Tribune : Commerce international : pour une Eximbank marocaine

Le Maroc et l’Afrique francophone manquent d’une banque spécifiquement dédiée au financement du commerce international. Une « Eximbank » viendrait compléter la panoplie des outils financiers existant et répondre aux besoins des exportateurs et des importateurs.
Par Mohamed H’Midouche, président de l’Inter Africa Capital Group
Une institution nouvelle de type « Eximbank » se justifie amplement suite à la mise en œuvre de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) qui permet d’accéder à un marché de 1,3 milliard de consommateurs, et offre de nouvelles opportunités de business.
Elle permet aux acteurs économiques de profiter de ses atouts grâce aux nouvelles technologies et aux moyens de transport de classe internationale. Autant d’atouts dont dispose le Maroc.
Sans conteste, la nouvelle configuration des échanges internationaux et l’ambition politique panafricaine et mondiale du pays, telle qu’impulsée par la vision et le leadership du roi Mohammed VI, nous interpelle. Elle nous conduit à adopter des mécanismes de financement innovants répondant aux attentes des acteurs du commerce extérieur.
Paradoxalement, au regard de cet important enjeu, aucun pays d’Afrique francophone ne dispose de cet instrument. En revanche, ce genre d’institutions existe dans certains pays anglo-saxons d’Afrique (Ghana, Nigeria, Égypte, Tanzanie, Afrique du Sud) et d’ailleurs (États-Unis, Inde, Corée du Sud, Japon, etc.).
La création de la Banque Marocaine d’Import-Export viendrait parachever l’architecture du système financier marocain et jouerait un rôle important dans la mobilisation de lignes de crédit à long terme et à des conditions très compétitives auprès des partenaires financiers du pays.
La création de la Banque Marocaine d’Import-Export constituerait un signal fort du travail de modernisation mené par le Maroc ; elle viendrait parachever l’architecture de son système financier et jouerait un rôle important dans la mobilisation de lignes de crédit à long terme et à des conditions très compétitives auprès des partenaires financiers du pays.
Pour les acteurs du commerce extérieur, une banque dédiée offrirait une large gamme de nouveaux produits et de services financiers, y compris les garanties contre les risques commerciaux et politiques dans un processus balisé et bien maîtrisé.
Le soutien possible d’Afreximbank
Pour remplir pleinement sa mission, la Banque devrait disposer d’un niveau de capital adéquat afin de jouer pleinement son rôle et d’être immédiatement opérationnelle. Son accès au marché international des capitaux lui permettrait de répondre aux attentes de sa clientèle.
En plus de sa mission de bailleur de fonds, l’Eximbank constituerait un outil privilégié pour offrir d’autres services. Je citerai le financement des études de marchés, la mise en relation avec les donneurs d’ordres, l’organisation de séminaires sur les opportunités d’affaires offertes par les marchés ciblés.
Sans oublier la mise en activité d’un système d’information commerciale et de veille, en appui aux activités d’exportation et d’importation. Cela suppose parallèlement le développement des ressources humaines liées à ses activités et d’un système de formation aux métiers répondant aux exigences du commerce extérieur.
La création d’une telle institution financière nécessiterait l’implication de toutes les parties prenantes, notamment la Banque centrale (Bank Al Maghrib) et le ministère de l’Économie et des finances. À cet égard, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pourrait fournir l’appui technique et financier nécessaire à sa création et à sa croissance.
Aujourd’hui, le contexte économique international se prête à cette initiative. Il s’agit de saisir cette opportunité et d’accélérer le pas pour la création de cette importante institution stratégique.
Mohamed H’Midouche est ancien administrateur d’Afreximbank, représentant la Banque africaine de développement. Il est vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) et CEO de Inter Africa Capital Group, une société qui accompagne les entreprises désireuses de pénétrer le marché africain.
@ABF