre juridiquement contraignant et la création d’un organisme chargé de le faire appliquer.

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En bref

Une nouvelle directrice exécutive

 

Spécialiste du Développement, née au Mali, Oulie Keita a été nommée directrice exécutive de Greenpeace Afrique. Oulie Keita « rejoint l’organisation dans un contexte où de multiples injustices environnementales continuent de sévir sur le continent, notamment la déforestation dans le bassin du Congo, la surpêche en Afrique de l’Ouest, la dépendance aux combustibles fossiles en Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est qui est encouragée à se tourner vers  l’agriculture écologique », commente Greenpeace. Des défis que devra relever Oulie Keita, du haut de ses vingt années d’expérience en matière de développement international.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

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