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African Business

Énergie : la réussite des ambitions passe par d’importants investissements

Énergie : la réussite des ambitions passe par d’importants investissements
  • Publiéfévrier 25, 2023

Face aux besoins de l’Europe, en particulier, l’Afrique offre une diversification des ressources, y compris renouvelables, et des sources d’approvisionnement. Les investissements doivent suivre cette ambition.

 

Les pays africains comme le Sénégal s’affirment dans la nouvelle configuration mondiale du secteur de l’énergie. Suivant son plan REPowerEU, l’Union européenne importera 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici à 2030, en vue d’accélérer l’adoption de l’hydrogène renouvelable, de l’ammoniac et d’autres dérivés dans les secteurs fortement industrialisés, notamment l’aviation, le transport maritime et la fabrication.

De son côté, le Sénégal s’est vite présenté comme un pionnier en Afrique de l’Ouest, en proposant un bouquet énergétique diversifié, donnant la priorité au développement simultané des combustibles fossiles et des ressources renouvelables.

« On a beaucoup parlé d’hydrogène vert en Afrique, mais pas assez d’investissements. La plupart des Africains, et leurs partenaires, en ont assez des paroles creuses. C’est le moment de faire avancer la technologie ».

Le pays a actuellement deux mégaprojets offshore en cours de développement. D’un côté l’extension du champ Sangomar, d’une capacité de 100 000 barils par jour, et d’un autre côté, le prometteur projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), d’une capacité de 10 millions de tonnes par an. Ces deux chantiers devraient tous deux produire leur premier pétrole et leur premier gaz dans le courant de l’année. Parallèlement, le Sénégal abrite l’une des plus grandes centrales solaires d’Afrique de l’Ouest – Senergy 2 (20 MW) – et le plus grand parc éolien de la région – Taiba N’diaye (159 MW).

Le GNL (gaz naturel liquéfié) jouera un rôle essentiel dans la transition vers des sources d’énergie plus propres. « Actuellement, le GNL est la deuxième source d’énergie dont la croissance est la plus rapide dans le monde. D’ici 2030, la demande mondiale de GNL augmentera de 50 % pour atteindre 550 millions de tonnes par an », affirme Mamadou Fall Kane (photo), secrétaire permanent adjoint de COS Petrogaz.

Ce responsable s’exprimait, le 23 février 2023, lors de la rencontre réception Invest in African Energy à Francfort, en Allemagne, organisée par la Chambre africaine de l’énergie (AEC). Il a eu l’occasion de « vendre » les solutions apportées par son pays, – et par l’Afrique –, à un parterre de professionnels européens.

 

Diversifier les sources

« L’Afrique s’est également engagée à libérer son potentiel renouvelable. Au Sénégal, 32 % de notre capacité électrique installée est constituée d’énergie solaire et éolienne. L’Afrique n’est pas à la traîne en matière d’énergies renouvelables. En fait, le continent possède 60 % du potentiel mondial d’énergie solaire. Qu’est-ce que cela signifie ? Que l’Afrique a un rôle important à jouer dans le développement des énergies nouvelles. »

Pour sa part, en tant que première économie européenne, l’Allemagne cherche de toute urgence à s’approvisionner en énergies alternatives et à réduire sa dépendance aux importations de gaz russe, qui représentaient auparavant plus de la moitié de sa consommation de gaz. Selon Mamadou Fall Kane, le Sénégal représente un partenaire commercial pétrolier et gazier très prometteur pour aider les économies européennes à assurer leur sécurité énergétique, tout en réalisant des gains en matière d’énergie propre. On estime que le Sénégal détient environ 910 milliards de mètres cubes de gaz naturel, auxquels s’ajoute une grande proximité géographique avec les marchés européens.

D’ici à 2030, nous prévoyons 148 millions de tonnes par an de nouvelles capacités, les États-Unis étant en tête de cet approvisionnement avec 65 % des parts de marché, suivis par le Qatar. L’ « Afrique doit monétiser ses ressources de gaz associé non exploitées. Pour cela, nous avons besoin d’investissements très importants. Pas seulement au Sénégal, mais dans tous les actifs gaziers échoués, sachez que le GNL est une source d’énergie importante pour atteindre notre objectif de zéro carbone net pour 2050 », a expliqué Mamadou Fall Kane.

Alors que la première production de gaz du Sénégal est actuellement commercialisée pour l’Asie, les gouvernements du Sénégal et de la Mauritanie ont tous deux indiqué leur intention d’exporter du GNL vers l’Allemagne dans un avenir proche, la deuxième phase du développement de la GTA étant prévue pour 2024-2025. Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, l’Afrique pourrait remplacer jusqu’à un cinquième des exportations de gaz russe vers l’Europe d’ici 2030, ce qui créerait des opportunités supplémentaires dans l’exploration, la production, le transport, la distribution et les services associés du gaz naturel.

NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l'énergie.
NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.

Des plans visant à accélérer l’importation de GNL sont déjà en cours en Allemagne. En décembre dernier, le pays a inauguré son premier terminal GNL – qui devrait répondre à environ 6 % de sa demande énergétique intérieure – et des projets d’infrastructures de gazoducs supplémentaires sont en cours. Ces projets comprennent la location à court terme de cinq unités flottantes de stockage et de regazéification et l’installation d’un ou deux terminaux terrestres.

« La pauvreté énergétique et le changement climatique sont les deux faces d’une même médaille. Les pays développés comme l’Allemagne doivent se décarboniser ; l’Afrique doit s’industrialiser », a déclaré NJ Ayuk, président exécutif de l’AEC, au cours de cette même réunion de Francfort.

« Qu’il s’agisse du pétrole, du gaz naturel, de l’hydrogène, du charbon ou des énergies renouvelables, nous croyons au mix énergétique. L’ESG ne doit pas seulement commencer par « l’environnement » et s’arrêter là. La façon dont nous abordons le « social » et la « gouvernance » est ce qui transformera l’Afrique et apportera des bénéfices aux entreprises. »

L’hydrogène vert est apparu comme une voie essentielle pour le renforcement du commerce et des investissements bilatéraux entre l’Afrique et l’Europe. Grâce à ses abondantes ressources solaires, hydroélectriques, éoliennes et de biomasse, associées à la baisse des coûts des électrolyseurs et des technologies associées, le continent africain pourrait représenter jusqu’à 10 % du marché mondial de l’hydrogène d’ici 2050, avec des hubs déjà identifiés en Mauritanie, au Maroc, en Égypte et dans toute la région de l’Afrique australe.

Toutefois cela reste subordonné à la capacité du continent à attirer les capitaux et les investissements technologiques nécessaires. En débloquant un peu plus de 1 100 milliards de dollars de nouveaux investissements dans des projets liés à l’hydrogène d’ici à 2050, l’Afrique pourrait produire jusqu’à 60 millions de tonnes d’hydrogène vert, à un coût inférieur à celui d’autres régions, ce qui permettrait de stimuler l’électrification et l’expansion économique.

« On a beaucoup parlé d’hydrogène vert en Afrique, mais pas assez d’investissements. La plupart des Africains, et leurs partenaires, en ont assez des paroles creuses. Si vous voulez atteindre vos objectifs climatiques, vous ne pouvez pas le faire avec 600 millions d’Africains sans accès à l’électricité », a néanmoins déploré NJ Ayuk. Selon qui « c’est le moment de faire avancer la technologie ».

@AB

 

 

Écrit par
Paule Fax

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