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Economie

Un satellite tunisien en éclaireur

Un satellite tunisien en éclaireur
  • Publiémars 24, 2021

Le lancement réussi du satellite tunisien Challenge One a permis à Kaïs Saïed de se montrer volontariste face aux demandes de formation et d’emplois de la jeunesse. Le Président en appelle à maintenir les objectifs nationaux.

Par Paule Fax

« Nous vivons un événement qui reflète l’aspiration de la Tunisie et des jeunes Tunisiens à dépasser les limites de la terre et gagner l’espace. » Le président tunisien Kaïs Saïed ne cachait pas sa satisfaction après le lancement réussi du premier satellite « 100% tunisien », le 22 mars 2021.

« Ce succès est le fruit de toute une génération de culture et de savoir ainsi que du travail d’une vingtaine d’ingénieurs tunisiens, commente le PDG de Telnet selon qui ce premier satellite n’est qu’un premier pas vers l’espace alors que d’autres suivront, dans le but de faire de la Tunisie un pôle spatial en Afrique ».

Après deux jours de reports, pour des raisons climatiques, l’appareil, baptisé « Challenge One », a quitté sans encombre le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, à bord du vaisseau russe Soyouz.

Le lancement a été transmis en direct à la salle centrale d’opération du groupe tunisien Telnet, promoteur du projet, en présence de Kaïs Saïed et du PDG du groupe, Mohamed Frikha. Le Président a justifié sa présence au siège de Telnet par sa conviction que la jeunesse est une richesse sur laquelle il faut capitaliser, dans le pays.

Petit regret, le président aurait préféré que « cet événement coïncide avec le 65e anniversaire de la Fête de l’indépendance, le 20 mars mais cela n’a pas été possible compte tenu du retard dans le lancement du satellite. »

Au-delà du symbole, ce succès, a poursuivi le président tunisien, « devrait être le prélude à d’autres défis, dont le plus important est de gagner la bataille de l’éducation, car il n’est pas possible de construire une société avancée sans une éducation moderne, ouverte et équilibrée et surtout libre de calculs et intérêts politiques ».

Le Président en est convaincu : « Le peuple tunisien et la jeunesse tunisienne sont capables de surmonter toutes les difficultés et problèmes et faire face à tous les dangers en Tunisie mais aussi dans le monde entier ; nous ne manquons de rien sauf d’une volonté nationale réelle et d’objectifs nationaux inchangeables. »

Des besoins en communication

Pour sa part, le PDG de Telnet rappelle que ce lancement réussi est « le fruit de toute une génération de culture et de savoir ainsi que du travail d’une vingtaine d’ingénieurs tunisiens ». Selon Mohamed Frikha, « ce premier satellite n’est qu’un premier pas vers l’espace alors que d’autres suivront, dans le but de faire de la Tunisie un pôle spatial en Afrique ».

Mohamed Frikha et Kaïs Saïed

Rebondissant sur les questions d’éducation, il a annoncé la création d’une école spécialisée dans les sciences de l’Espace en collaboration avec le gouvernement tunisien : « Nous avons aussi présenté une proposition au cosmodrome russe de Baikonour pour envoyer une femme tunisienne à la station spatiale ISS, qui serait la première femme arabe à visiter la station ».

Challenge One est un petit satellite qui pèse environ trois kilos – le coût d’un lancement n’est que de 8 000 à 10 000 euros le kilo. Il sera employé dans la technologie de l’Internet des objets (IOT) et permettra la transmission des données utiles aux habitants de la Terre par la connexion des objets situés sur la planète via l’espace. Pour la première fois, les ingénieurs utiliseront le protocole de communication LoRa jusque-là réservé aux réseaux terrestres. Ce qui permettra de connecter des objets existants en ne modifiant qu’une antenne de transmission.

Le satellite assurera la communication et l’échange de données entre différents équipements. Thermomètres ou capteurs de pollution, puces de localisation ou senseurs d’humidité : ce satellite expérimental récoltera les données collectées par ces appareils pour y avoir accès en temps réel, même dans une zone terrestre sans couverture Internet. Il vise à répondre au besoin croissant de connexion satellitaire, tandis que moins de 20 % de la surface de la Terre est couverte par le réseau Internet terrestre. En Afrique, cette technologie satellitaire permettra de répondre aux besoins de l’agriculture et des transports en zones isolées, notamment.

« Il s’agit du premier satellite tunisien et maghrébin et le sixième à l’échelle africaine », précise l’ingénieur Ahmed Fadhel. Qui estime : « L’évènement revêt une grande majeure, du fait qu’il va ouvrir de nouveaux horizons dans la formation des ingénieurs et des étudiants en matière de technologies de l’espace ».

D’autres lancements prévus

La plupart des ingénieurs de Telnet, formés en Tunisie, ont entre vingt-cinq et trente ans. « C’est une fierté d’avoir participé à ce projet. Travailler dans le secteur aéronautique ou aérospatial est un rêve », se réjouit Khalil Chiha, issu de l’école nationale d’électronique de Sfax. Des Tunisiens expatriés ont également travaillé à cette réussite, dont des ingénieurs passés par la Nasa.

Mohamed Frikha et Kaïs Saïed
Mohamed Frikha et Kaïs Saïed

Telnet garde la maîtrise de l’exploitation du satellite. L’entreprise souhaite lancer d’ici trois ans, en partenariat avec d’autres pays africains, une constellation d’une vingtaine de satellites afin d’exploiter commercialement cette technologie. Challenge One sert donc de test pour les générations suivantes d’appareils. « Cela ouvre la voie à l’ouverture d’un service innovant pour la région dans un domaine en pleine expansion », comment Mohamed Frikha, cité par l’AFP. L’Afrique compte une quarantaine de satellites actuellement au-dessus de nos têtes, mais peu ont été conçus et fabriqués sur le Continent.

À noter que lors du même lancement, le nanosatellite SIMBA a été mis sur son orbite. Conçu par des étudiants italiens, israéliens et kényans, ce satellite suivra les déplacements des animaux du Parc national du Kenya. Une gamme d’animaux, des oiseaux aux grands mammifères, sera équipée de capteurs pour suivre leurs migrations. Le SIMBA CubeSat est développé à l’université Sapienza de Rome.

PF

 

Écrit par
Par Paule Fax

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