La BAD veut sa certification EDGE

Plus de 200 entreprises, dont plusieurs banques multilatérales de développement, ont obtenu ou travaillent à l’obtention de la certification EDGE relative à l’égalité des genres au travail. La Banque africaine de développement se doit de donner l’exemple et d’obtenir ce sésame.
À son tour, la BAD (Banque africaine de développement) entame un processus de certification sur les « Dividendes économiques pour l’égalité des sexes ». Cette certification, connue mondialement sous l’acronyme EDGE, est la première à évaluer l’égalité des sexes et l’équité intersectionnelle sur le lieu de travail.
Vice-présidente de la BAD, Bajabulile Swazi Tshabalala considère que sur ces questions, l’institution a déjà accompli « des progrès notables ». Pour autant, « davantage d’améliorations doivent être apportées, l’objectif est de donner aux femmes des moyens d’agir et de mettre fin à leur sous-représentation ; la certification EDGE nous y aidera », juge-t-elle.
En 2019, les hommes représentaient 83 % du personnel de direction de la BAD. Trois ans plus tard, la proportion de femmes dans les échelons les plus élevés de l’institution est passée de 17 % à 32 %. Néanmoins, reconnaît de son côté le responsable des Ressources humaines, les statistiques de la BAD restent stables depuis 2015, en matière de parité hommes-femmes, « ce qui montre qu’un nouvel effort est nécessaire ».
Le programme de discrimination positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique (AFAWA, en anglais) permet de rétablir un équilibre, là où les hommes sont souvent privilégiés. La BAD a approuvé environ 500 millions de dollars de prêts pour plus de 2 100 femmes entrepreneures.
À la BAD, « il est de notre devoir de donner l’exemple », considère Bajabulile Swazi Tshabalala. « Les organisations qui ne parviennent pas à atteindre un juste équilibre en termes de parité des sexes se font du tort. La certification EDGE est une responsabilité commune ». La BAD se fixe comme objectif d’atteindre la parité hommes-femmes d’ici à 2025.
Lancée en 2011 lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial, la méthodologie d’évaluation et la certification EDGE sont conçues pour aider les entreprises à mettre en place un lieu de travail optimal pour les hommes et les femmes.
L’outil de la discrimination positive
Grâce à un processus rigoureux, des évaluations précises sur les rémunérations, la représentation, l’inclusivité des opportunités d’évolution de carrière, la formation et divers indicateurs d’une entreprise sont menées de manière indépendante. Au fur et à mesure qu’elles engagent des mesures efficaces et perçoivent clairement des changements, les entreprises participantes accèdent à un niveau supérieur.
Plus de 200 entreprises, dont plusieurs banques multilatérales de développement, travaillent déjà à l’obtention de la certification EDGE, ou l’ont déjà obtenue.
Mateus Magala, est vice-président chargé des Ressources humaines et des Services institutionnels de la Banque. « Nous nous employons à améliorer la parité entre les sexes à tous les niveaux au sein de la Banque grâce à la discrimination positive. » Il s’agit pour l’institution d’assumer ses responsabilités auprès de ses employés, « alors que nous nous transformons en une institution bancaire où existe l’égalité entre les sexes » et auprès des partenaires.
« Le processus de certification EDGE est en train de faire évoluer, en matière d’égalité des sexes, l’ADN de la BAD », affirme Mateus Magala. « Nous axerons nos efforts sur les initiatives de développement des capacités qui nous conduiront vers une Banque où existera l’égalité des sexes, et nous assurerons la promotion du personnel féminin qualifié. »
Cette problématique n’est bien sûr pas nouvelle pour la BAD, rappelle Beth Dunford, vice-présidente chargée de l’Agriculture et du développement humain et social. Le programme de discrimination positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique (AFAWA, en anglais) permet de rétablir un équilibre, là où les hommes sont souvent privilégiés. La BAD a approuvé environ 500 millions de dollars de prêts pour plus de 2 100 femmes entrepreneures. « Nous avons également débloqué 12,7 millions $ pour améliorer les compétences de 17 000 cheffes d’entreprises et agricultrices en matière de finance et de gestion. »
D’autres initiatives vont dans le même sens, comme le programme « Codage pour l’emploi », en matière d’accès aux outils numériques, qui compte 47% de femmes. Ce programme a d’ailleurs ouvert, le 8 mars 2022, trois nouveaux centres au Nigeria et au Kenya.
La certification EDGE commence à faire des émules en Afrique, comme le marocain OCP (lire ici). Par exemple, le groupe hôtelier Onomo, présent au Cameroun, en fait l’un des éléments de sa stratégie d’implantation en Afrique subsaharienne.
[En savoir plus sur la certification EDGE sur https://edge-cert.org/]