Énergie : Cap sur les énergies renouvelables

Éolien, géothermie, solaire… la multiplication des chantiers destinés à valoriser le potentiel de Djibouti en matière d’énergies renouvelables doit, à terme, lui permettre d’en exporter. Un pari audacieux ?
Par Dounia Ben Mohamed
La facture d’électricité. C’est le sujet qui revient dans tous les échanges à Djibouti, avec les responsables publics comme les privés, ainsi que les particuliers. Le pays souffre d’une pénurie énergétique ; si 60% de la population, en moyenne, a accès à l’électricité, celle-ci n’atteint pas 30% des habitants des zones rurales. De plus, le déficit de production est en partie compensé par son voisin éthiopien qui fournit 80% de l’énergie consommée à Djibouti.
C’est dans son sous-sol aride que se trouve le cœur énergétique de Djibouti. Toutes les études le confirment, le potentiel du pays en matière de géothermie est énorme, estimé à milliers de mégawatts par an… non tarissable !
Alors que les autorités affichent de nouvelles ambitions avec la croissance démographique, les besoins du pays augmentent, voire explosent, ils sont estimés à plus de 1 000 mégawatts. Pour une offre, assurée par ses centrales thermiques, qui ne dépasse pas les 100 MW.
« Du tout fossile » au 100% d’énergie verte
Et pourtant, ce petit bout de terre manifestement doté par mère nature de nombreuses richesses, jouit d’un potentiel important en matière d’énergie renouvelable. À ce titre, le gouvernement a engagé le pays dans une transition énergétique qui prévoit de passer « du tout fossile » au 100% d’énergie verte au cours de la prochaine décennie. Éolien, géothermie, solaire… Et les premiers projets, ambitieux, apparaissent.
Dans l’éolien en premier lieu. En février 2020, le pays annonçait le lancement de la construction du parc éolien de Ghoubet, situé dans la région d’Arta, le long de la frontière avec la région de Tadjourah, près du lac Assal. Doté d’une capacité de 60 MW, il sera composé d’une quinzaine d’éoliennes, chacune d’une capacité maximale de 4,8 MW, sur une superficie de 395 hectares. Un projet qui a pu démarrer avec le bouclage du financement, qui a mobilisé un investissement de 63 millions de dollars dans la construction et l’exploitation du parc.
Le financement a été assuré par le Consortium Africa Finance Corporation, Climate Fund Managers (CFM), la Société néerlandaise de financement du développement (FMO) et Great Horn Investment Holdings (GHIH). D’autres investisseurs sont représentés au sein de la société du projet Red Sea Power SAS ainsi que par la holding Djibouti Wind LP.
L’électricité produite dans le parc éolien de Ghoubet sera vendue par le consortium à Électricité de Djibouti (EdD), la société nationale de production d’électricité, pour une période de 25 ans. Siemens Gamesa a été choisie pour la construction des éoliennes du parc. La nouvelle installation s’inscrit dans le cadre d’un programme national de développement des énergies renouvelables en pleine expansion.
Réduction des émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030
« Elle permettra de fournir une énergie propre, de diminuer le coût de l’électricité et de permettre aux 940 000 habitants de Djibouti et à leurs industries de renforcer leur indépendance en matière d’électricité et leur développement économique », déclare l’entreprise espagnole. Laquelle prévoit la livraison de l’ouvrage en 2021. L’exploitation commerciale du parc est prévue à l’horizon 2021-2022
Inscrit dans le cadre des ambitions climatiques de Djibouti qui s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030, le parc éolien de Ghoubet revêt une importance majeure pour le développement du pays. Il doit, in fine, répondre aux besoins énergétiques du pays. D’ici là, d’autres chantiers sont lancés.
Dans le solaire notamment. Ainsi, en juin 2019, le gouvernement a confié à Engie la construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 30 MW dans la région de Grand Bara, au sud de Djibouti. Laquelle fait partie d’un projet plus vaste, d’une puissance totale de 300 MW. « Cette première centrale à grande échelle du pays sera suivie d’autres projets énergétiques en relation notamment avec l’électrification rurale », annonce dans un communiqué du ministère de l’Énergie chargé des ressources naturelles.
Au programme, figure l’implantation d’un total de 495 hydroliennes le long du littoral par la société française Blue Shark Power, pour une puissance cumulée de 120 MW. Ainsi que le projet de l’entreprise japonaise Miraisozo Inc., qui prévoit de combiner énergies solaire, éolien, géothermie, et biomasse pour une puissance totale de 500 MW d’ici dix ans.
Géothermie : des milliers de mégawatts par an…
L’État prévoit un contrat de concession pour une exploitation d’éoliennes de 60 MW, en partenariat avec l’Africa Finance Corporation. Déjà, deux mini-centrales solaires ont vu le jour : à Adaïlou, dans la région de Tadjourah (100 kilowatts photovoltaïques) mise en fonction en 2016, et à As-Eyla, dans la région de Dikhil (150 kilowatt), dans le cadre de l’électrification rurale.
C’est ailleurs que se trouve le cœur énergétique de Djibouti. Dans son sous-sol aride, plus exactement. Toutes les études le confirment, le potentiel du pays en matière de géothermie est gigantesque, estimé à milliers de mégawatts par an… non tarissable ! Un premier projet destiné à le valoriser a été lancé en juin 2018, avec un financement de la Banque mondiale (31 millions de dollars).
En attendant le méga-chantier de construction du terminal gazier de Damerjog qui prévoit une centrale électrique au gaz d’une capacité de 150 MW devant entrer en service en 2021. Ainsi que l’usine de dessalement en cours de construction par Eiffage, doublée d’une centrale électrique de 50 mégawatts. Autant de chantiers destinés à répondre aux besoins énergétiques du pays tout en l’inscrivant dans l’économie du futur.